La ville s'essaie au vert...

Plongée dans des difficultés financières profondes avec son changement de présidence tumultueux du printemps dernier, l'agglomération du Calaisis voit néanmoins sa ville-centre enchaîner les projets de réalisation urbaine au cachet environnemental. Exemple avec un écoquartier et un camping.

« Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais, pose la première pierre du lancement des travaux de l'écoquartier Descartes le 8 juillet dernier ».
« Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais, pose la première pierre du lancement des travaux de l'écoquartier Descartes le 8 juillet dernier ».
CAPresse 2015

Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais, a posé la première pierre de l'écoquartier Descartes le 8 juillet dernier.

Calais veut y croire même si l’Agglomération a mis sous cloche tout projet d’investissement suite à la découverte d’un compte administratif dégradé et un budget 2015 qui aura tout juste de quoi financer le fonctionnement. La place d’Armes et la rue Royale rénovées et dotées d’un équipement festif (cf. page 8 de notre précédente édition : “Calais inaugure sa halle”), la Ville a décidé de déplacer son camping, du front de mer aux abord des bassins derrière la plage. Ainsi, le camping municipal prendra place sur l’ancien site Axial qui accueillait les milliers de voitures exportées en Grande-Bretagne. Quand le marché s’est tari et que la voie d’approvisionnement s’est déplacée vers Dunkerque, le lieu était devenu un immense parking sur plusieurs dizaines d’hectares. Après une longue négociation avec le Conseil régional qui venait d’hériter du terrain suite à la décentralisation portuaire, la Ville a repris la maîtrise foncière. Pour libérer le front de mer du camping qui le surplombe, la Ville entend valoriser ce nouvel espace en y implantant une structure de standing. Gilles Noyon, architecte-paysagiste de renom, a longuement présenté son projet lors du conseil municipal du 6 juillet dernier : «Il s’agit d’un camping 3 étoiles. L’idée est de raccrocher les touristes étrangers.» Sur 11 hectares d’emprise foncière, le camping n’en occupera que 4. «C’est un lieu que la Ville va ‘renaturer’ en plein cœur de cité, dans une perspective clairement balnéaire», a encore expliqué Gille Noyon. Le long du boulevard parallèle à la plage, caché par quelques barres d’immeuble de standing, une butte paysagère de plus de 6 mètres servira d’isolant phonique.

Renaturation d’une friche et reconstruction urbainePlus de 7 hectares seront donc dédiés à la nature. «Nous sommes dans l’esprit du loisir, de la détente, de la balade», a contextualisé l’architecte calaisien qui place le projet dans le cadre de l’obtention d’un écolabel européen. Espèces végétales choisies, paysage marin et dunaire, faune protégée, enclos en lattes de châtaigner, le site doit oxygéner la ville. Et l’irriguer financièrement : 126 emplacements sont prévus pour les campeurs, 106 autres sont dédiés aux camping-caristes. Ces derniers seront chouchoutés : prise électrique et arrivée d’eau personnelles, haute haie pour préserver un minimum d’intimité. L’ensemble du site coûtera 3,34 millions d’euros, dont 1,84 million pour la voirie et les espaces verts. Son ouverture est prévue pour l’été 2017 ; les travaux doivent durer une année. Plus à l’ouest, la Ville voit se concrétiser son projet d’écoquartier, resté dans les cartons depuis le premier mandat. Sur une large surface urbaine en voie de décrépitude le long du canal de Calais, il s’agit de redensifier le tissu urbain et de faire revenir des habitants partis sous des latitudes rurales plus abordables fiscalement. Nacarat, l’un des aménageurs, a lancé ses travaux au printemps et la pose d’une première pierre a eu lieu le 8 juillet dernier. Soit 35 logements collectifs et 11 logements individuels, pour un programme de 338 logements pour la plus large partie en accession. Un premier lot de 44 logements sera livré au premier trimestre 2016. Talus, jardins suspendus, jardin individuel pour chaque maison, galets et végétaux veulent offrir un décor attractif dans une zone collée à l’hyper centre-ville, en face de la Cité internationale de la dentelle et de la mode et de son arrêt fluvial. Cette première tranche demeure, comme le projet de camping, dans une enveloppe modeste (4 millions d’euros). «Derrière tout cela, c’est de l’activité, de l’emploi», a rappelé Natacha Bouchart : en ces temps difficiles, il faut faire d’une pierre deux coups…