La ville veut-elle faire de la dentelle ?

Calais essaie de mettre les bouchées doubles pour sortir d'un chômage endémique, avec des PME en grande difficulté comme le dentellier Noyon dont l'achat des terrains a été étrangement éludé lors des délibérations du dernier conseil municipal.

« A droite, Olivier Noyon, PDG de l'entreprise éponyme et Claude Demassieux, ex-directeur de cabinet de Natacha Bouchart ».
« A droite, Olivier Noyon, PDG de l'entreprise éponyme et Claude Demassieux, ex-directeur de cabinet de Natacha Bouchart ».

 

CAPresse 2013

A droite, Olivier Noyon, PDG de l'entreprise éponyme, et Claude Demassieux, ex-directeur de cabinet de Natacha Bouchart.

C’est un conseil municipal d’avant-élection. Dans la salle de la mairie de Calais, les débats ont fusé le 18 septembre dernier. Côté projets, l’assemblée a délibéré sur des dossiers majeurs comme l’achat du centre commercial des 4 boulevards (près de 10 000 m2 de surfaces commerciales, dont moins de la moitié a trouvé preneurs), une convention de partenariat avec Meccano France SA (dans les murs de l’ancien Crédit Lyonnais mis gracieusement à disposition par la Ville qui assurait l’an dernier qu’une vente serait réalisée), ou encore un marché de maîtrise d’œuvre pour la démolition de bâtiment dans le quartier Saint-Pierre qui doit abriter la future ZAC dite «des Tullistes» sur trois îlots qui formeront 250 logements neufs et des équipement publics. La Ville se sépare aussi de foncier comme les 2 000 m2 (pour 300 000 euros) qu’occupait la société Ecomobilys, qui développe une voiture hybride depuis quelques années.

Noyon vend-il ses derniers actifs ? Toujours en grande difficulté depuis la sortie de son redressement judiciaire, Noyon dentelles a du mal à boucler ses fins de mois et ses exercices restent déficitaires. Le plan de continuation qui devait le porter au-dessus de 17 millions d’euros de chiffre d’affaires ne fonctionne pas. Pour payer les dettes, Olivier Noyon, PDG de la PME, a dû se résoudre à vendre des actifs (machines à tricoter, divers matériels, bâtiments, filiale américaine, foncier, bâtiments…), à devenir minoritaire dans la teinturerie Bellier que son père avait conquise de haute lutte dans les années soixante-dix et à fermer la plupart de ses filiales à l’étranger. Las ! les dettes (notamment fiscales) conduisent la direction à chercher des rentrées d’argent afin de payer ses 250 salariés. C’est le sens d’une délibération du conseil municipal de Calais rapidement retirée en début de conseil, devant d’autres dentelliers de la place de Calais. En clair, après avoir acheté un bâtiment à Noyon (dans lequel elle a réalisé une salle de tennis), la Ville de Calais voulait acquérir l’ensemble du site des Salines : 26 000 m2 (pour environ 2,6 millions selon nos informations). Une visite de France Domaine a même eu lieu mi-septembre… Ne manquait que la délibération autorisant la Ville à signer une convention opérationnelle avec l’établissement public foncier porteur de ce type d’opération. «Ce sera un lieu où toute la filière pourra se rassembler», selon une source municipale. «On n’est au courant de rien» répondent les autres dentelliers qui s’interrogent : «On est tous concurrents. La Ville veut-elle tous nous aider ou sortir Noyon de ses problèmes de trésorerie et faire du favoritisme ?» Mi-septembre, le cabinet de Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais, affirmait «tomber de l’armoire devant nos questions sur cette vente». Au lendemain du conseil municipal, «le maire ne souhaite pas communiquer sur ce dossier pour l’instant.»

 

Note : Olivier Noyon n’a pas souhaité répondre à nos questions.