Le chalutier Jean-Paul II a repris la mer après un an de chantier

Les pêcheurs artisans de la Côte d’Opale, de Boulogne-sur-Mer à Etaples, modernisent leurs outils de travail. Tandis que certains se réorientent vers la senne danoise ou la pêche au casier, d’autres, comme Stéphane Ramet, rénovent leur chalutier. Même s’il a plus de 30 ,,ans !

A la barre de son chalutier, Stéphane Ramet, patron du Jean-Paul II.
A la barre de son chalutier, Stéphane Ramet, patron du Jean-Paul II.

 

D.R.

A la barre de son chalutier, Stéphane Ramet, patron du Jean-Paul II.

Le pêcheur étaplois avait d’abord envisagé la construction d’un chalutier pour remplacer son Jean-Paul II, vieillissant et démodé, avant d’opter pour un plan B moins coûteux : la rénovation complète de ce navire construit en polyester en 1984 par le chantier boulonnais Blamengin. «J’ai fait confiance au chantier vendéen Plasti pêche de la famille Mandin. J’ai amené mon navire  à L’Aiguillon-sur-Mer le 23 avril 2015, et je suis rentré au port de Boulogne le 11 mars, après 53 heures de mer et 25 heures de mise à l’abri à Cherbourg», précise-t-il à son retour à quai, aux côtés de son fidèle second et mécano Franck Wacogne.

De l’ancien Jean-Paul II, dénommé ainsi par son père Francis Ramet après onction du Vatican, il ne reste que la coque et la motorisation (un Mitsubishi de 280 kWh âgé de 11 ans). Un bulbe d’étrave, avec une flottaison remontée de 15 à 17 mètres, améliore désormais l’hydrodynamisme et favorise les économies d’énergie. La surface de la timonerie est triplée. Le travail se fait à l’abri d’un pont couvert. La chaîne de tri du poisson a été entièrement automatisée, «avec un tapis roulant qui amène le poisson du pont arrière à une zone de triage, avant qu’il ne soit mis en caisses, puis en cale réfrigérée». Mais ce sont le confort et la sécurité des six hommes du rôle, subventionnables par le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP), qui ont été privilégiés. «Nous n’avions ni douches, ni eau chaude, rappelle Stéphane Ramet. Nous avons aujourd’hui une salle de bains avec des douches et une chambre avec cabinet de toilette.» L’investissement est d’environ 700 000 euros. Un bateau neuf aurait coûté sensiblement le double.

Marin de père en fils. A 43 ans, le patron, qui navigue depuis juin 1988 à bord de ce chalutier de 17 m 20, espère poursuivre sa carrière à bord une dizaine d’années avant de transmettre la barre. «J’ai trois garçons qui veulent aller en mer, explique-t-il. Mon aîné Simon (20 ans) et Louis (17 ans et demi) naviguent déjà avec moi. Jean (14 ans) va rentrer au lycée maritime de Boulogne-Le Portel.» Adhérent de l’OP From Nord, le Jean-Paul II pratique le chalut de fond et le pélagique en Manche-Est et sud mer du Nord, seul, mais aussi en bœuf (un même chalut traîné par deux navires) en partenariat avec le Salut des Pêcheurs de son grand frère Eric Ramet.