Le circuit court sans contraintes

Ancien directeur artistique web pour une marque à destination des enfants, Jérémie Guilbert a voulu changer de vie à la naissance de son fils. Consommer des produits sains tout en limitant son empreinte carbone : un rêve que caressent bon nombre de Français et que Jérémie Guilbert a concrétisé en septembre 2017. «J'étais déjà un consommateur responsable, mais je ne me retrouvais pas trop dans les concepts existants, notamment à cause des contraintes horaires. Passer au circuit court est une belle démarche, mais il ne faut pas la rendre contraignante», explique-t-il.

Rapidement naît l'idée d'un site Internet de plusieurs centaines de références, avec une livraison en vélos cargos équipés de remorques, dans une quinzaine de communes de la métropole lilloise. Le site de "Mes voisins producteurs" propose ainsi 550 références (et 1 200 à l'année selon les saisonnalités), pour 65% de bio, issues de 80 producteurs locaux et autour de huit rayons : fruits et légumes (uniquement bio), traiteur, frais, boulangerie, épicerie, boissons, hygiène et zéro déchet.

«Derrière chaque produit, il y a un homme et une femme rémunérés équitablement», insiste Jérémie Guilbert. Mais aussi des consommateurs éduqués à la saisonnalité. Les livraisons ont lieu à partir de 18h (les commandes sont possibles jusque minuit) – un créneau vers 16h30 est en cours d'étude –, avec des légumes ramassés le matin même chez les maraîchers. «On estime pouvoir faire gagner environ 45 minutes de temps à nos clients», ajoute Jérémie Guilbert.

Une rémunération équitable et un consommateur engagé

La période Covid a été propice pour l'entreprise : de 10 commandes par jour, elle est passée à 120 durant deux mois. Et de 40 m² d'entrepôt, à Euralimentaire, à 1 300 m² dans le quartier de Lille-Moulins, juste avant le confinement. Une aubaine mais aussi une organisation qu'il a fallu réadapter : «Pendant 15 jours, on a pris des commandes qu'on n'a pu livrer que 15 jours plus tard tant la demande était importante», se rappelle le fondateur.

Quant aux producteurs, mieux rémunérés et mis en avant sur le site, ils sortent du circuit compliqué de la grande distribution, et les consommateurs, de leur côté, s'engagent à acheter bien plus qu'un produit mais bien une façon de consommer plus responsable.

Transmettre le «bien-manger»

«Créer cette entreprise, c'est aussi ne pas laisser de traces», explique Jérémie Guilbert. Pas de CO₂ ni de déchets : depuis peu, "Mes voisins producteurs" proposent aux clients de louer un bac à compost qui sera vidé par le livreur lors de la commande suivante. Un partenariat a été noué avec l'association A.L.O.R.E qui insère neuf personnes dans le cadre de ce projet, baptisé Les Enchanterres.

Si le service s'adresse aux particuliers comme aux entreprises, depuis peu "Mes voisins producteurs" se sont lancés avec deux restaurants test pour une distribution B to B, signe que la consommation responsable est aujourd'hui l'affaire de tous.