La sobriété énergétique, impératif brûlant pour les entreprises
Pour contrer la crise énergétique qui s'aggrave, le gouvernement met en place un plan de sobriété qui concerne aussi les entreprises. Nombre d'entre elles ont déjà commencé à se mobiliser, sans attendre.
Fin juillet, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition
énergétique, a annoncé
l'interdiction pour les magasins climatisés de laisser leurs portes ouvertes et des publicités lumineuses entre 1 heure et 6 heures
du matin, sauf dans les gares et les aéroports. Sur ces dernières
pratiques, des réglementations existent déjà, mais elles restent
peu appliquées. Les décrets prévus sur les deux sujets prévoient des sanctions qui
pourront aller jusqu'à 750 et 1 500 euros. Au départ, pour faire
face à la crise énergétique majeure
liée
à la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron, président de la
République, a annoncé un plan «sobriété
énergétique».
Lequel vise à réduire la consommation d’énergie (gaz,
électricité, carburant), de 10% d’ici deux ans.
Avec
les autres acteurs de la société, les entreprises sont concernées
par les efforts à réaliser, quel que soit leur secteur d’activité.
Toutefois, l'industrie «est
l'un des rares secteurs qui optimisent leur consommation d'énergie
depuis longtemps, car c'est un facteur essentiel de leur
compétitivité. On ne va pas demander à ceux qui font des économies
d'énergie depuis plusieurs années de faire les mêmes efforts que
les activités publiques ou tertiaires pour lesquelles ce poste de
dépense était secondaire et négligé»,
a précisé Agnès Pannier-Runacher.
Avec
Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de
l'Insertion, elle a réuni organisations syndicales et patronales et
fédérations professionnelles, afin de lancer un
groupe
de travail «Entreprises
et organisation du travail».
«La
réunion a permis de prendre acte du fait que la sobriété
énergétique devait être un pan central des discussions paritaires
sur la transition écologique dans l’entreprise qui s’ouvrent à
compter du 8 juillet, dans le cadre de l’agenda social autonome des
partenaires sociaux»,
précise un communiqué du gouvernement.
Dans ce cadre, une feuille de route devra être établie comportant
des «recommandations
simples et opérationnelles, à destination de l’ensemble des
entreprises».
Les domaines d'action sont nombreux et vont de la gestion des
bâtiments à l'encouragement d'une mobilité peu énergivore des
salariés, en passant par les plans de continuité, en cas de
restrictions énergétiques.
Des entreprises passent à l'action
Des dispositifs publics préexistants à la crise sont déjà opérationnels pour aider les entreprises à effectuer leur transition énergétique. En particulier, la plateforme «Mission Transition écologique», constitue une sorte de guichet unique des aides existantes, qu'il s'agisse de financements ou d'accompagnement. Par ailleurs, des entreprises ont déjà commencé à se mobiliser sans attendre le plan gouvernemental, selon des modalités diverses.
C'est notamment le cas des enseignes
de la grande distribution pour qui les dépenses d'électricité
représentent 30 % du résultat net des magasins en temps normal
d'après Perifem qui représente le secteur. Le 18 juillet, les
enseignes ont annoncé le plan de «sobriété énergétique» sur lequel elles se sont accordées. Il sera déployé à
l'automne, et comporte des mesures comme l'extinction des enseignes
dès leur fermeture, la réduction de l'éclairage, ou encore la
gestion de la température.
Sur
un plan plus opérationnel, François Asselin, président de la CPME,
a proposé la création d'un «outil numérique», afin que
les entreprises puissent suivre plus finement leur consommation
d'énergie. «Bien souvent nous ne savons pas où nous consommons
mal», a affirmé le représentant des petites
et moyennes entreprises.
L'outil permettrait, en particulier, d'améliorer la situation pour les entreprises dont le cœur même de l'activité n'implique pas d'importantes dépenses d'énergie, et où la marge de progression est la plus grande. Toutefois, le 7 juillet, lors d'une conférence de presse, François Asselin a émis quelques réserves au sujet des transitions énergétiques et écologiques. «A la CPME, nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il faut changer notre modèle de production. Mais il existe deux points de vigilance», a-t-il signalé. En cause : la «temporalité» des changements, dont le rythme doit rester compatible avec celui de la vie de l'entreprise. Et aussi la «méthodologie», qui ne doit pas passer par des contraintes administratives trop lourdes à gérer.