Aménagement

Laon-Couvron : Jonathan Palmer transforme son projet automobile en éco-circuit

« A new project for a new world », comme l'explique Jonathan Palmer, « un nouveau projet pour un monde nouveau », en français dans le texte. L'homme d'affaires britannique que l'on avait plus vu en terres laonnoises depuis de nombreux mois, se rappelle au bon souvenir de son projet de circuit automobile qu'il compte toujours créer sur l'ancienne base militaire de Laon-Couvron.

Jonathan Palmer a présenté en mairie de Laon son projet.
Jonathan Palmer a présenté en mairie de Laon son projet.

La crise Covid et ses confinements ont stoppé net l'élan de l'ancien pilote de Formule 1 qui avait obtenu toutes les autorisations pour débuter le chantier du futur circuit avant que la crise n'éclate. Un mal pour un bien serait-on tenté de dire puisque Palmer et ses équipes ont profité de cette période pour totalement repenser le projet qui va devenir "un éco-circuit" et faire la part belle à l'électricité verte.

« Le plan initial était de construire le plus grand et le plus rapide circuit d'Europe, long de huit kilomètres, permettant la promotion et le pilotage des voitures les plus performantes au monde et doté d'un grand centre de conférence permettant d'organiser des événements pour les constructeurs, rappelle Jonathan Palmer. Depuis, les coûts ont augmenté d'un montant initial de 10 millions d’euros à 25 millions d’euros il y a trois ans, ce qui représenterait 30 millions d’euros aujourd'hui. Et le contexte a changé : le changement climatique va bouleverser l'industrie automobile et les moteurs à essence puissants, vont progressivement être supprimés d'ici 2035. »

Jonathan Palmer constate que la filière automobile se concentre désormais sur la production de véhicules hybrides et électriques. C'est ainsi qu'il entend désormais faire de Couvron le « premier circuit automobile écologique et autosuffisant au monde »

La société MSV dirigée par Palmer entend faire de Couvron un circuit automobile optimal pour l’accueil des véhicules à batterie, « tout aussi difficile et agréable à piloter mais sur une distance plus courte de 3,5 km ». Si les voitures et motos à moteur thermique continueront à utiliser également le circuit tant qu'elles existeront, c'est bien la voiture de demain, décarbonée, qui sera la bienvenue sur le site.

Un des plus grands parcs photovoltaïques d’Europe

Comme indiqué par Palmer, le circuit sera autosuffisant puisqu'une large partie du site, 300 hectares sur les 520 au total, sera utilisée, pour implanter un parc photovoltaïque, l'un des plus grands d'Europe. « Il sera réalisé par une entreprise partenaire, sa construction interviendra d'ici trois ans et il sera opérationnel dans quatre ans, assure Jonathan Palmer. Environ 350 Mwc [ndlr : Mégawatt crête, unité de mesure du photovoltaïque] d'électricité seront produits pour alimenter les besoins du circuit mais aussi pour alimenter le réseau local d'électricité des communes environnantes. »

Le circuit sera autosuffisant puisqu'une large partie du site, 300 hectares sur les 520 au total, sera utilisée, pour implanter un parc photovoltaïque, l'un des plus grands d'Europe.

Outre l'activité du circuit automobile, la société MSV souhaite développer d'autres activités en synergie avec le concept d'éco-circuit comme par exemple le recyclage de véhicules en fin de vie, des opérations de remise à neuf de véhicules, la fabrication de véhicules électriques en petite série, le développement et la fabrication de véhicules de course électriques ou encore en termes de logistique et de distribution. « Les zones situées au nord-ouest du site seront idéales pour développer ces activités et faire appel à des entreprises partenaires qui pourraient être intéressées », explique Jonathan Palmer.

L'ancien pilote de F1 estime que l'activité du circuit générera sur le site 250 emplois dans les cinq ans et 500 dans les dix ans. Des chiffres plus importants que ceux espérés dans le projet initial puisqu'on évoquait 50 emplois dans les trois ans, 100 dans les cinq ans et 150 au bout de sept années. Il estime que son projet sera plus viable économiquement, et qu'il va investir de 10 à 15 millions d’euros en fonds propres via sa société MSV.

