Bilan 2022 de l’Agence France Locale
La santé financière des collectivités locales s’est légèrement améliorée
L’Agence France Locale, qui fête cette année ses dix ans, a récemment dévoilé les résultats de son baromètre annuel de la santé financière des collectivités locales, en 2022. Éclairage.
Conçue
par et pour les collectivités territoriales françaises,
l’Agence France Locale-Société territoriale (AFL) a été créée
il y a dix ans. Basé sur la solidarité et la mutualisation, ce
modèle s’inspire de ceux qui existent depuis longtemps dans les
pays d’Europe du Nord. «Nous avons démarré avec 70
collectivités locales la première année et chaque année nous
avions des adhésions nouvelles : une cinquantaine pendant
plusieurs années, puis un peu plus, une centaine en 2022, et ce sera
significativement plus en 2023. Cette dynamique des adhésions des
collectivités locales au modèle de l’AFL se poursuit»,
s’est félicité le président du directoire de la banque, Yves
Millardet, lors de la Journée de l’AFL, organisée le 15
juin dernier, à Paris.
1,4 milliard d’euros prêtés en 2022
«Aujourd’hui,
nous sommes le quatrième prêteur avec 1,4 milliard d’euros prêtés
l’an dernier, et ce, alors que les membres de l’AFL ne pèsent
que 22% de l’emprunt de l’ensemble des collectivités
locales. Cela veut dire que, dans quelques années, quand le
modèle se sera encore plus diffusé dans le monde local, nous avons
vocation à prendre une place extrêmement significative dans le
financement à bas prix des collectivités locales»,
a-t-il poursuivi. «Nous avons aujourd’hui 9 milliards
d’euros d’émissions obligataires derrière nous et nous
commençons à être connus par une part significative des grands
investisseurs de la planète. La dette de l’AFL est extrêmement
diversifiée et c’est un gage de sécurité pour les collectivités
locales, dans l’hypothèse d’éventuels soubresauts sur les
marchés financiers.»
2022, une année atypique avec des effets paradoxaux
Le
baromètre annuel de l’AFL sur la santé financière des
collectivités locales et de leurs groupements montre que la tendance
générale à l’amélioration observée en 2021 (du fait de la
reprise économique, du maintien des dispositifs de soutien de l’État
et du déploiement du plan France Relance) s’est poursuivie en
2022, malgré les contrecoups économiques et financiers provoqués
par la guerre en Ukraine. Hausse des prix de l’énergie, accueil
des réfugiés, impact social de l’inflation, difficultés
d’approvisionnement en matière premières… En 2022, les
collectivités françaises ont malgré tout réussi à préserver
leur capacité d’épargne et à contenir leur endettement, tout en
maintenant une politique d’investissement dynamique.
Une
situation paradoxale que l’AFL explique ainsi dans son baromètre :
«La hausse des prix a contraint les collectivités à
supporter des dépenses conséquentes, tant en matière d’énergie
que de consommations courantes. Ces hauts niveaux d’inflation
produisent néanmoins des effets paradoxaux : ils contraignent
les collectivités à supporter des dépenses élevées mais,
parallèlement, cela accroît les produits fiscaux, en particulier
les recettes de TVA. En résultent de très forts mouvements en
volume de dépenses et de recettes de fonctionnement.»
Une note d’ensemble qui s’est améliorée en 2022
Le
baromètre est basé sur un système de note attribuée par l’AFL à
chaque collectivité, en fonction de plusieurs ratios qui permettent
de mesurer la capacité à s’endetter (solvabilité, poids de
l’endettement et marges de manœuvre budgétaires). Or, si la
situation d’ensemble des collectivités françaises s’est
légèrement améliorée en 2022 par rapport à 2021, cette dynamique
générale recouvre une grande hétérogénéité des situations
entre types de collectivités et entre collectivités, avec des
trajectoires contrastées.
Des trajectoires variables selon le type de collectivités
En
2022, les régions ont poursuivi l’amélioration de leur situation
financière, entamée en 2021, mais n’ont toujours pas retrouvé
leur niveau d’avant crise. Après un fort redressement en 2021, les
départements sont restés la catégorie de collectivités la mieux
notée l’an dernier, mais leur situation financière d’ensemble a
enregistré une légère dégradation et on observe une grande
diversité de trajectoires d’un département à l’autre.
Les groupements à fiscalité propre ont la moins bonne note moyenne de toutes les catégories de collectivités, mais la tendance sur cinq ans est positive et leur situation financière globale converge vers la moyenne des autres collectivités. Les syndicats intercommunaux ont, quant à eux, enregistré une légère dégradation de leur notation financière moyenne en 2022, après plusieurs années globalement bien orientées.
Enfin,
les communes ont confirmé la stabilité observée au cours des
années précédentes et une légère tendance à l’amélioration
de leur santé financière. Mais l’hétérogénéité des
trajectoires, selon la taille des communes, s’est creusée :
si les plus petites d’entre elles
(moins de 2 000 habitants) et les plus peuplées (plus de 100 000
habitants) ont vu leur situation financière s’améliorer, les
autres strates intermédiaires ont enregistré une dégradation.
Des tendances géographiques bien marquées
Le baromètre met également en exergue une tendance de fond. En métropole, c’est sur la façade atlantique et le pourtour méditerranéen que les collectivités connaissent la plus forte progression moyenne de leur santé financière, ainsi qu’en Bourgogne-Franche-Comté. Quant aux collectivités franciliennes, elles sont en moyenne moins bien notées que celles des autres régions.