La croissance est-elle durablement revenue en Europe ?

Au premier trimestre 2015, la croissance de la zone euro a été de + 0,4 %, la plus forte hausse trimestrielle depuis 24 mois. Mais cette légère expansion risque fort de ne pas durer si des vents contraires se mettent à souffler…

Au premier trimestre 2015, la croissance de la zone euro a été de + 0,4 %, la plus forte hausse trimestrielle depuis 24 mois.
Au premier trimestre 2015, la croissance de la zone euro a été de + 0,4 %, la plus forte hausse trimestrielle depuis 24 mois.
Au premier trimestre 2015, la croissance de la zone euro a été de + 0,4 %, la plus forte hausse trimestrielle depuis 24 mois.

Au premier trimestre 2015, la croissance de la zone euro a été de + 0,4 %, la plus forte hausse trimestrielle depuis 24 mois.

La bonne nouvelle d’une amélioration a également touché la France, avec une croissance au premier trimestre de 0,6 %, contre 0,4 % prévue (et seulement 0,3 % en Allemagne). Bien que résultant principalement de la baisse des prix du pétrole, qui a conduit à une forte hausse de la consommation des ménages et des stocks des entreprises, le gouvernement n’a pas manqué d’attribuer à sa politique économique tout le mérite de cette hausse.

La croissance : phénomène de
long terme

Il convient d’être très prudent avec cette augmentation trimestrielle PIB, qui s’apparente plus à une expansion à court terme qu’à une croissance véritable, puisque la croissance se définit comme une augmentation sur longue période d’un indicateur production. Mais en raison de l’importance accordée par presque tous gouvernements du monde au chiffre de la croissance – sur lequel est hélas fondé encore trop souvent toute politique économique -, la moindre augmentation du PIB donne lieu à des espoirs de reprise, comme si l’économie allait renouer avec les taux des Trente Glorieuses.

Conjonction de facteurs
momentanément favorables
L’expansion que connaît actuellement la zone euro résulte d’une conjonction facteurs favorables à la demande : dépréciation de l’Euro, niveau très bas des taux d’intérêt, esquisse de redémarrage du crédit aux entreprises, report plus ou moins avoué des mesures d’austérité et surtout baisse importante des prix du pétrole. Mais cela n’est que temporaire et il faut s’attendre à des vents contraires très bientôt. En effet, les taux d’intérêt ont probablement touché un plancher et devraient donc à moyen terme remonter, comme le laisse présager la hausse surprenante des taux souverains en France et en Allemagne, au début du mois de mai.

Croissance dépendante de
l’assouplissement quantitatif
La baisse des taux d’intérêt à long terme dans la zone euro et celle du taux de change de l’Euro face au Dollar, peuvent certes s’expliquer par la relative meilleure santé économique des États-Unis, mais surtout par la politique d’assouplissement quantitatif mise en place par la Banque centrale européenne. Celle-ci consiste en effet dans l’achat, jusqu’en septembre 2016, de titres de dettes par la BCE sur le marché secondaire, pour un volume total de 1 140 milliards d’euros obtenu par création monétaire ! Dès lors, lorsque le quantitative easing (assouplissement quantitatif) prendra fn, les pays de la zone euro devront avoir renoué avec une croissance non dépendante de la politique monétaire, c’est-à-dire fondée sur la consommation des ménages, l’investissement des entreprises et une compétitivité à l’extérieur forte. Sinon, il apparaîtra que tout l’édifice de croissance n’était bâti que sur des effets de richesse et on assistera alors à un contre-choc négatif sur la demande au sein de la zone euro et à une grave récession.

Croissance potentielle faible
La croissance potentielle peut être définie comme celle réalisant le niveau maximal de production sans accélération de l’inflation, compte tenu des capacités de production et de la main-d’œuvre disponibles. Hélas, au vu de la faiblesse de la productivité par tête et de l’évolution de la population active, la croissance potentielle au sein de la zone euro n’atteint plus que 0,5 % (1 % en France). Seul un redémarrage de l’investissement pourrait donc l’orienter à la hausse, car le niveau et la qualité des investissements influent sur la productivité. En définitive, il est quelque peu pathétique de voir, partout en Europe, des ministres de l’Économie s’esbaudir devant des taux de croissance aussi modestes. D’autant que la croissance forte, qu’ils appellent de leurs vœux, bute désormais sur des réalités écologiques, qui seront pourtant au cœur de la conférence COP 21, en décembre prochain, à Paris. Au surplus, les fétichistes du taux de croissance risquent d’être déçus à jamais, car certains économistes pensent que nous sommes entrés dans une époque de déclin de la croissance, appelée «Grande Stagnation». De quoi donner des sueurs froides à ceux qui ne peuvent imaginer un monde sans croissance !

raphaël.didier