Le 22e FIGRA dédié à Charlie Hebdo

Installé dans le Nord-Pas-de-Calais depuis 1993, le Festival international du grand reportage d’actualité (FIGRA) se tiendra au palais de l’Europe au Touquet du 25 au 29 mars.

“La programmation reflète le monde tel qu’il va aujourd’hui.” George Marque-Bouaret, délégué régional du FIGRA.
“La programmation reflète le monde tel qu’il va aujourd’hui.” George Marque-Bouaret, délégué régional du FIGRA.
George Marque-Bouaret, délégué général du FIGRA, aux côtés du réalisateur Yves Boisset.

George Marque-Bouaret, délégué général du FIGRA, aux côtés du réalisateur Yves Boisset.

«La programmation générale du FIGRA reflète le monde tel qu’il va aujourd’hui, explique son délégué général, George Marque-Bouaret. C’est une plongée dans de nombreuses situations périlleuses et difficiles. Tous ces témoignages viennent renforcer, si besoin était, aujourd’hui plus qu’hier, l’impérieuse nécessité d’être informé en tant que citoyen dans une grande démocratie. C’est cette nécessité qui a fauché, dans un acte barbare, les journalistes de Charlie Hebdo. Alors, comment ne pas leur dédier cette édition, eux qui sont morts parce qu’ils pensaient bêtement, et quelquefois méchamment, que la liberté d’expression n’avait ni prix ni limite, du moment qu’elle s’attachait, par la caricature, à une autre forme de vérité. Il est douloureux pour tous ceux qui pensent librement de se savoir menacés pour un article, un livre, un dessin, une expo ou un spectacle. Une lutte permanente s’engage pour ne pas sombrer dans la peur ou, pire encore, dans l’autocensure. Ainsi cette 22e édition du FIGRA a été réalisée en pensant à eux vivants, tant il était impossible de croire à leur mort, eux qui accompagnaient nos vies depuis si longtemps.»

Plus que jamais, donc, le FIGRA met à l’honneur le courage des journalistes qui couvrent le monde pour témoigner et nous informer. La sélection officielle des grands reportages et des documentaires propose 17 productions. Parmi les moments forts de la semaine, la diffusion le mercredi 25 de Congo, un médecin pour sauver des femmes, qui retrace le travail inlassable du gynécologue Denis Mukwege. L’homme a opéré plus de 40 000 femmes victimes de sévices sexuels, malgré les menaces pour sa vie.

Très fort aussi, le reportage Syrie, les enfants de la guerre qui raconte le quotidien d’un jeune garçon contre le régime de Bachar El-Assad. Le choix s’annonce très complexe et forcément frustrant pour le jury et son président, Carlos Pinsky, producteur de Morgane, une importante société de production.

“La programmation reflète le monde tel qu’il va aujourd’hui.” George Marque-Bouaret, délégué régional du FIGRA.

“La programmation reflète le monde tel qu’il va aujourd’hui.” George Marque-Bouaret, délégué régional du FIGRA.

Le FIGRA, pas que des reportages. Comme chaque année, les spectateurs auront droit à des rencontres passionnantes. Les débats de cette édition portent l’empreinte de cette volonté avec Reporters Sans Frontières-RSF dans une soirée exceptionnelle, «L’information dans le viseur», et dans l’exposition «On est ensemble» de Camille Lepage, photojournaliste morte en Centrafrique à l’âge de 26 ans, le 14 mai 2014. Avec Amnesty International, le FIGRA a initié le «Prix de l’impact» qui récompense un film qui a pu transformer, modifier ou changer une situation donnée pour, en quelque sorte, «Changer le monde». Des dessins réalisés autour des droits humains sont exposés pour marquer l’attachement du FIGRA à tous les regards sur le monde. Puis, le Grand Débat de la SCAM abordera un thème en référence à une phrase souvent entendue – «Nous avons choisi de ne pas montrer ces images» – posant du même coup la question «peut-on tout montrer ? tout dire ?», qui met, directement ou indirectement, en cause ceux qui délivrent l’information : les journalistes.

Le FIGRA propose une programmation riche et dense, où se croisent tous les regards sur le monde, toutes les histoires qui donnent à cette réalité, souvent difficile, dangereuse, une dimension humaine incroyable. C’est aussi la magie du grand écran qui, en donnant à voir le monde tel qu’il est, nous permet ensemble de mieux le saisir et de le décrypter. «En passant dans tous ces pays, en vivant avec tous les personnages des films, explique George Marque-Bouaret, on comprend mieux la place indispensable qu’occupent les journalistes et les documentaristes dans la chaîne de l’information du citoyen. De plus en plus, nous serons obligés de nous interroger sur les valeurs que nous portons ensemble, et de tout faire pour qu’elles soient protégées, en développant la seule arme qui ait du sens : la connaissance ! Se battre pour que l’esprit du 11 janvier perdure, cela sous-entend une vraie prise de conscience collective et constante.»

Tarif : 5 jours pour 25 € ; dimanche seul pour 12 € ; pass week-end incluant le dîner de clôture à 40 €.