La moquette grand luxe de Lille à Londres

Spécialiste de la moquette, l’entreprise familiale Catry vient de rénover son showroom lillois. Et ne va pas tarder à en ouvrir un autre, au cœur de Londres.

Caroline Catry a pris les rênes de l'entreprise familiale en 2008.
Caroline Catry a pris les rênes de l'entreprise familiale en 2008.
D.R.

Caroline Catry a pris les rênes de l'entreprise familiale en 2008.

Boudée depuis les années 1990, la moquette redevient ces derniers temps la coqueluche des magazines de décoration. Un retour de flamme salutaire pour les fabricants, à l’instar de Catry, entreprise familiale basée à Roncq, spécialisée depuis 1912 dans la moquette haut de gamme. Après des années difficiles, le fabricant recommence à voir la vie en couleurs. Les quelque 80 teintes de son nuancier, ainsi que ses modèles très variés ornent à nouveau magasins de luxe, institutions et appartements bourgeois. Le fabricant vient d’ailleurs de rénover son showroom lillois, rue Esquermoise, qu’il occupe conjointement avec le décorateur Thierry Motte. Un nouveau départ pour l’entreprise, dirigée depuis 2008 par Caroline Catry, issue de la quatrième génération de la famille. «Les années 90 ont été très compliquées pour nous, la moquette est vraiment passée de mode à ce moment-là, le marché a dégringolé à cause d’une mauvaise réputation injustifiée, alors que la moquette est le revêtement de sol le plus sain. À l’époque, nous étions une cinquantaine chez Catry, on a dû licencier… Aujourd’hui, nous sommes 22, et grâce à un chiffre d’affaires de 2 M€, et une bonne rentabilité, nous sommes en mesure de réembaucher», se réjouit la dirigeante.

Beaux marchés. Si dans la tourmente, le marché de la décoration s’est effondré pour Catry, l’entreprise doit avant tout son salut à sa position de leader sur les tapis d’escalier. Catry produit en effet toutes ses moquettes en 70 cm de large, la taille standard pour réchauffer les cages d’escalier. L’entreprise a donc pu conserver une large clientèle de syndics d’immeubles, pour qui elle a développé une gamme spécifique qui lui a permis de tenir. Mais si, autrefois, les syndics constituaient 70% de son chiffre d’affaires, ils n’en représentent plus que 40%. Au contraire, la clientèle des particuliers, de l’hôtellerie ou des institutions a repris le dessus et va croissant. Catry a d’ailleurs pu obtenir de très beaux marchés, comme le remplacement des moquettes de l’hémicycle de l’Assemblée nationale, ou celles de la coupole de l’Académie française, ou encore celles du Conseil économique et social, certaines moquettes de l’Elysée, ou celles d’ambassades. Le reste du chiffre est réalisé grâce à la vente directe aux particuliers ou par le biais de décorateurs ou d’architectes, séduits par la qualité des matériaux et la diversité des motifs proposés. «Nous travaillons la laine, la soie ou le cachemire en tissage Wilton, traditionnel, sur des machines centenaires, que nous entretenons avec soin. Cette technique permet une très grande finesse du dessin et une impeccable tenue dans le temps. Nous faisons du sur-mesure, les clients peuvent choisir eux-mêmes les motifs et les couleurs qui leur conviennent, ou nous proposer des motifs. Nos lés sont ensuite assemblés sur place par des artisans, ils ne sont pas collés mais montés sur une thibaude, ce qui offre plus de confort et d’isolation.» Surtout, Catry surfe sans effort sur la mode des motifs et coloris vintage, qui reviennent en force ces dernières années. Il lui suffit de piocher dans son trésor de guerre, les quelque 10 000 dessins d’archives pieusement conservés au fil de ses 102 ans d’activité. Et Catry continue bien sûr de créer de nouveaux motifs, en mettant notamment à contribution des écoles de design, au travers d’un concours annuel s’adressant aux étudiants.

Showroom londonien. Désormais associée à son frère Eric, qui prend davantage en charge la production, Caroline Catry se consacre davantage à la communication autour de la marque et de ses produits, que ce soit à Paris, où Catry a ouvert un showroom il y a un peu plus d’un an, à Lille, où le showroom rénové vient donc de rouvrir, et bientôt à Londres. L’entreprise y ouvre son premier espace à l’étranger. «Actuellement, nous réalisons 15 à 20% de notre chiffre d’affaires à l’étranger. Nous avons notamment, depuis une vingtaine d’années, des agents commerciaux à New York, qui sont très actifs. Nous envisageons d’ailleurs d’être bientôt présent dans d’autres Etats américains. Et nous ouvrons cet automne un showroom de 130 m² à Londres, en plein Chelsea, que nous partagerons avec d’autres marques françaises, à la démarche similaire à la nôtre. Nous pensons que Londres a un très fort potentiel pour nous, la clientèle anglaise pourrait se montrer très sensible à nos produits. L’objectif, c’est de passer, à moyen terme, à au moins 30% du chiffre d’affaires réalisé à l’international.»