La solidarité pour en sortir par le haut
Rassurez-vous, ce titre n’a rien à voir avec notre actualité financière nationale. Seulement nous voici arrivés à cette fameuse cinquième étape qui clôture le cheminement psychologique d’une personne qui a été impactée par un changement. Et comme cela fait deux articles que je termine en vous disant qu’il est très efficace de s’appuyer sur les personnes arrivées à cette étape pour aider celles qui se trouvent encore dans les étapes précédentes, c’est de ça dont je vais m’occuper aujourd’hui.
Cette cinquième phase est appelée phase d’intégration ou d’adhésion. Comme son nom l’indique, la personne va abandonner ses anciens comportements non seulement dans les faits mais aussi «dans sa tête». Et c’est la grande différence avec la quatrième étape. Elle va trouver d’elle-même les bonnes raisons (ses propres facteurs de motivation) de changer ou de suivre le changement. Bref, elle va devenir un moteur. Alors je ne reviens pas sur les félicitations et les remerciements à adresser à ces personnes, je vous ai déjà joué mon petit couplet à ce sujet dans le dernier article. Mais j’ai envie de passer plus de temps sur la façon dont vous pouvez vous appuyer sur elles pour tirer les autres vers le haut. Tout d’abord, guettez parmi les membres de votre équipe ceux qui atteindront la cinquième étape les premiers pour leur proposer, en reprenant mon exemple précédent du déménagement, l’animation du groupe d’organisation des covoiturages ou l’organisation des visites périodiques du chantier de construction.
C’est votre affaire !
Ensuite, comment les «utiliser» spécifiquement pour qu’ils aident ceux de leurs collègues qui sont encore dans les étapes 3 ou 4 ?En effet, je veux parler des collaborateurs qui sont dans le déni (étape 1) ou dans la résistance (étape 2). C’est à vous et à vous seul de gérer ces étapes. Il s’agit d’y défendre votre point de vue et votre décision, d’argumenter (et parfois d’intégrer des avis constructifs) voir de sanctionner les éventuels débordements dus aux excès de révolte et de sabotage propres à l’étape 2. Aucun collaborateur arrivé dans la 5ème étape ne pourra faire cela mieux que vous : tout d’abord, car il n’en a pas les prérogatives hiérarchiques et ensuite car il aura forcément moins de «tripes» que vous, qui êtes l’auteur et le propriétaire de la décision. Evitez également de culpabiliser ceux qui n’ont pas encore digéré votre décision en citant en exemple ceux qui sont en étape 5. Il est vrai que ce réflexe, hérité de nos parents et de nos profs, est le premier à surgir en cas d’agacement. Mais faites votre possible pour y résister car outre le sentiment d’injustice que vous risquez de déclencher chez les premiers, vous risquez de «doucher» les motivations des seconds. Avec les personnes en étape 3, celle de la décompensation (errance), encouragez ceux de l’étape 5 qui ont le plus de capacité à écouter et à montrer de l’empathie à parler avec eux. Car rappelezvous qu’il est important de ne jamais les laisser seuls. Dans ces entretiens, le ‘5’ devra éviter de convaincre le ‘3’ du bienfondé du changement ou de lui expliquer pourquoi il a tort de se mettre dans ces états. Il devra juste être présent et écouter. Enfin, évitez d’envoyer les ‘5’ qui ont l’enthousiasme le plus «tapageur» ou le plus démonstratif car à ce stade de la partie, cet enthousiasme peut se révéler contre-productif. Les personnes en étape 4, celle de la résignation, ont entamé un effort d’adaptation qui reste purement intellectuel. Ils doivent encore se forcer pour s’adapter au changement. Pour accélérer leur mouvement «ascendant», il vous faut nourrir non pas leur intellect, mais leur partie émotionnelle. Il leur faut un carburant nommé enthousiasme ou envie. Et comme l’enthousiasme est assez communicatif, c’est à ce moment que je vous suggère de faire entrer en piste les ‘5’ qui sont les plus démonstratifs. Indiquez-leur par exemple : les ‘4’ auxquels vous proposez la participation au groupe d’organisation du covoiturage ou aux visites de chantier, pour reprendre mes exemples de tout à l’heure.
Mordez à l’APPAT …
En conclusion de cette série d’articles sur le changement, permettez-moi de vous rappeler les points clés de tout changement réussi ; Nous résistons au changement par peur de l’inconnu ou par peur de perdre quelque chose ; Les cinq mots quand on impulse un changement sont : anticipation, participation, pédagogie accompagnement et tolérance, ce qui donne «APPAT» comme moyen mnémotechnique. Pas très heureux compte tenu du sujet, je vous l’accorde, mais efficace ! Nous passons tous par cinq phases qui sont le déni, la résistance, la décompensation, la résignation et l’intégration. La bienveillance et la solidarité sont incontournables pour accélérer le passage à l’étape 5. Après la motivation et le changement, nous entamerons la prochaine fois une réflexion sur un autre grand thème de management, mais pour le moment, je ne vous en dis pas plus. Prenez bien soin de vous… et de votre équipe !