La performance des exploitants de RER n'est "pas satisfaisante", épingle la Cour des comptes

La Cour des comptes a estimé mercredi dans un rapport que les performances des exploitants du RER en Ile-de-France — la RATP et la SNCF — étaient "peu satisfaisantes", appelant à plus de contrôles, d'investissements et...

Un train de la ligne RER B à la gare de Châtelet-les Halles à Paris, le 9 décembre 2019 © Aurore MESENGE
Un train de la ligne RER B à la gare de Châtelet-les Halles à Paris, le 9 décembre 2019 © Aurore MESENGE

La Cour des comptes a estimé mercredi dans un rapport que les performances des exploitants du RER en Ile-de-France — la RATP et la SNCF — étaient "peu satisfaisantes", appelant à plus de contrôles, d'investissements et à un changement d'organisation sur la ligne B.

"C'est un bilan clairement en demi-teinte", a résumé devant la presse le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, affirmant que les performances des exploitants "n'étaient pas satisfaisantes" et "restaient en deçà des objectifs".

"Les lignes B et D, qui cumulent un fort trafic, un taux de ponctualité médiocre et une hausse prévisible de la fréquentation, sont les plus préoccupantes", a-t-il critiqué, épargnant la ligne A "qui a bénéficié de nombreux investissements". Les lignes B et D sont "saturées", leur capacité "plafonne", alors que "leur trafic augmente de 2% par an depuis 2010", décrit la Cour des comptes dans son rapport.

L'exploitation conjointe de la ligne B par la RATP et la SNCF est, en particulier, "inadaptée", "trop complexe, voire illisible", selon le rapport. La Cour des comptes plaide pour "une organisation nouvelle, adaptée à une logique de ligne", "sans attendre l'ouverture à la concurrence en 2040". 

Globalement, "le RER souffre d'un sous-investissement certain, caractérisé par des retards et un effort d'entretien insuffisant des infrastructures", a déploré M. Moscovici. 

Face à certaines rames datant des années 1980 ou des caténaires centenaires "presque sans roues", c'est une "nécessité, voire une urgence" pour Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports collectifs franciliens, et ses opérateurs "d'investir conjointement", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, IDFM "regrette que la cour minore ou ne prenne pas en compte un certain nombre d'actions concrètes et d'efforts déjà engagés", notamment sur la propreté, l'accessibilité ou l'information voyageur.

La ponctualité de "l'ensemble des lignes de RER" est "en nette progression" depuis 2016, "excepté la ligne B", note aussi IDFM.

M. Moscovici a aussi pointé du doigt l'absence de "responsabilité directe" de SNCF Réseau dans l'entretien des infrastructures, ce qui crée une "asymétrie flagrante" avec la RATP. Pour y remédier, il préconise d'associer "contractuellement" cette entité indépendante de la SNCF à IDFM, via une forme d'intéressement financier.

De son côté, IDFM "déplore" le fait qu'un "contrat avec SNCF Réseau ne puisse être établi", ce qui "serait un moyen prépondérant pour accélérer les travaux de rénovation des infrastructures ferroviaires en Ile-de-France".

Par ailleurs, IDFM "souhaite négocier un contrat bilatéral avec SNCF Gares & Connexions".

En outre, la Cour des comptes conseille de mettre en œuvre une "stratégie d'audit des opérateurs" et demande que la méthode des enquêtes de satisfaction qu'ils doivent réaliser chaque année — conditionnant une partie de leur bonus-malus — soit revue. 

En effet, après avoir elle-même interrogé 4.000 voyageurs réguliers, la Cour s'est aperçue que les taux de satisfaction étaient "plus modestes" que dans ces enquêtes, où les opérateurs n'accordaient pas assez de poids à la ponctualité et la fréquence des trains.

"Évidemment, [ce changement de méthodologie] aura un impact sur les bonus-malus", a souligné M. Moscovici. 

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