« La réouverture des commerces non-essentiels est un ballon d‘oxygène »
Pascal Vandalle, délégué régional Hauts-de-France de TLF, analyse les perturbations liées au second confinement, suivi de près par les fêtes de fin d’année. Une situation inédite qui demande au secteur logistique de s’adapter.
Ce second confinement est suivi des fêtes de fin d’année, qui engendrent un fort afflux de commandes. Comment la filière s’organise-t-elle dans ce contexte très particulier ?
Pascal Vandalle : Il y a effectivement une concentration des flux sur une période très courte. Nous avons de la chance que les commerces non-essentiels aient réouvert. C’est un élément important, car ils nous permettent de réutiliser les points relais. Aujourd’hui, pour la filière, c’est un véritable ballon d’oxygène à ne pas négliger. D’autre part, désormais, nous pouvons travailler tous les week-ends, étant donné que l’interdiction de circulation pour la messagerie les week-ends du mois de décembre a été levée.
Quelles sont conséquences concrètes du confinement ?
Nous voyons bien qu’il y a eu un changement des modes de consommation. Sur le net, la consommation a explosé, ce qui a permis à un grand nombre d’entreprises de transport de se maintenir, la partie logistique a plutôt bien fonctionné.
Le secteur de la logistique embauche habituellement de nombreux d’intérimaires avant les fêtes. Qu’en est-il cette année ?
Nous n’avons pas, globalement, recruté d’intérimaires pour ce qui concerne le transport routier. Toutefois, il y a eu des recrutements sur la « supply chain » ainsi que pour livraison au dernier kilomètre, la messagerie. Il y a environ autant d’intérimaires par rapport à l’an dernier alors que le niveau de consommation est probablement inférieur aux années précédentes. Nous nous demandons encore, à l’heure actuelle, quels volumes de vente les particuliers vont générer. Est-ce que les gens vont acheter pour Noël ?
Comment remédier aux importants problèmes d’approvisionnement, rencontrés en novembre, dans les temps impartis ?
La difficulté, c’est que l’on ne peut pas moduler la dimension du parc comme on l’entend. D’autre part, la capacité de transport n’est pas extensible. La seule marge de manœuvre, c’est d’exploiter au mieux ce parc de véhicules, sept jours sur sept, travailler de nuit, générer un grand nombre d’heures supplémentaires. Il y a effectivement eu quelques difficultés, mais si les magasins non-essentiels n’avaient pas rouvert leurs portes, la situation aurait pu se tendre encore plus. Là, nous allons pouvoir optimiser les moyens de transport, massifier les flux vers les points relais… On élimine ainsi le maillage du territoire et la livraison aux particuliers.
Le «B2B», les activités commerciales entre entreprises, y a-t-il rencontré des problèmes ?
Il y a eu un impact sur les entreprises parce que les clients ont dû fermer, mais aujourd’hui nous arrivons à assurer les flux. Toutefois, il y a une forte désorganisation sur les flux internationaux, notamment pour les zones portuaires. Il y a une réelle problématique autour des conteneurs : cela fonctionne bien à partir du moment où les départs et les arrivées sont réguliers et équilibrés. Or, aujourd’hui, on a un déficit de conteneurs vides lié à une hausse du stockage dans le monde. Ce qui occasionne des surcoûts importants. C’est une situation à suivre de près.