La direction d'orchestre : l'art subtil de l'équilibre

Sur scène, par sa présence et ses mouvements, le chef d'orchestre est une vedette, un personnage central et fascinant, un créateur d'harmonie musicale. En coulisses, il est à la fois un technicien, un pédagogue et un artiste.

Arie van Beek est depuis 2011 directeur musical de l'orchestre de Picardie, depuis 2013, directeur musical et artistique de l'orchestre de chambre de Genève, chef d'orchestre résident du Doelen Ensemble à Rotterdam ainsi que chef d'orchestre, professeur et programmateur de concerts au Codarts - Conservatoire supérieur de musique de Rotterdam.
Arie van Beek est depuis 2011 directeur musical de l'orchestre de Picardie, depuis 2013, directeur musical et artistique de l'orchestre de chambre de Genève, chef d'orchestre résident du Doelen Ensemble à Rotterdam ainsi que chef d'orchestre, professeur et programmateur de concerts au Codarts - Conservatoire supérieur de musique de Rotterdam.
Arie van Beek : « Si les gestes sont techniques et communs à tous, l'interprétation et les émotions sont propres à chaque chef d'orchestre. »

Arie van Beek : « Si les gestes sont techniques et communs à tous, l'interprétation et les émotions sont propres à chaque chef d'orchestre. »

Arie van Beek, directeur musical de l’orchestre de Picardie, définit son métier en un mot : « Complexe ». Le métier de chef d’orchestre implique en effet un large éventail de qualités et de compétences d’ordre technique et artistique. « La partie technique de mon métier consiste à coordonner le jeu des musiciens. Il faut que la sonorité collective soit équilibrée, harmonieuse et cohérente. Je donne pour ce faire des indications aux musiciens, par le biais de ma gestuelle, telles que le tempo, la mesure, les dynamiques, etc. Au niveau artistique, avec mon statut de directeur musical, je suis responsable de toute la programmation. J’ai pour tâche de choisir le répertoire, les compositeurs, les chefs d’orchestre invités, les solistes, etc. En tant que chef d’orchestre, je dois livrer ma propre interprétation des œuvres et convaincre les musiciens de mes choix afin de travailler ensemble sur cette interprétation jusqu’à la représentation finale. »

des codes immuables
Autrefois, c’était le compositeur en personne qui se chargeait de faire jouer les musiciens. C’est Hector Berlioz, père de tous les chefs d’orchestre, qui au XIXe siècle développe la technique de direction encore en vigueur de nos jours. Le chef d’orchestre peut être invité ou permanent. Dans ce dernier cas, il est lié par un contrat avec l’orchestre qui l’engage sur plusieurs années. En tant qu’invité, il n’est lié que pour une très courte période correspondant aux répétitions et à quelques concerts. Invité ou permanent, son travail se divise entre la préparation, pendant laquelle il va effectuer des recherches sur l’œuvre et en tirer une interprétation personnelle, les répétitions et les concerts. Durant cette dernière phase, il est debout sur une petite estrade, face à son orchestre et dos au public. Il est guidé dans sa direction par le conducteur, c’est-à-dire une partition d’orchestre qui regroupe toutes les parties instrumentales nécessaires à l’exécution de l’œuvre musicale. En suivant cette partition, il guide et dirige par une série de gestes et d’expressions et à l’aide d’une baguette, l’ensemble des instrumentalistes.

devenir chef d’orchestre

Arie van Beek est depuis 2011 directeur musical de l'orchestre de Picardie, depuis 2013, directeur musical et artistique de l'orchestre de chambre de Genève, chef d'orchestre résident du Doelen Ensemble à Rotterdam ainsi que chef d'orchestre, professeur et programmateur de concerts au Codarts - Conservatoire supérieur de musique de Rotterdam.

Arie van Beek est depuis 2011 directeur musical de l'orchestre de Picardie, depuis 2013, directeur musical et artistique de l'orchestre de chambre de Genève, chef d'orchestre résident du Doelen Ensemble à Rotterdam ainsi que chef d'orchestre, professeur et programmateur de concerts au Codarts - Conservatoire supérieur de musique de Rotterdam.

Si le leitmotiv du chef d’orchestre est de diriger, il n’en reste pas moins un musicien dans l’âme. Arie van Beek a ainsi commencé sa carrière en tant que percussionniste dans des orchestres radiophoniques aux Pays-Bas. À 26 ans, il se dirige vers la direction d’orchestre. Il étudie alors pendant quatre ans au conservatoire supérieur de Rotterdam. « Les chefs d’orchestre commencent souvent leur carrière lorsqu’ils sont jeunes, confie t-il. Après une formation au sein d’une classe de direction d’orchestre, ils peuvent commencer directement en tant que chef ou en tant qu’assistant. Personnellement, j’ai commencé ma carrière en tant que chef invité. À 42 ans, j’ai obtenu mon premier poste de chef d’orchestre permanent à l’orchestre d’Auvergne. »

de l’art de diriger
Si les gestes techniques si représentatifs du chef d’orchestre s’apprennent, aucune formation ne donnera le volet artistique et les qualités psychologiques et pédagogiques si nécessaires pour exercer ce métier, comme le souligne Arie van Beek : « Les gestes sont des éléments techniques du métier, communs à tous les chefs d’orchestre et peuvent donc être compris par tous les musiciens. Néanmoins, il y a certains aspects qui ne pourront jamais s’apprendre, comme la sensibilité musicale. L’aspect psychologique du métier, qui pour moi est le plus difficile s’apprend quant à lui avec l’expérience. Se retrouver seul face à des musiciens de haut niveau qu’il faut convaincre de ses choix, ce n’est pas évident. Il faut gagner leur respect ». En matière de salaire, la rémunération des chefs d’orchestre est un marché libre. Cela dépend de la notoriété du chef et des moyens de l’orchestre. En tant que chef permanent, un salaire mensuel est souvent négocié. Ce dernier peut se situer entre 3 000 et 8 000 euros. Le chef invité recevra quant à lui un cachet entre 3 000 et 10 000 euros. Si le métier peut faire rêver beaucoup de musiciens, il reste difficile d’accès : « C’est un milieu très dur et compétitif. Il y a plus de chefs d’orchestre qu’il n’y a d’orchestres. C’est donc difficile pour un débutant de s’insérer dans le milieu. Il faut qu’il dispose de contacts, qu’il arrive à gagner rapidement le respect des musiciens car il faut comprendre que leurs avis jouent un rôle fondamental dans le succès d’une carrière ». Être chef d’orchestre requiert en outre des qualités et des compétences bien spécifiques comme en témoigne Arie van Beek : « Il faut tout savoir ou presque. Il faut posséder de larges connaissances et une sensibilité musicale, avoir un certain charisme et une autorité naturelle, une très bonne oreille et énormément de concentration. Il faut en effet entendre et voir jusqu’au plus infime détail le jeu des musiciens, être clair dans ses gestes, être minutieux et discipliné. »