La FNAB pousse des coudes

C’est l’an I de l’agro-écologie assène le ministère de l’agriculture. Après le vote de sa loi, à l’automne dernier, qui doit donner une orientation “plus écologique” à cette partie de l’économie française, Stéphane Le Foll tourne en région pour assurer le service après-vente : intégration de la méthanisation dans le secteur, introduction de critères environnementaux dans les baux ruraux, résiliation de baux plus facile pour des preneurs en incapacité de travail, élargissement de la gouvernance dans les SAFER… La loi supprime la notion de surface minimale d’installation (SMI) et la remplace par une notion d’activité minimale d’assujettissement (AMA) qui s’articule autour du temps de travail nécessaire à la conduite d’une activité sur une surface donnée et sur le fait que la mise en valeur de la surface doit être au moins égale à celle des anciennes SMI (article 33)… L’article 35 crée aussi un registre des actifs agricoles où tout chef d’exploitation sera inscrit. L’ensemble est large et les domaines touchés, nombreux. L’avenir dira s’il y a une cohérence.

“On attend les commandes“. A la FNAB, on travaille en profondeur : le séminaire du 12 février dernier a mis l’accent sur le dialogue territorial. En visite à Vieille-Eglise deux jours avant l’assemblée générale à Dunkerque, Stéphanie Pageot, présidente de la Fédération, interpelle régulièrement le ministère sur le lien entre territoire et l’Etat : “On pousse, le réseau doit être plus impliqué dans les gouvernances territoriales. Les surfaces sont grignotées, on perd du temps.” La FNAB affiche 23 plates-formes territoriales agrobiologiques comme celle de Vieille-Eglise, où des producteurs et les collectivités investissent dans des outils mutualisés de transformation. “On attend les commandes” sourit-elle. L’objectif de l’Etat est d’arriver à 20 % de produits bio dans la restauration collective. Les cantines amorcent bien ce virage, mais pas de nouvelles des prisons ou des maisons de retraite… Un guide des appels d’offres est tout de même sorti des bureaux du ministère.

“L’Etat ne fera pas à votre place“. Le ministre de l’Agriculture a participé à la 27^e assemblée générale de la FNAB à Dunkerque. Stéphane Le Foll s’y est exprimé : “On m’a présenté comme le fossoyeur de l’agriculteur biologique, ce que je ne suis absolument pas. Je soutiens l’agriculture biologique dans une stratégie de doublement de surface. On a un engagement commun à prendre pour convertir des surfaces et les maintenir.” Et de rappeler : “L’Etat est là pour fixer des objectifs de moyen et long terme et mettre en cohérence, mais il ne fera pas à votre place.” Côté FNAB, sa présidente, Stéphanie Pageot, productrice de lait en Loire-Atlantique, a reconnu que l’agriculture biologique commençait à prendre sa place : “C’est vrai que nous sommes entrés dans le comité national des transmissions-implantations.” A cet égard, la FNAB pèse dans les choix d’aménagement du territoire. “Mais nous ne sommes pas encore totalement dans les comités régionaux…” Les aides sont aussi un grand sujet d’inquiétude. Quid des aides à la conversion et aux “services environnementaux” que rendent les agriculteurs bio ? “Les agriculteurs ont besoin d’un coup de pouce dans des zones très intensives“, a plaidé Jean-Louis Robillard, vice-président du Conseil régional chargé de la question. En Nord-Pas-de-Calais, seul 1 % de la surface agricole est classé “bio“. Le ministre a promis le doublement des surfaces agricoles d’ici 2017. Pour cela, il faudra faire peser les acteurs bio dans les structures de gouvernance. Partout…