La PME familiale devenue experte de l'économie responsable

À l'occasion du World Forum 2016 dédié à l'économie responsable, l'entreprise Clayrton's, spécialiste de l'emballage floral et festif, nous a ouvert ses portes. Immersion au cœur du site de production roubaisien.

Tristan Le Poutre, co-directeur de l'entreprise lors de la visite le 12 octobre.
Tristan Le Poutre, co-directeur de l'entreprise lors de la visite le 12 octobre.


 

D.R.

Tristan Le Poutre, codirecteur de l'entreprise, lors de la visite le 12 octobre.


 

Depuis plusieurs années, Clayrton’s avance à grands pas sans trop faire de bruit. Mais depuis sa distinction aux Trophées de l’économie responsable en juin dernier, l’entreprise roubaisienne est sous le feu des projecteurs. En 2007, la société nordiste entreprend une démarche RSE sans savoir qu’elle deviendra la clé de son succès. «J’avais envie d’orienter l’entreprise dans une nouvelle stratégie en associant écologie et économie. Lorsqu’on a conscience du dérèglement climatique, de l’épuisement des ressources et de la perte de la biodiversité, il n’est plus possible de produire comme il y a vingt ans», explique Tristan Le Poutre, codirecteur avec son frère de l’entreprise familiale fondée en 1968. Le virage stratégique initié en 2007 s’accompagne d’un repositionnement précis : sublimer la valeur du cadeau grâce à un emballage esthétique et émotionnel, le plus respectueux possible de l’environnement. Grandes surfaces, grossistes, chaînes de fleur, artisans fleuristes ou encore agences événementielles, Clayrton’s livre ses produits à un vaste réseau de clients. De la production à la création, jusqu’au merchandising, l’entreprise s’appuie sur une palette de compétences, «ce qui fait notre force» résume le gérant. Avec 18 millions de chiffre d’affaires, Clayrton’s se positionne comme leader sur le marché français de l’emballage floral et festif. Elle figure parmi les trois principaux acteurs européens du marché. Pourtant, il y a dix ans, Tristan Le Poutre l’assure, personne ne croyait en sa démarche. Lui y a cru.

 

Economie responsable. Impression des produits aux encres à l’eau, tri des déchets et gestion des énergies : la production a été entièrement repensée. «Tous les déchets de production sont triés et revalorisés. Il y a plusieurs conséquences à cela : un gain de consommation d’eau, de gaz, une baisse de 18 tonnes d’émissions annuelles de CO2.» Sur les 10 à 15 tonnes de matières finies expédiées chaque jour de la plate-forme logistique à Tourcoing, 20% sont faites en ferroutage, «ce qui diminue le nombre de camions sur les routes» glisse le manager. Chez Clayrton’s, même les collaborateurs sont formés à l’écoconduite afin de diminuer la consommation de gazole. «En multipliant les bons gestes au quotidien, on provoque une prise de conscience globale», explique le directeur.

 

Réinsertion. Clayrton’s aide à la réinsertion des personnes en difficulté, grâce notamment à deux partenariats clés avec l’Ecole de la deuxième chance (E2C) et l’entreprise de réinsertion Insercroix.

Plusieurs personnes viennent récemment de renforcer l’effectif déjà existant (une soixantaine de collaborateurs en CDI et une quinzaine en CDD et intérim). «Une prochaine vague de recrutement n’est pas à exclure en 2017», annonce Tristan Le Poutre

 

Formation. Dans sa démarche RSE, l’entreprise a vocation à former les futurs fleuristes par l’intermédiaire de sa Clayrton’s Academy, qui organise un concours national d’emballage ouverts aux apprentis fleuristes (CAP ou BP). Mais, depuis 2015, le concours a pris une nouvelle dimension internationale en s’ouvrant à la Belgique, au Luxembourg et à la Suisse. «En 2015, 700 candidats et 41 écoles ont participé contre plus de 1 000 candidats et 51 écoles en 2016, se réjouit le natif du Nord. Cela montre la puissance de notre concept, nous sommes devenu une institution.»

 

Pari réussi. En 2014, la stratégie porte enfin ses fruits et Clayrton’s bat son record de chiffre d’affaires. «On ne peut pas récolter les fruits tout de suite, il nous a fallu sept ans. La RSE n’est pas forcément un coût, elle est rentable contrairement à ce que beaucoup pensent», estime Tristan Le Poutre. La même année, la situation économique de l’entreprise permet de racheter le concurrent Créastyle. «Nous sommes aujourd’hui perçu comme une entreprise experte de son marché et créatrice, car nous lançons chaque année une innovation de rupture», indique fièrement le directeur.

À l’avenir, l’entreprise souhaite transmettre et préserver sa stratégie RSE. Mais, pour l’heure, elle ambitionne de bousculer le concurrent néerlandais. Rivaliser pour commencer pour le devancer ensuite ? Plus rien ne semble arrêter la PME roubaisienne.