Dossier spécial
Le cheval qui murmure à l’oreille des managers et des salaries
À l’heure où certains s’inquiètent de la montée en puissance de la robotisation, une autre tendance se dessine autour du Soft skills qui mise sur les compétences comportementales et relationnelles. Et dans ce domaine, l’équicoaching est un outil mis au service du travail en équipe et de l’intelligence émotionnelle.
Les spécialistes sont unanimes. Dans notre communication quotidienne, 70 % du langage est non verbal. Et qui de mieux que les chevaux aux capteurs sensitifs hors normes et à la sensibilité tactile pour accompagner les salariés et leurs managers dans une volonté de mieux se connaître, se comprendre, prendre conscience de leur individualité, de leur mode de fonctionnement et de leur rapport aux autres ? Né dans les années 90 aux États-Unis grâce à des cadres de Volkswagen, l’équicoaching, en plein boom, vise à améliorer le développement professionnel et personnel à l’aide d’un cheval, qui devient un médiateur au même titre que l’équithérapie, aux bienfaits reconnus. Là, l’idée est de sortir du bureau, de respirer un grand bol d’air frais, au vert, en pleine nature. Mais pas question, de monter sur le dos d’un équidé et de partir en balade, entre collègues, pour renforcer la cohésion d’équipe. Les participants se réunissent effectivement, mais, à proximité du cheval. En binôme ou en solo, chaque collaborateur va devoir mettre le cheval en mouvement, à une certaine distance, le conduire à une certaine direction et à une certaine allure. Autant dire que les séances ne laissent personne de marbre. La pratique qui recherche l’effet miroir a de quoi en laisser certains sans voix, quand d’autres ne cessent de parler pour mieux contenir leur stress. Mais après une matinée passée à enchaîner les exercices aux objectifs pédagogiques bien différents, avec ses collègues, c’est l’enthousiasme qui l’emporte.
Repartir avec des clefs
«Une expérience extraordinaire», confie encore toute chamboulée une participante à une séance d’équicoaching. Passionnée par son travail et à la recherche de la performance, la trentenaire a dû prendre sur elle pour dépasser ses peurs et accepter le regard des autres collaborateurs alors qu’elle se sentait en échec lors d’un exercice. Il est vrai que la situation a de quoi déboussoler voire déstabiliser quand un tête-à-tête commence non pas avec son responsable ou un client, mais avec un équidé. Certains se sentent plus à l’aise quand il s’agit de guider, prendre le leadership quand d’autres préfèrent suivre. Autant de situations, d’attitudes et de réactions différentes qui sont dans un deuxième temps étudiées en équipe. Tous sont unanimes : le moment est parfois perturbant mais tellement riche en enseignements. Des enseignements qui ne servent pas seulement à la vie professionnelle mais qui offrent des clefs plus personnelles. Mieux comprendre les réactions des autres, accepter de se dévoiler ; c’est tout l’enjeu de cette expérience professionnelle et humaine inoubliable.
Par A.M.