Entreprises
La Moselle n’a jamais créé autant d’entreprises
Le cru 2024 explose tous les records de créations d’entreprises en Moselle. Elles seront ainsi plus de 12 000 nouvelles entités à avoir été lancées cette année. + 44 % par rapport à 2019 ! Les incertitudes socio-économiques ne sont pas un frein. Elles semblent convaincre de plus en plus de femmes et d’hommes à franchir le Rubicon.
Il y a d’abord les chiffres. 2024 va voir un nouveau record battu en Moselle : celui des créations d’entreprises. Fin novembre, la donnée s’affichait, selon les données de l'Insee, à 11 231, soit quasiment celle pour l’ensemble de l’année 2023. Le frémissement date de 2020. Dans un exercice, pourtant contraint par la pandémie, le nombre de créations faisait déjà mieux que ceux vus avant les années Covid. Alors, qu’est-ce qui pousse tant de Mosellanes et Mosellans à se lancer dans l’entrepreneuriat ? En cela, leurs motivations ne différent pas ce qui est mesuré dans l’Hexagone : «pour exercer une activité conforme à mes valeurs», «réaliser un rêve», «être mon propre patron». Ce sont là les trois appétences les plus citées par les porteurs de projet, selon l'indice entrepreneurial français, publié en 2023 par Bpifrance et l'Ifop. S'ils étaient leur propre patron, sept Français sur dix considèrent même «qu'ils trouveraient plus de sens à leur travail au quotidien», précise un sondage OpinionWay.
Salarié et entrepreneur
Au-delà
de la quête de sens et des convictions profondes,
l'entrepreneur puise sa motivation dans un désir profond
d'indépendance, choisie ou contrainte. Avec une nuance. La
conjoncture économique a beaucoup plus impacté les hommes porteurs
de projet, dont la part en recherche d'emploi est le double de celle
des femmes. Ils sont 40 % à avoir réfléchi à se mettre à leur
compte contre 24 % des femmes, selon l'Observatoire de la création
d'entreprise chez Bpifrance. L'entrepreneuriat peut aussi s'imposer à
certains, en l'absence de perspective dans le salariat. La création
d'entreprise entre progressivement dans les projections de carrière
de beaucoup. Au sein de la chaîne entrepreneuriale qui comprend les
intentionnistes, porteurs de projet, chefs d'entreprise et ex-chefs
d'entreprise, les jeunes de moins de 30 ans les plus nombreux.
Leur nombre a même doublé depuis 2018. Les jeunes sont encouragés
dans cette voie, appuyés par les politiques publiques : création
des incubateurs dans les écoles, puis du statut
étudiant-entrepreneur en 2014. L'entrepreneuriat attire aussi
d'ex-salariés aspirant à un changement de vie. Le sentiment d'être
un simple exécutant, l'ennui (bore-out) et la routine, autant de
raisons qui motivent les salariés à se tourner vers la création
d'entreprise. Entreprendre peut être aussi perçu comme un
passage, un moyen pour s'aider à rebondir. Dans une carrière
professionnelle, il y a de plus en plus une alternance entre le
salariat et l'entrepreneuriat. On observe enfin, qu’à coté de
leur poste de salarié, un nombre croissant de personnes développent
aussi leur propre entreprise. Un vrai changement de paradigme.