Lattice Medical transforme la reconstruction mammaire
Cette start-up, fondée en octobre 2017 et basée au CHRU de Lille, est spécialisée en ingénierie des tissus. Elle développe actuellement une nouvelle prothèse biorésorbable, nommée Mattisse. Avec une équipe de médecins, de chirurgiens et d'ingénieurs, elle ambitionne de proposer cette technologie aux femmes qui ont subi une ablation du sein, en Europe et dans le monde, d'ici quelques années.
«Une femme sur huit est aujourd’hui concernée par un cancer du sein, soit au total 2,4 millions patientes soignées par an en France. Dans 40% des cas, la prise en charge est chirurgicale avec une mastectomie complète ou partielle, et seules 14% des femmes bénéficieront d’une reconstruction. En effet, les méthodes de reconstruction présentent des inconvénients et sont coûteuses pour le système de soin, ce qui limite le nombre de reconstruction chez les patientes», expose Julien Payen, président et cofondateur de Lattice Medical. Tel est le constat actuel porté par la start-up pour les femmes face à la reconstruction mammaire.
Aujourd’hui, le monde médical propose trois solutions de reconstruction mammaire : la pose d’une prothèse en silicone, la greffe de tissus adipeux (graisses) vascularisés ou le transfert de tissus non vascularisés. L’originalité de la technologie de Lattice Medical se trouve au centre de ces dernières : avec la prothèse biorésorbable – sous forme d’une coque –, la reconstruction du sein est naturelle, personnalisée et l’opération chirurgicale moins contraignante car elle utilise les tissus graisseux de la patiente. «L’utilisation de techniques de fabrication additives permet, à partir d’images IRM ou de scanner, de concevoir une coque adaptée à la morphologie de chaque patiente. La graisse, prélevée sur la patiente, est positionnée sur le support. Ce support guide la reconstruction tissulaire pendant trois à huit mois. Parallèlement, la bioprothèse va se résorber lentement jusqu’à disparaître complètement entre six et dix-huit mois. Le sein est reconstruit entièrement par les tissus de la patiente sans corps étranger. Le but est de remplacer le silicone», explique Julien Payen.
Une substitution au silicone
Cette technologie, unique en France, est le fruit d’une recherche scientifique au sein de Lattice Medical. L’objectif ? Le bien-être des femmes en facilitant cette délicate opération. Actuellement, les premières prothèses biorésorbables sont imprimées en 3D chez l’entreprise Cousin Biotech, concepteur et fabriquant de dispositifs médicaux implantables en textile technique, installée à Wervicq. «Cet implant aide à la régénération des cellules graisseuses de la patiente. Il est constitué de deux matériaux biorésorbables imprimés en 3D : pour le premier, un support de la graisse inspiré de la dentelle de Calais-Caudry et, pour le second, une coque qui forme le volume à reconstruire», explique Julien Payen. Avant de commercialiser ce produit et d’obtenir la norme CE, deux études cliniques doivent être encore réalisées : la première sur dix patientes pendant un an et la seconde sur 100 patientes dans trois centres en France.
L’ambition de Lattice Medical est de fabriquer et de commercialiser cette prothèse pour les marchés de la reconstruction et de la chirurgie esthétique à horizon 2023, et de peser 10% du marché mondial à horizon 2030.
Actuellement, la levée de fonds qui devait être effectuée est en pause. L’heure est à la solidarité : durant cette crise, la start-up fabrique des casques et des visières en 3D grâce aux matières premières en sa possession, en partenariat avec Cousin Biotech, qui possède les machines.