Rencontre avec Antoine Litton, gérant de la société All in Bat
«La hausse phénoménale du bois et des tuiles va se répercuter sur le client»
Comme de nombreux entrepreneurs du bâtiment, il se montre inquiet face à la pénurie de matériaux et l’augmentation constante des prix. Rencontre avec Antoine Litton, gérant de la société All in Bat.
Il a démarré seul il y a une dizaine d’années, après avoir fait ses armes en tant que salarié. Lorsqu’il fonde son entreprise, Antoine Litton se spécialise dans les travaux d’aménagement intérieur avant de s’orienter vers les travaux de couverture du fait, notamment, de l’embauche de deux spécialistes du domaine. «Cela représente désormais 80% de notre chiffre d’affaires, les gens nous connaissent pour ça, assure-t-il. En parallèle, nous intervenons sur de la maçonnerie, des travaux d’extension, en neuf et rénovation.»
Des délais de livraison qui explosent
La société domiciliée à Gondecourt intervient auprès des particuliers et dispose de partenariats avec les constructeurs de la région, comme Demeures du Nord ou Maison Eureka. Antoine Litton et son équipe interviennent ainsi sur une vingtaine de constructions par an, ainsi que sur des projets de rénovation : «Cela nous permet de ne pas faire la même chose tous les jours.» Une entreprise qui «tourne bien», pour reprendre les mots de son gérant, malgré la conjoncture. «Nous n’avons pas été impacté car nous avons toujours continué à travailler… Il y a eu quelques problèmes d’approvisionnement les premiers mois, mais nous avions anticipé plusieurs chantiers, donc nous avions de quoi voir venir. Mais depuis six mois, cela se durcit sur le matériel.»
"Sur le bois par exemple, aujourd’hui il y a du stock, mais à des prix pharaoniques ! A cause de la pénurie aux Etats-Unis et en Chine, les tarifs du sapin français ont explosé !» Une augmentation exponentielle qui touche également les tuiles, matériau incontournable de l’activité d’All in Bat. «Les fabricants ont souffert et les stocks sont faibles, donc il n’y en a plus assez pour tout le monde. Et de nombreux modèles se sont arrêtés, donc nous n’avons plus toujours le choix. En temps normal, j’appelais le jeudi soir, le lundi matin j’étais livré sur mon chantier, je ne me posais même pas la question. Aujourd’hui, on nous annonce des délais de trois mois ! Jusqu’à présent, nous n’avons pas été pénalisé, mais là ça commence à devenir compliqué. Nos fournisseurs nous demandent d’anticiper, donc on essaie de s’organiser autrement.»
Une hausse de 10% en janvier et de 15% en mars
Conséquence indirecte de la crise énergétique, les tarifs des tuiles augmentent également de façon considérable. «On a pris 10% en janvier, 15 % en mars, et on nous annonce encore de nouvelles hausses. Mais on ne peut pas demander aux clients de sortir leur carnet de chèque pour des devis émis il y a six mois, ce n’est pas possible. Mais la hausse phénoménale du bois et des tuiles va se répercuter sur le client, les coûts de construction vont exploser.» Une conjoncture qui «commence à m’inquiéter», concède l’entrepreneur. «Les délais augmentent, des chantiers sont à l’arrêt à cause de la pénurie de briques… Nous sommes une petite entreprise, donc nous aurons toujours des clients. J’ai peur de manquer de matériel et que les projets soient repoussés...»