Lactinov se tourne vers les produits infantiles et hyperprotéinés
Lactinov à Braine près de Soissons, coopérative laitière d’où sortent 90 millions de briques de lait chaque année, est en plein développement. Le site axonais, filiale du groupe Lact’Union qui possède également un site à Abbeville, emploie 110 personnes. Face au recul de la consommation de lait, un investissement a été réalisé pour se doter d’un atelier de production permettant de produire du lait infantile ou des produits laitiers hyperprotéinés pour les adultes.
« Des produits à plus forte valeur ajoutée », pour Clotilde Ollivier, directrice du site, qui vont répondre à une demande croissante. Cette innovation représente un nouvel un axe de développement pour la laiterie Lactinov de Braine, historiquement spécialisée dans la production de lait UHT conditionné essentiellement en brique. Un lait d’abord collecté à 100 km à la ronde de l’usine auprès de 240 élevages notamment situés dans la Thiérache axonaise. Puis stérilisé et conditionné sur le site par 110 employés avant d’alimenter le marché français notamment sous marques distributeurs de Système U, Carrefour, Intermarché ou encore Lidl.
« Nous vendons 80% de nos produits sur le marché français et 20% sur le marché de l’export avec une marque qui nous appartient Promess, qu’on retrouve en Asie et en Afrique », explique Clotilde Ollivier, précisant que la laiterie fait partie du groupe Lact’Union, qui possède aussi un site à Abbeville et qui fabrique du lait en bouteille et du beurre pour les industriels ainsi que des produits à plus haute valeur ajoutée, comme du lait infantile et des produits de nutrition pour adulte.
Des nouveaux marchés
Le site de Braine est justement lui aussi en train d’étendre sa production vers ces produits avec un récent investissement ayant permis la création d’un atelier de production. Une orientation prise sous l’effet de deux facteurs : la baisse structurelle de la consommation de lait et la progression des ventes de lait infantile et produits laitiers hyperprotéinés, en lien avec la baisse de la natalité et le vieillissement de la population.
« La consommation de lait baisse tous les ans de 3 à 4% depuis de nombreuses années, c’est déjà la raison qui a fait que nous nous sommes tournés vers l’export il y a dix ans, souligne la directrice. Et pour anticiper la hausse de la demande des produits de nutrition pour adulte pour les gens qui ont des carences ou pour ceux qui suivent la tendance de l’hyperprotéiné, nous avons débuté cette production ici en mai. Avec l’enjeu d’adapter cette production à nos cinq lignes de production de lait et au process existant. »
Le groupe Lactunion, coopérative de près de 500 employés, travaille pour de gros clients de l’industrie agroalimentaire comme Danone et de l’industrie pharmaceutique. « Une croissance importante est en cours sur les boissons hyperprotéinées pour adultes avec des marques comme Hipro, les yaourts, les skyr... L’objectif est d’étendre la gamme et si nous avons certes une taille de PME régionale, nous avons de belles perspectives y compris en termes d’emplois. » Depuis deux ans et demi, une quinzaine d’employés ont été recrutés à Braine.
Lactinov est aussi engagé au niveau du groupe Lact’Union dans une démarche RSE avec des actions visant à limiter son empreinte carbone. Un ingénieur, recruté depuis le début de l’année, est dédié à réduire les consommations d’eau par exemple, en baisse de 15% depuis son arrivée. « Nous sommes dans un groupe où l’humain est important et où rémunérer correctement le travail des associés coopérateurs est important, souligne Clotilde Ollivier. Le lait est par ailleurs un produit vivant et j’en apprend encore tous les jours même après 20 ans de travail dans l’industrie laitière. »
La brique revient dans le jeu, le bio s'effondre
Le marché français du lait est dominé par la consommation de bouteilles plutôt que de briques, rappelle Clotilde Ollivier, directrice de l’usine Lactinov de Braine, spécialisée dans la production de briques. L’inflation est cependant venue rebattre les cartes. « Le marché français est un peu particulier en la matière mais les autres marchés réclament plus de briques que de bouteilles, explique-t-elle. La hausse des prix depuis 2022 a rééquilibré un peu les prix, la brique revient et c’est essentiellement lié à cette question du prix. Et je dirais même que la brique sans bouchon est davantage demandée que la brique avec bouchon. Tout cela vient contrer les évolutions constatées jusqu’en 2022 avec la progression des bouteilles. Les briques sont moins pratiques mais sont surtout moins chères. »
Autre évolution constatée mais le secteur du lait n’est pas le seul à le connaître : le lait bio s’effondre. « Le marché s’est complètement retourné puisqu’en 2020-2021, on a eu une explosion de la consommation de lait bio alors qu’en ce moment le marché perd 10 à 12% de consommateurs régulièrement, constate la directrice. Les attentes des consommateurs sont d’aller vers le bio mais ça n’est pas encore dans les priorités à court terme. Nous croyons tout de même en cette filière. »