La plate-forme CBD produit des sables concassés pour la construction

Grâce au développement d’un trafic de granulats marins et terrestres, le port de commerce de Boulogne-sur-Mer retrouve des volumes jamais connus depuis le départ, en septembre 2003, du sidérurgiste Comilog, implanté bord à quai. Extraction, transformation, commercialisation et services : les trois secteurs - primaire, secondaire et tertiaire – sont ici réunis dans un partenariat gagnant pour tous.

Grâce à sa plate-forme portuaire, CBD produit des sables concassés et des gravillons à partir du tout-venant marin, en fournissant un complément de gamme aux Carrières du Boulonnais.
Grâce à sa plate-forme portuaire, CBD produit des sables concassés et des gravillons à partir du tout-venant marin, en fournissant un complément de gamme aux Carrières du Boulonnais.
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De g. à dr., Alain Caillier, directeur délégué du port de Boulogne, Tom Janssens, directeur de DEME Building Materials, Gilles Poulain, PDG du Groupe CB, Paulette Juilien-Peuvion, conseillère régionale des Hauts-de-France, et Olivier Barbarin, maire du Portel.

 En six mois, le port de commerce, implanté sur les communes de Boulogne et du Portel, a déjà réalisé son tonnage total de 2015. C’est ce qu’a voulu saluer la société CBD, le 24 juin, en inaugurant sa nouvelle plate-forme (18 700 m² au lieu de 7 500 m² en 2012) du quai de l’Europe, entrée en fonction il y a un an. CBD a été créée en 2011 par le groupe Carrières du Boulonnais, propriétaire exploitant dans le Pays de Marquise du plus grand bassin carrier de France, et DEME Building Materials, une filiale du groupe DEME (4 600 salariés dans le monde), devenue au lendemain du Brexit le n°1 de l’Union européenne dans le domaine du dragage en mer. Boulogne profite ainsi de sa position au centre des gisements de DEME de part et d’autre du pas de Calais − côté anglais et côté français − et de sa proximité avec ceux du Benelux.

Une activité durable. CBD commercialise des sables marins en l’état mais produit aussi désormais, directement sur le quai, des sables concassés et des gravillons, à partir du tout-venant marin extrait dans l’estuaire de la Tamise, au large de la Belgique ou en Manche. Car, explique Tom Janssens, directeur général de DEME Buildings Materials, “la réduction des ressources de granulats d’origine terrestre fait de la solution marine une alternative durable et innovante, surtout dans les régions côtières“. Son objectif affiché est un trafic annuel de 600 000 tonnes.

Le dragage et le transport à Boulogne se font au moyen de deux navires munis de puissantes dragues aspiratrices. Le Charlemagne et le Victor Horta (de l’armateur suédois ATOB), d’une capacité de 10 000 tonnes, débarquent régulièrement à Boulogne sables et graviers, dragués puis asséchés durant leur transport. Grâce à leur puissante pompe immergée, ces dragues suceuses, d’une longueur de cent mètres, aspirent les granulats jusqu’à 60 mètres de profondeur. Leur installation de déchargement, très efficace, intègre un tapis roulant qui offre un rendement de 2 400 tonnes à l’heure.

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La drague aspiratrice Victor Horta peut draguer, transporter, drainer et décharger par ses propres moyens 10 000 tonnes de matériaux prélevés dans les fonds de la Manche ou de la mer du Nord.

 Sables, graviers, pierres et roches. En six mois, CBD a ainsi importé 68 000 tonnes de granulats marins à destination des bétonniers régionaux, mais le groupe CB a également exporté 215 000 tonnes de pierre à chaux et 5 000 tonnes d’enrochements destinés à renforcer la protection du littoral en Angleterre.

Car la filière granulats du groupe CB développe parallèlement un trafic régulier de pierres à chaux à destination de la Scandinavie. “Cette pierre, précise Pierre Proye, directeur général de la filière granulats du groupe, est particulièrement appréciée pour sa très haute qualité chimique par l’industrie sidérurgique du Danemark, de Suède ou de Finlande.” Un camion part de Ferques (à 25 km au nord de Boulogne) toutes les trois minutes en direction des ports de Boulogne et Calais. De quoi alimenter à Boulogne un stock bord à quai d’une capacité de 25 à 30 000 tonnes.

