«Le bon prix du marché, c’est la valeur finançable de l’entreprise.»

Conseil en transmission d’entreprises depuis une dizaine d’années sur le Grand Est, Jean-Yves Lestrade va rejoindre cette année le réseau Francession.
Conseil en transmission d’entreprises depuis une dizaine d’années sur le Grand Est, Jean-Yves Lestrade va rejoindre cette année le réseau Francession.

La valeur d’une entreprise ne se limite pas à ses seules lignes comptables. L’approche humaine, l’humilité, la plongée dans l’intimité de la structure entrepreneuriale s’avèrent comme des leviers indéniables à activer. Un paradoxe dans un marché où une nouvelle génération de repreneurs s’affiche plus comme opportuniste qu’autre chose. Constat établi par Jean-Yves Lestrade, conseil en transmission d’entreprise sur le Grand Est depuis plus de dix ans et futur membre du réseau Francession.

 

Quand on parle de valeur de l’entreprise, bon nombre de personnes se limitent à l’aspect purement financier et comptable. Quelle est la vraie valeur de l’entreprise ?

Le bon prix du marché, c’est la valeur finançable de l’entreprise. Surestimer la valeur de son entreprise est la meilleure façon de lui faire perdre de l’intérêt et décourager les acquéreurs. Les entreprises se vendent que si elles sont dans le prix du marché. Un repreneur ne peut pas surpayer, on négocie jusqu’au bout de l’audit d’acquisition. Au final, il ne faut pas oublier que le seul décisionnaire demeure le cédant.

 

Quel est le portrait, la typologie aujourd’hui des cédants ?

Depuis quelques temps, on voit apparaître une nouvelle génération de cédants qui veulent vendre sans attendre le moment de la retraite. De plus en plus de dirigeants aspirent à faire autre chose, à changer de vie et sont prêts à céder leur entreprise. L’intérêt est qu’ils vendent un modèle économique d’entreprise dans l’air du temps qui n’a pas eu le temps de vieillir. On remarque également que de plus en plus de dirigeants d’entreprises songent à la cession de leur société dans un schéma d’adossement à un partenaire ou à une société plus importante pour faire jouer des effets de synergie et pour pouvoir aborder des marchés plus significatifs. Ils sont prêts à céder la majorité ou la totalité du capital de leur entreprise.

 

Et du côté des repreneurs ?

C’est peut-être un peu dur mais bon nombre de repreneurs aujourd’hui sont des tueurs mais des tueurs qui réussissent. Neuf repreneurs sur dix ne sont pas de véritables repreneurs, ils viennent uniquement car ils voient les opportunités. Les véritables attentes des repreneurs sont toujours délicates à appréhender.

 

Quels conseils donner aux repreneurs ?

Il faut avoir un savoir-être, rassurer le cédant sur sa capacité à assurer la pérennité de l’entreprise et des emplois. Il est nécessaire d’avoir un apport personnel crédible, savoir convaincre les banques, être accompagné par un professionnel, faire un audit d’acquisition sérieux, avoir un plan B, avoir une certaine humilité car la transmission d’entreprise est parfois davantage une question de psychologie que de chiffres.

 

Quels sont les éléments de réussite d’une opération pour les cédants ?

Il faut avoir la volonté, la persévérance et une détermination à toute épreuve de transmettre et pérenniser son entreprise. Le cédant doit préparer l’entreprise à sa cession, prendre du recul, accepter et communiquer des informations sur son entreprise, comprendre la valeur du marché et surtout jouer la transparence. Toute entreprise a bon nombre de points de fragilité et il faut les faire connaître au repreneur.

 

Et la reprise par les salariés ?

La faisabilité de la cession en interne mérite toujours d’être étudiée avant de faire une recherche extérieure. Il est vrai que le repreneur extérieur est souvent la notion de facilité pour le cédant de réellement changer de vie.

 

La reprise est souvent un acte de croissance externe, l’approche est-elle alors différente ?

C’est stratégique ! Les raisons sont multiples, le développement de nouvelles activités, la conquête de secteurs géographiques, la mise en place de synergie économique. Il est utile d’être en veille active. Les opérations qui aboutissent sont le fruit d’un travail de longue haleine et rarement d’une simple opportunité.