La vie en jaune…

Le retour du mouvement des gilets jaunes ? À l’instant T la ponctuation est encore interrogative, pas impossible qu’elle devienne exclamative. 

La vie en jaune…

De semaine en semaine, la contestation contre le pass sanitaire s’essouffle mais pourrait tout simplement masquer une autre grogne sous-jacente. Le 16 octobre dernier lors du rassemblement nancéien organisé en lieu et place des manifestations du samedi depuis un accord trouvé avec les commerçants excédés par la redondance des revendications sur le pavé de la cité ducale, le jaune n’avait pas disparu des épaules de certains participants. Débuté en novembre 2018, le mouvement des gilets jaunes a été mis en sommeil en mars 2020 comme tout le pays. Confiné comme tout le monde mais aujourd’hui une réanimation massive du mouvement est plus que probable. Le terreau est plus que fertile. La hausse des prix du carburant, de l’énergie, les indicateurs sont au vert pour que le jaune réapparaisse six mois avant l’élection présidentielle. Au plus haut sommet de l’État, la question est loin d’être prise à la légère. D’après plusieurs médias nationaux, le service central du renseignement est mobilisé pour surveiller d’éventuelles reprises du mouvement et les préfectures et sous-préfectures sont en alerte. Réseaux sociaux, ronds-points sont surveillés histoire d’éviter une sortie du bois non anticipée. Pointées (trop souvent) du doigt car stigmatisées sur quelques individus, les raisons de la colère sont pourtant communes à bon nombre d’entre nous. La vie en jaune, c’est souvent celle d’un individu devant faire au minimum 50 km aller-retour pour se rendre sur ce lieu de travail et qui s’arrache la tête, calculette à la main, pour savoir s’il arrivera à boucler ses fins de mois et rembourser son prêt immobilier pour son pavillon en zone périurbaine ou rurale, tout en espérant que ses gamins ne lui demandent pas le dernier smartphone en vogue pour Noël. Ses raisons de la colère, il n’est pas le seul à les exprimer. Dans un récent communiqué, la CPME 57 affirmait que «la hausse des prix des carburants a actuellement un impact négatif direct sur la vie des entreprises et de leurs collaborateurs. Elle pénalise nos PME à une période où celles-ci se remettent en route. Nous demandons à l’État de réduire momentanément ses taxes sur les carburants pour tenir compte de la situation actuelle pour nos concitoyens.» La convergence des luttes serait-elle de retour mais avec de nouveaux arrivants issus du sérail entrepreneurial ? La typologie des entrepreneurs, elle aussi, a changé et certains indépendants, artisans pourraient également virer au jaune, certains l’ont déjà fait !