Agroalimentaire

La Frite qui Plé attend des jours meilleurs à Tours-en-Vimeu

Il y a sept ans, la famille Plé se lançait dans la transformation et la livraison de frites fraîches sous vide auprès notamment des restaurateurs. Après des années fastes, cette activité a régressé à cause de la pandémie.

Marc-Antoine Plé a souhaité se diversifier, pour apporter une plus-value à la production de pommes de terre.
Marc-Antoine Plé a souhaité se diversifier, pour apporter une plus-value à la production de pommes de terre.

En ce jeudi matin, la conditionneuse qui lave puis coupe les pommes de terre pour faire des frites tourne à plein. Cela fait sept ans que la famille Plé s’est lancée dans cette activité : « J’étais revenu sur l’exploitation, raconte Marc-Antoine Plé, 27 ans, qui co-gère avec son père Nicolas. J’ai voulu me diversifier, apporter une plus-value à la production de pommes de terre, de la culture jusqu’à la vente. Ces terres limoneuses profondes sont idéales pour cela. »

Trois tailles de coupe

Restaurants à 80%, collectivités (collèges, lycées), friteries, associations… ont été rapidement séduits par le concept de frites fraîches conditionnées en 2,5 et dix kilos. Les frites sont proposées en trois tailles de coupe : 8 x 8 mm pour une cuisson rapide, 10 x 10 mm destinées aux restaurants et particuliers pour une cuisson standard et 12 x 12 mm pour les friteries. 

La société commercialise aussi des pommes de terre entières, coupées en quart, des lamelles et de la grenaille, les frites représentant 90% des ventes. Une salariée est chargée des tournées, elle livre les professionnels dans un rayon de 40 km autour de Tours-en-Vimeu - du bord d’Amiens jusque Rue - deux fois par semaine. Les particuliers peuvent eux venir sur place.

Les produits sont proposés en sous-vide.

Avec les années, la commercialisation des frites crues sous-vide n’a cessé de croître d’environ 20% par an, mais c’était sans compter sur les aléas résultant de la pandémie - 80% de la clientèle est composée de restaurateurs. 

« Avant le Covid, nous étions à dix/ douze12 tonnes par semaine, précise Marc-Antoine Plé. Là, nous sommes redescendus à cinq/ six tonnes. Et nous sommes plutôt contents, car durant un an, avec la fermeture des restaurants, nous étions quasiment à zéro tonne. L'activité repart, mais cela reste compliqué, beaucoup d’établissements n’ont plus assez de main d’œuvre et ne savent pas combien ils vont avoir de clients à servir… Ils préfèrent acheter des frites précuites. Nous restons toutefois optimistes pour la suite. »

À cela s'ajoutent l'augmentation du prix de l’huile : « Les 25 litres sont passés en moins d'un an de 38 euros à plus de 100 euros, informe Marc-Antoine Plé. Les prix montent toutes les semaines et nous n’avons le droit qu’à deux bidons. Les friteries essaient de changer de technique en utilisant de l’huile de palme ou du blanc de bœuf. Mais le goût en est modifié et les corps gras sont décriés… »

Au total, l’exploitation familiale se développe sur près de 400 hectares dont 160 dédiés aux pommes de terre (entre 7 et 8 000 tonnes par an) et 80 au lin. Heureusement pour la famille Plé, elle peut commercialiser les pommes de terre non transformées auprès de ses clients industriels belges. L’entreprise, qui compte cinq salariés et trois apprentis, réalise aussi du travail à façon pour d’autres agriculteurs (plantation de pommes de terre, culture du lin…).

Elle se doit d’augmenter ses tarifs d’intervention à l’hectare : « Nous avons subi une hausse de l’engrais et du gazole de 300 000 euros avant de commencer, se désole Marc-Antoine Plé. Nous avons les salariés et investissements, comme le matériel et le nouveau hangar de 1 600 m² à payer. Nous n’avons pas de choix : il faut continuer. »