La filière régionale "éolienne en mer" se structure

A l’invitation de Windustry Nord-Pas-de-Calais, de nombreux industriels de la région – grands groupes ou PME – se sont mobilisés à l’antenne boulonnaise de la CCI, le 5 novembre dernier, pour structurer leur filière "éolienne en mer" en vue du troisième appel d’offres lancé par l’État dont on devrait connaître les sites retenus avant la fin de l’année. La Côte d’Opale a deux zones candidates : l’une au large de Dunkerque, l’autre au large de Berck-sur-Mer. Il est déjà temps pour les entrepreneurs régionaux de se placer dans le sens du vent.

Pierre Peysson (àuche) et Vincent Balès.
Pierre Peysson (àuche) et Vincent Balès.

 

D.R.

Pierre Peysson (à gauche) et Vincent Balès.

Acteur pionnier de l’industrie de l’éolien offshore en Allemagne et présent en France depuis près de dix ans, WPD Offshore était déjà colauréat du premier appel d’offres en 2012 sur les sites de Courseulles-sur-Mer et Fécamp. Son PDG, Vincent Balès, a présenté son retour d’expérience de la conception et de la structuration industrielle de la filière «éolienne en mer» en Europe. Dans la lignée du conseil interministériel qui s’est tenu à Boulogne le 25 octobre et à l’aube de la COP21, cet événement démontre l’intérêt grandissant des industriels pour cette nouvelle filière. Il a offert une information sur les opportunités et les critères sur lesquels se fait la sélection des fournisseurs.

«WPD, assure-t-il, entend s’appuyer sur les compétences locales pour les différentes activités liées à la réalisation de ses projets, qu’il s’agisse des prestations de services intellectuels ou de la sous-traitance industrielle.» Quelque 85 entreprises du Nord-Pas-de-Calais ont déjà été répertoriées par Windustry. Les 30 présentes lors de la réunion ont été intéressées par les différents critères exigés pour se qualifier : la maîtrise de l’anglais, les normes de qualité, la capacité à poursuivre des travaux en mer… «A Cuxhaven, 100% des acteurs retenus sont implantés dans un rayon de 100 kilomètres

“Boulogne grand large”. Cette journée a aussi permis à WPD Offshore France de présenter concrètement son projet “Boulogne grand large”, prévu au large de Berck, et de lancer un site internet dédié, www.parc-eolien-en-mer-boulogne.fr, à la disposition surtout des industriels désireux de se faire référencer. «La version initiale a été redimensionnée (divisée par deux) pour tenir compte des enjeux locaux, notamment liés à la pêche, et proposer un prix de production d’électricité très compétitif, explique Vincent Balès. Selon nous, à ce jour, le projet optimum comporterait une quarantaine d’éoliennes pour une puissance de 250 mégawatts répartie sur une surface d’environ 40 km². L’éolienne la plus proche des côtes serait à plus de 15 km au large de Berck et à plus de 20 du Touquet. Il ne nécessiterait plus qu’un seul câble de raccordement jusqu’à la côte, au lieu des deux nécessaires pour les premiers projets français. Donnée essentielle à sa réalisation, nous mesurons depuis un an le gisement éolien réel grâce à un appareil spécifique qui confirme l’important potentiel de la zone, l’un des plus importants en France. Le parc permettra de produire chaque année environ un milliard de kilowattheures à même de répondre à la consommation électrique de 400 000 habitants

Des retombées multiples pour le territoire. Ce chantier titanesque, qui devrait s’achever en 2024, est estimé à un milliard d’euros : fabrication de pièces, fondations, montage des éléments, pose de câbles sous-marins… Si Dunkerque sera le port d’assemblage, actif durant toute la période d’installation du parc éolien, Boulogne sera celui de la maintenance. «Une centaine d’emplois directs – dont une vingtaine de marins –  seraient en poste dans ce port”, précise Pierre Peysson, chef de projet pour WPD Offshore France. De même, les entreprises concernées étant régionales, le projet sera source d’emplois directs : «une bouffée d’oxygène pour le secteur du BTP, un peu sinistré en ce moment“, se réjouit Yann Bernery, responsable commercial chez Colas. Mais quid du Montreuillois, demandent les élus du sud-ouest du Pas-de-Calais, souvent opposés au projet. «Nous verserons deux millions d’euros de dotations chaque année”, leur répond Vincent Balès. L’enveloppe serait répartie entre une quinzaine de communes côtières situées entre Dannes et l’extrémité sud de l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer, selon un ratio entre le nombre d’habitants et la distance séparant la commune des éoliennes. Enfin, une importante dotation bénéficiera au Comité national des pêches maritimes et des élevages marins sur des projets identifiés par le Comité régional des pêches.

Encadré

Côte d’Opale synergie lance un mouvement citoyen

Après avoir organisé le 14 octobre un grand débat sur «La mer, avenir de la Terre», le Cercle Côte d’Opale synergie prend l’initiative de lancer un collectif citoyen pour mettre en valeur les atouts maritimes de la Côte d’Opale et regrouper toutes les bonnes volontés désireuses de s’impliquer dans la «croissance bleue». «Quel modèle économique pour chaque projet ? Comment la population peut-elle s’approprier ces projets ? La société civile doit participer et se mobiliser, car c’est notre avenir”, affirme le président, Johann Duhoo. Un calendrier d’actions, de visites et de rencontres sur ce thème est en cours de mise au point.