La renaissance immobilière du carmel de Douai

Avec le départ des sœurs en 2015, les bâtiments du carmel vont connaître une nouvelle vocation : devenir la première résidence bigénérationnelle au nord de Paris. Un défi tant pour la Ville que pour Habitat & Humanisme Nord – Pas-de-Calais qui cogère le projet.

Philippe Lescot et Françoise Delvoye d'Habitat & Humanisme Nord-Pas de Calais
Philippe Lescot et Françoise Delvoye d'Habitat & Humanisme Nord-Pas de Calais
Habitat & Humanisme

La future résidence Le Jardin du Carmel.

 

Le projet est séduisant : 37 logements dans des bâtiments du XIXe siècle, refaits à neuf  d’ici fin 2018, avec un jardin intérieur et un parc tout autour, sur 6 773 m2. Le budget avoisine les cinq millions d’euros. La future résidence Le Jardin du Carmel accueillera des personnes en fragilité : des seniors mais aussi des jeunes (familles monoparentales, étudiants et jeunes au chômage), sélectionnés notamment par le CCAS de Douai.

 

Innovation sociale. L’originalité du projet réside dans la création, au sein de l’ancienne chapelle, d’une salle de rencontre, permettant aux différents locataires de se rencontrer, de se rendre service et de recréer du lien social sur place. L’accompagnement individuel et collectif des locataires sera assuré par des bénévoles, un animateur et un chargé de mission, en lien avec l’association Habitat & Humanisme Nord – Pas-de-Calais et des partenaires extérieurs.

 

Un besoin pour la Ville. Historiquement, ce bâtiment installé au cœur de la ville accueillait une communauté de carmélites depuis 1847. La communauté, existante depuis 1647, a déménagé sur Saint-Amand-les-Eaux en 2015. Bernard Devert, président fondateur d’Habitat & Humanisme, a alors l’idée de transformer le site en un projet économique et social : ce sera la première résidence bigénérationnelle au nord de Paris, dans un esprit familistère. Le projet est soutenu par le maire de Douai, dont la ville a une demande de logements sociaux très élevée. Par ailleurs, les places en EHPAD sont de plus en plus limitées comme l’explique Philippe Lescot, vice-président d’Habitat et Humanisme Nord – Pas-de-Calais : «L’Etat et les collectivités territoriales se désengagent de plus en plus de ces structures, car trop coûteuses en termes de fonctionnement. Or nous sommes de plus en plus soucieux de la prise en charge des personnes âgées. C’est donc une autre façon de concevoir le vivre-ensemble qui a du sens.» Et cela permet de préserver le patrimoine historique des bâtiments du carmel.  

 

Anne Henry-Castelbou

Philippe Lescot et Françoise Delvoye d'Habitat & Humanisme Nord – Pas-de-Calais.

Un défi pour l’association. Du côté de l’association qui gère déjà un parc de 89 logements et accompagne les familles vers l’autonomie et l’insertion, c’est un projet d’envergure selon Françoise Delvoye, présidente d’Habitat et Humanisme Nord – Pas-de-Calais : «C’est un premier projet  intergénérationnel, qui plus est dans le Douaisis, car, jusqu’à maintenant, notre action contre le mal-logement s’est surtout concentrée sur la métropole lilloise. Nous avons également un autre projet de ce type près d’Arras, mais différent, sous forme de maison-relais.» Le projet douaisien est cogéré avec La Pierre angulaire, autre association créée par Bernard Devert, qui gère un réseau de maisons d’accueil et de soins pour personnes âgées à faibles ressources. 

 

Table rase du passé. L’intérieur du bâtiment sera détruit cet été, rasant d’un coup les salles évoquant l’époque des moniales (cellules, bibliothèque, salle du chapitre…). La maîtrise d’ouvrage est confiée à EHD (Entreprendre pour humaniser la dépendance), la foncière de La Pierre angulaire. Puis, le bâtiment sera racheté aux deux tiers par Habitat & Humanisme, EHD gardera le dernier tiers. D’ici là, «nous faisons un appel pour constituer un groupe projet pour l’animation du site : nous avons besoin de recruter un animateur et des bénévoles sur Douai pour assurer cette écoute auprès des futurs résidents», annonce Françoise Delvoye qui recherche également de nouveaux mécènes pour équiper les locaux communs et financer le fonctionnement des lieux.