La R&D: le pari gagnant de la Picardie

Dans le cadre du Printemps de l’industrie, une conférence dressant un état des lieux de la recherche en Picardie s’est tenue fin mars à la Comédie de Picardie (Amiens). L’occasion de revenir sur 30 ans de Recherche et de développement au service de l’innovation et de la compétitivité en Picardie.

La R&D: le pari gagnant de la Picardie

La R&D et l’innovation sont des vecteurs d’avenir. La montée en gamme apparaît en effet comme la solution la plus viable pour résister dans une économie mondialisée », lance Marc Chevalier, journaliste économique en introduction de la conférence : “État des lieux et perspectives de la recherche en Picardie”. Au sein de l’Union européenne, seuls quatre pays totalisent 65% de la dépense R&D. Le retard de l’Europe en matière d’innovation semble se creuser, comme le souligne Marc Chevalier : « Sur les 100 entreprises les plus high-tech, seules huit sont européennes. Des actions ont été menées pour remédier au problème et favoriser la R&D : en Europe avec la stratégie de Lisbonne, en France avec le Crédit d’impôt recherche (CIR) et la création en 2005 des pôles de compétitivité, et en Picardie avec la stratégie de développement économique du conseil régional basée sur la recherche et l’innovation, les filières d’avenir…» La Picardie est en effet la 16e région française en matière d’effort de R&D. Elle consacre ainsi 1,2% de son PIB à ce secteur. « La dépense de R&D en France est à 79% portée par le secteur privé. On retrouve ce cas de figure en Picardie. Néanmoins, depuis 2005, la tendance semble s’inverser avec une nette progression des dépenses R&D en provenance du secteur public », déclare Yvonne Pérot, directrice régionale de l’Insee Picardie.

Repenser son développement
« Il y a une trentaine d’années, la région était considérée comme un désert scientifique, souligne Slim Thabet, chargé de mission stratégies industrielles au conseil régional de Picardie. En l’espace de 30 ans, sous l’impulsion des institutions publiques et des entreprises, une véritable stratégie a émergé. Cela n’a pas été facile, d’une part à cause des spécificités de notre économie, tournée à l’époque vers le fordisme et l’industrie d’entrée et de moyenne gamme, et d’autre part à cause de la position géographique de notre région coincée entre l’Îlede- France et le Nord – Pas-de- Calais. Malgré cela, aujourd’hui les projets de R&D fleurissent. Le conseil régional a d’ailleurs pour ambition de positionner la région sur un nouveau mode de développement tourné vers l’écologie industrielle. » Pour ce faire, le conseil régional et ses partenaires ont travaillé afin d’associer étroitement les entreprises et les institutions d’enseignement supérieur et de recherche du territoire. « Avant d’être bon, il fallait être différent. C’est la loi de décentralisation et les premières assises de la recherche qui ont permis d’insuffler les prémices d’une stratégie de recherche en Picardie, évoque Daniel Thomas, professeur à l’Université technologique de Compiègne (UTC) et 1er vice-président du pôle de compétitivité IAR. Dès le début des années 1980, nous étions conscients de l’épuisement des énergies fossiles et de la nécessite de trouver une alternative. Nous avions déjà à l’époque pensé aux biomasses. Il fallait juste dégager une stratégie de développement avec une forte pertinence technologique. Si nous n’avions pas fait ce choix, nous aurions du mal aujourd’hui à exister. » La Picardie a bel et bien su se positionner et saisir le potentiel offert par la recherche. Elle est ainsi la 2e région française en matière d’investissements d’avenir.