Cet éco-circuit devrait ouvrir d'ici trois ans, le temps de redéposer et d'obtenir les permis du projet modifié ainsi que ceux du projet de parc photovoltaïque. Thomas Campeaux, préfet de l'Aisne, promet que tout sera fait pour accélérer les procédures.

Le projet avant/ après

Jonathan Palmer annonce un tout nouveau projet d'éco-circuit automobile pour la base de Laon-Couvron. Le préfet Thomas Campeaux rappelle que le site fait l'objet d'un Contrat redynamisation des sites de défenses (CRSD) signé le 16 novembre 2012, voilà dix ans, par l'Etat. Alors que le plan de circuit prend un nouveau départ, voici ce qu'il faut retenir du projet avant/ après :

  • Un circuit moins long

Le projet initial devait permettre à Couvron d'être doté du plus grand et plus rapide circuit d'Europe, long de 8 km, dont une ligne droite de deux kilomètres. Le complexe du circuit dans son ensemble aurait utilisé une superficie de 220 hectares sur le site qui en compte 520 au total. Dans le nouveau projet présenté, le circuit aura une distance beaucoup plus courte de 3,5 kilomètres, la piste fera douze mètres de large et l'ensemble s'étendra sur une surface de 40 hectares.

  • Un parc photovoltaïque de 300 hectares

Si le circuit prendra moins de place sur le site, cet espace sera en grande partie réorienté vers l'électricité verte. Environ 300 hectares de terrain seront alloués à la production d'électricité grâce à des panneaux photovoltaïques, capables de produire 350 Mwc d'électricité utilisés pour alimenter les besoins du circuit et redistribués également dans le réseau local. Cela devrait créer l'un des plus grands parcs photovoltaïques d'Europe. La construction de ce parc sera confiée à un acteur français ou européen du secteur.

  • Des modes d'utilisation du circuit similaires

Les différentes activités du circuit telles qu'imaginées initialement resteront de mises dans le nouveau projet. Couvron pourra servir aux constructeurs à développer et tester de nouveaux véhicules ainsi qu'à leurs événements promotionnels. Le site accueillera divers événements : journées de roulage auto et moto, séminaires d'entreprise, six compétitions et courses avant comme évoqué initialement et des activités dédiées aux véhicules électriques à batterie.

  • Des émissions sonores réduites

Jonathan Palmer annonce que les émissions sonores seront réduites par rapport au plan d'activité prévisionnel du circuit précédent. En effet, les véhicules électriques feront beaucoup moins de bruit que des véhicules à moteur thermique. L'impact sonore sera également réduit du fait de la moindre ampleur du circuit à proprement parler. Ainsi, Vivaise, la commune la plus proche du site, se retrouvera quasiment deux fois plus éloignée du circuit à proprement parler.

  • Le premier circuit automobile écologique autosuffisant au monde

C'est ainsi dont parle l’homme d’affaires britannique de ce futur circuit. Un concept qu'il ne développera qu'à Couvron pour le moment. « Nous avons six autres circuits au Royaume-Uni, je rêverais d'en faire de même là-bas mais nous n'avons pas la superficie nécessaire pour le faire comme ici à Couvron donc c'est une véritable opportunité », précise Jonathan Palmer. Au total, 250 emplois sont attendus dans les cinq ans et 500 dans les dix ans, là où dans le projet initial, au maximum, 150 emplois étaient prévus au bout de sept ans. Ce chiffrage de 500 emplois ne compte pas les emplois indirects attendus dans le secteur du fait de l'activité du circuit (hôtellerie, restauration...).

  • Une piste d'aviation conservée sur le site

Jonathan Palmer explique qu'une petite piste d'aviation sera conservée, principalement pour un usage privé mais aussi pour l'exploitation d'avions électriques. La piste doit mesurer 1,2 kilomètre de long et fera 23 mètres de large. Des points de recharge électrique seront installés sur place. Et pourquoi pas imaginer l'installation d'une entreprise française testant et développant des avions électriques ? « Nous en serions ravis », répond l’ancien pilote de Formule 1.