«La création d’entreprise est souvent un choix par défaut…»
L’association Lorraine Active, spécialisée à la base dans l’accompagnement des entreprises issues de l’Économie sociale et solidaire (ESS), a élargi son champ d’actions aux créateurs d’entreprises précaires. Une typologie de plus en plus importante. Une tendance sociétale constatée par Nelly Steyer, la directrice de Lorraine Active.
Les Tablettes Lorraines : À la base votre association était centrée sur l’accompagnement des sociétés de la sphère de l’Économie sociale et solidaire (ESS). Depuis deux ans, vous accompagnez également des créateurs d’entreprises précaires. Pourquoi ce nouveau champ d’actions ?
Nelly Steyer : La création d’entreprise s’affiche, pour bon nombre de personnes, comme la seule alternative pour créer leur propre emploi. C’est devenu un choix par défaut suite à ce que nous appelons communément les accidents de la vie. Ces personnes sont de plus en plus nombreuses. Cette année, nous avons enregistré trois cents sollicitations pour la création de TPE. Nous en avons accompagné une centaine et financé plus de quatre-vingt.
D’autres structures, à l’image de l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économique), sont également centrées sur cette typologie de créateurs. N’empiétez-vous pas sur leur zone d’intervention ?
Les projets que nous accompagnons nécessitent des fonds de roulement assez importants. Si le projet tombe à l’eau, nous garantissons le prêt bancaire obtenu à la place de la personne pour qu’elle protège, notamment son patrimoine personnel. Les examens des dossiers que nous accompagnons sont donc très poussés. Comme nous sommes partie intégrante de la chaîne de la création d’entreprise en Lorraine, nous aiguillons alors certaines personnes vers d’autres structures adaptées à leurs besoins.
L’Économie sociale et solidaire (ESS) s’affiche comme un secteur à part entière de l’économie. Est-ce réellement le cas ?
Les a priori et les stéréotypes ont la vie dure concernant l’ESS qui est encore trop souvent perçue comme une économie de seconde zone. Elle est différente par son modèle économique mixte, alliant résultat et chiffre d’affaires, mais également les volets social et sociétal. Dans l’ESS, on ne rémunère par les actionnaires, on finance et on investit dans l’humain.
Quel est le poids de ce secteur dans la région ?
Il représente près de 10 % de l’emploi en Lorraine, c’est autant que la sidérurgie aujourd’hui. C’est un secteur qui est en train de réellement se professionnaliser. Le traitement des entreprises que nous accompagnons, est identique aux sociétés de l’économie dite «classique».
Combien d’entreprises de l’ESS avezvous accompagné l’an passé ?
Chaque année, nous en accompagnons une centaine et en finançons une cinquantaine pour des montants allant de cinq milles à un million d’euros. D’importants projets existent dans l’univers de l’ESS. C’est un pan de l’économie à part entière.