La saison touristique s’annonce fructueuse

Déjà, les touristes étrangers ont retrouvé le chemin de Paris et de la Côte d’Azur. Les prévisions pour le secteur sont optimistes pour la saison estivale qui démarre, après deux années d’une crise née des attentats qui ont fait fuir les visiteurs.

I ls sont de retour. Au premier trimestre 2017, les touristes sont revenus à Paris, d’après un communiqué de la mairie du 7 juillet, qui va jusqu’à évoquer un “record touristique”. Ainsi, la fréquentation hôtelière du Grand Paris a augmenté de 12,5% par rapport à 2016. Sur la Côte d’Azur aussi, les vacanciers étrangers, Européens du Nord et Russes en tête, sont là : le syndicat des hôteliers de Nice-Côte d’Azur constate un mois d’avril “exceptionnel”, le meilleur depuis 2001, et des réservations en hausse de 3% par rapport à l’an dernier. En parallèle, sur les cinq premiers mois de l’année, le Comité régional du tourisme affiche une hausse de 2,3% du nombre de séjours et de 1,9% pour les nuitées par rapport à la même période de 2016, d’après le quotidien économique Les Echos du 12 juillet.

Ces nouvelles confortent les conclusions de l’enquête nationale de conjoncture touristique publiée début juillet par Atout France, agence dédiée à la promotion touristique du pays. Le printemps, en effet, a été riche en week-ends prolongés en mai, même si leur impact a été un peu atténué par les rendez-vous électoraux. La fréquentation touristique a augmenté à l’Ouest, dans le Finistère, le Morbihan, la Gironde, ou encore les Landes… Autre signal positif, la clientèle internationale, qui s’était raréfiée en 2016, a retrouvé le chemin de l’Hexagone, confirme Atout France. Parmi ces visiteurs, les Britanniques demeurent en tête, suivis des Belges, des Néerlandais et des Allemands. Exception : Paris, où les Américains sont les plus nombreux, suivis des Britanniques et des Chinois. Autre signal positif, une hausse de la fréquentation enregistrée au printemps dans les clubs et villages de vacances, les hébergements collaboratifs, le camping et les hôtels, dans plus de la moitié des destinations.

Une contribution neutre à l’économie. “Le début de saison a été plutôt satisfaisant, notamment pour la clientèle internationale. En dépit d’un aspect sécuritaire de plus en plus pré- sent dans le processus de choix des déplacements touristiques, les perspectives de fréquentation pour la saison estivale sont également plutôt encourageantes”, conclut le communiqué d’Atout France du 4 juillet. Ainsi, la majorité des destinations s’attendent à une fréquentation de même niveau que l’an dernier. Et certaines d’entre elles anticipent même une tendance à la hausse. C’est le cas pour Paris, la Côte d’Azur et plusieurs destinations de l’ouest du territoire. Au total, si ces attentes se confirment – et qu’aucun attentat ne vient perturber la situation –, la saison estivale pourrait conforter les prévisions de l’Insee, sur l’évolution du tourisme en 2017. Dans sa note de conjoncture de juin dernier, intitulée “Croissance solide”, l’Institut de statistique table, en effet, sur une participation du tourisme à cette dynamique pour cette année. Après avoir pesé négativement sur la croissance en 2016, lui coûtant 0,2 point, le tourisme devrait avoir un effet neutre sur le PIB. En effet, les exportations de tourisme en volume devraient rebondir de 2,5% après deux années de fort recul (- 4,7% en 2015 et – 6,9% en 2016), avec des importations qui ne devraient évoluer que modérément.

Redresser après le choc des attentats. L’Insee constate qu’un “retour progressif des touristes en France s’est enclenché” dès la fin 2016. Pour la première fois depuis 2015, les nuitées étrangères ont progressé sur un an au quatrième trimestre 2016 (+ 3%), puis au premier trimestre 2017 (+ 4,7%), retrouvant des niveaux proches de ceux d’avant 2015. Et la fréquentation enregistrée dans les aéroports internationaux en décembre 2016 va dans le même sens, avec le nombre de passagers des vols internationaux passant en France de 10% supérieurs à celui de décembre 2015.

Atypique au sein de l’Union européenne, le repli de l’activité touristique en France depuis 2014 est imputable aux attentats de janvier et novembre 2015 en région parisienne et en juillet 2016 à Nice, qui ont entraîné une importante désaffection de la clientèle étrangère. En 2014, les dépenses de cette dernière s’élevaient à 43,7 milliards d’euros. Deux ans plus tard, ce chiffre avait dégringolé à 38,6 milliards. Les touristes ont-ils changé de destination ? Sur la même période, le nombre de nuitées étrangères a crû de 34,4 millions en Espagne (+ 13,2%), de 11 millions en Croatie (+ 18%), de 9,8 millions en Italie (+ 5,2%) et de 6 millions au Royaume-Uni (+5,3%). En France, d’après la DGE, la Direction générale des entreprises du ministère de l’Economie, le tourisme représente environ 160 milliards d’euros, soit 7% du PIB, et emploie quelque 2 millions d’actifs dans les secteurs de la restauration traditionnelle et rapide, les transports, l’hôtellerie, les parcs d’attractions et autres services récréatifs.

Pour les régions, l’activité représente environ 64 millions d’euros, en taxe de séjour et taxe forfaitaire. La région Rhône-Alpes collecte à elle seule 12 millions d’euros, suivie de l’Ile-deFrance (8,8 millions) et de l’Alsace (4,9 millions). Le ministre des Affaires étrangères et du Développement international de François Hollande, Laurent Fabius, avait fixé un objectif de 100 millions de visiteurs étrangers à horizon 2020, pour des recettes de 50 milliards d’euros.