La CUD veut accélérer le mouvement
Alors que depuis le 1er septembre, les transports en commun sont gratuits sur l’ensemble du territoire de la communauté urbaine de Dunkerque, la collectivité a organisé les premières Rencontres des villes du transport gratuit afin d’ouvrir le débat sur une pratique qui suscite encore beaucoup de questionnements chez les élus.
Le 1er septembre 2018, la communauté urbaine de Dunkerque est devenue la plus grande métropole européenne à proposer la gratuité pour tous sur son réseau de transports en commun. Ce projet avait été porté dès la campagne électorale pour les municipales de 2014 par l’actuel maire de Dunkerque et président de la CUD, Patrice Vergriete. Il avait alors suscité localement un large débat entre les «pour» et les «contre», une mesure très novatrice que d’aucuns jugeaient irresponsable et irréalisable sur un plan financier. Pensé dès l’installation de la nouvelle majorité en mars 2014, ce projet de gratuité s’est doublé d’une amélioration du service de transports en commun, avec la réalisation de 5 km de voies de bus au cœur de l’agglomération et la mise en place de lignes rapides, avec départ toutes les 10 minutes, pour réduire les temps de parcours.
Volonté politique
Au total, ce sont 65 millions d’euros qui auront été investis. Un choix assumé par le très militant Patrice Vergriete, persuadé que la différence bénéfice-coût est largement à l’avantage du premier et qu’offrir la gratuité des transports en commun est, dans la grande majorité des cas, une affaire de volonté politique. «La gratuité, c’est bon pour l’environnement et c’est rendre du pouvoir d’achat aux habitants», martèle-t-il. Entre l’amélioration de l’offre de service et la perte de la billetterie, le surcoût par an a été estimé à 8 millions, lesquels seront pris en charge par l’augmentation d’un demi-point du taux de versement transport payé par les employeurs pour financer le développement des transports en commun depuis 2011. Sur le territoire de la CUD, il a été porté à 1,55%.
Un rien agacé par les critiques entendues sur ces élus «irresponsables», Patrice Vergriete a souhaité organiser, les 3 et 4 septembre derniers, les premières Rencontres des villes du transport gratuit à Dunkerque. Y assistaient de nombreux élus, parmi lesquels le maire de Châteauroux, Gil Averous, et le maire de Tallinn (Estonie), Taavi Aas, deux agglomérations où les transports en commun sont gratuits (dès 2001 pour Châteauroux et uniquement pour les résidents en ce qui concerne Tallinn), mais aussi des représentants d’un collectif pour la gratuité des transports à Grenoble. L’idée était d’échanger, de mettre en commun des bonnes pratiques, mais aussi d’évoquer les travaux de chercheurs internationaux, de plus en plus nombreux à se pencher sur cette problématique, afin que «le débat autour de cette question monte en gamme et sorte des poncifs et des préjugés», selon les mots de Patrice Vergriete. Il s’agissait aussi et surtout de créer une dynamique en faveur du transport gratuit. Les élus présents ont d’ores et déjà annoncé la tenue d’une nouvelle édition de ces Rencontres à Châteauroux en 2019.