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Grâce à sa plate-forme portuaire, CBD produit des sables concassés et des gravillons à partir du tout-venant marin, en fournissant un complément de gamme aux Carrières du Boulonnais.

 De nouveaux trafics au port. Par ailleurs, le transitaire Eurodocks Services, manutentionnaire de CBD, a initié de nouveaux trafics en 2016 − bois broyé pour chaufferies (aussi bien à l’export qu’à l’import), marbre de Carrare, clinker… −, tout en développant son export d’aliments déshydratés pour le bétail (pellets de luzerne, drêches de blé, tourteaux de tournesol ou de colza) vers le Maroc ou la Grande-Bretagne. “Le port a l’avantage d’être accessible, 24 heures sur 24 et 365 jours sur 365, à des navires de moins de 6 mètres de tirant d’eau“, explique Jean-Claude Herbez, responsable du site d’Eurodocks. L’arrivée promise, par la Société d’exploitation des ports du Détroit et les collectivités territoriales, de deux grues (180 et 150 tonnes) devrait encore accentuer le renouveau du port de commerce.

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Jean-Claude Herbez, responsable de l’agence de Boulogne d’Eurodocks Services, devant un stock de 12 000 tonnes de pierres à chaux destinées essentiellement à la sidérurgie scandinave.

CB, un groupe international né dans le Boulonnais

Disposant encore de plus de cent ans de réserves, Carrières du Boulonnais est depuis près de 120 ans un acteur important du développement et du dynamisme local, avec 6 millions de tonnes de matériaux (sables, gravillons, castines, pierres à chaux, enrochements…) produits annuellement pour les marchés régionaux et plus lointains de l’industrie et du BTP. La filière granulats du groupe CB est donc désormais présente sur les trois ports du littoral, soit en direct pour l’exportation de pierres calcaires via Calais et Boulogne, soit via CBD pour l’importation et le traitement de granulats marins à Dunkerque et Boulogne.

Développé autour du socle historique Carrières du Boulonnais, Groupe CB, 100% indépendant autour de la famille Poulain, s’est diversifié au fil du temps. Il regroupe aujourd’hui trois métiers – granulats, bétons prêt à l’emploi, réfractaires –, emploie 600 personnes et réalise un quart de son chiffre d’affaires (200 millions d’euros) à l’international.

DEME, un leader du génie maritime

DEME Building Materials est une société belge spécialisée dans le dragage en mer des granulats utilisés dans la construction civile. Elle produit annuellement 5 millions de tonnes pour le marché de construction européen, notamment en France, au Benelux et au Royaume-Uni. Elle est née du désir de diversification, tout en restant concentrée dans les activités maritimes, de sa maison mère, le groupe DEME, leader mondial dans plusieurs disciplines hydrauliques complexes.

Guidée par la nécessité de relever plusieurs défis d’envergure planétaire (notamment l’augmentation du niveau des océans, la diminution des ressources de matières premières, le besoin croissant d’énergie, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la pollution des voies navigables et des sols), DEME, au départ spécialisée uniquement dans le dragage et la poldérisation, s’est transformée pour devenir un groupe environnemental de génie maritime multidisciplinaire agissant à l’échelle mondiale.

S’appuyant sur plus de 140 ans d’expérience et sur l’une des flottes les plus sophistiquées et les plus polyvalentes du secteur, le groupe a ainsi investi dans des projets d’énergies renouvelables, la fourniture de services aux secteurs pétrolier et gazier, la décontamination et le recyclage de terres et boues polluées, comme dans l’extraction de ressources marines.

Le groupe DEME, qui emploie 4 600 salariés dans le monde pour un chiffre d’affaires annuel de 2,35 milliards d’euros, a été élu “Entreprise belge de l’année 2015”.