Larcher juge "inacceptable" la manière dont le président veut "éviter le débat parlementaire"

Le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), juge "inacceptable" la manière dont Emmanuel Macron veut selon lui "éviter le débat parlementaire", faute de majorité à...

Le président du Sénat Gérard Larcher (LR), le 28 février 2024 au Sénat à Paris © STEPHANE DE SAKUTIN
Le président du Sénat Gérard Larcher (LR), le 28 février 2024 au Sénat à Paris © STEPHANE DE SAKUTIN

Le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), juge "inacceptable" la manière dont Emmanuel Macron veut selon lui "éviter le débat parlementaire", faute de majorité à l'Assemblée, dans un entretien au JDD.

"Le président de la République vient de découvrir qu'il n'avait pas de majorité. Et son objectif est d'éviter le débat parlementaire. Pour moi, c'est inacceptable, car dans les crises, lorsque le pays doute, si vous méprisez le débat national, vous aurez le débat dans la rue", affirme le président de la Chambre haute.

Preuve selon lui de la "défiance" de l'exécutif vis-à-vis du Parlement, Emmanuel Macron a décidé de le "contourner" en ne proposant pas de loi de finance rectificative pour 2024 et envisage de "traiter la programmation pluriannuelle pour l'énergie en passant par la voie réglementaire", illustre M. Larcher.

Or, sur la question budgétaire, "il faudra un changement en profondeur, sinon ça finira mal", affirme-t-il.

Il faut "définir une trajectoire crédible, il y a un moment où l'intérêt du pays devra primer sur toute autre considération", souligne le sénateur des Yvelines, qui n'exclut pas une motion de censure à l'automne, "moment de vérité sur le sujet fondamental du budget".

M. Larcher regrette que le gouvernement ait rejeté les propositions de baisses des dépenses du Sénat. "J'ai moi-même négocié pour trouver un équilibre avec le ministre de l'Economie (Bruno le Maire). Le président de la République n'en a pas voulu", tacle-t-il.

Interrogé sur la décision du Conseil constitutionnel d'invalider le référendum d'initiative partagé proposé par Les Républicains sur l'immigration, M. Larcher affirme la trouver "discutable".

"Cette décision m'étonne. Comme j'ai été étonné de l'interprétation restrictive qu'il a donnée de l'article 45 de la Constitution sur le droit d'amendement à l'occasion (de l'examen) du texte sur l'immigration" en janvier, poursuit-il.

Le groupe de travail sur les institutions mis en place au Sénat, qui "rendra son rapport le mois prochain", reviendra "sur l'interprétation de la règle du droit d'amendement (article 45)", annonce-t-il.

M. Larcher ne se dit par ailleurs pas opposé à la proposition de la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, d'introduire une dose de proportionnelle aux législatives. "Pour 20 à 25% des députés, peut-être! Mais à la condition, au nom de la proximité, que l'on revienne sur le non cumul des mandats pour permettre à un parlementaire d'exercer un mandat exécutif local", dit-il.

Il affirme au passage avoir "failli aboutir à un texte" sur le sujet de la proportionnelle "avec Edouard Philippe en 2018" mais, "une fois de plus, le président de la République n'a aidé en rien".

Invité de Questions politiques sur France Inter, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a lui aussi déploré l'abaissement du Parlement. "Vous avez aujourd'hui un gouvernement qui fait comme s'il n'y avait pas de démocratie en France", a-t-il dit, dénonçant une "dérive +illibérale+" de l'exécutif.

"On est dans une situation où le président de la République a poussé à l'incandescence les limites de la Ve République", a-t-il soutenu.

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