Hauts-de-France

La construction bas carbone monte en puissance

Pour répondre aux enjeux environnementaux, les professionnels du bâtiment et les industriels sont aujourd’hui soumis à une règlementation de plus en plus contraignante. En Hauts-de-France, chacun semble avoir pris conscience de la nécessité de faire évoluer ses pratiques.

«Tout le monde est bien conscient que l’utilisation du bois à partir de 2028 et après va être de plus en plus forte», analyse Thomas Baudot, chargé de mission chez Fibois Hauts-de-France. © Jandrie Lombard
«Tout le monde est bien conscient que l’utilisation du bois à partir de 2028 et après va être de plus en plus forte», analyse Thomas Baudot, chargé de mission chez Fibois Hauts-de-France. © Jandrie Lombard

«La construction bas carbone induit une analyse de cycle de vie d’un bâtiment», explique Thomas Batori, consultant au sein d’Efyb, cabinet de conseils sur les thématiques de la RSE, du développement durable et de l'environnement implanté à Arras. «Depuis les années 2000, on a pu constater un vrai gain de performance dans l’exploitation d’un bâtiment. Mais si, pour cela, on a utilisé des matériaux très carbonés, cela ne répond pas aux impératifs environnementaux», poursuit-il. D’où la nécessité de prendre en compte aussi bien la fabrication, l’acheminement des matériaux, le chantier et la gestion des déchets dans la performance globale d’une construction.

Un incontournable dans le neuf

C’est tout l’enjeu de la RE2020 qui régit, depuis le 1er janvier 2022, la construction neuve. «Cela a impulsé un changement de culture chez les professionnels. La règlementation prévoit une montée progressive des seuils, c’est tout à fait atteignable. Mais, il va être nécessaire de continuer à innover, pour le bâtiment comme pour les industriels», note Thomas Batori. Il évoque, à ce sujet, le gros travail entrepris par ces derniers avec la mise en place de Fiches de données environnementales et sanitaires (FDES). Ces cartes d’identité des matériaux, sont incontournables pour calculer les émissions de dioxyde de carbone.

«Globalement, toutes les filières font de gros efforts», ajoute le consultant. Certains acteurs, comme ceux de la filière bois, pourraient bien tirer leur épingle du jeu. «Tout le monde est bien conscient que l’utilisation du bois à partir de 2028 et après va être de plus en plus forte», analyse Thomas Baudot, chargé de mission chez Fibois Hauts-de-France, structure qui regroupe tous les professionnels de la filière. S’il admet avoir de moins en moins besoin de convaincre, il explique cependant qu’il reste encore beaucoup de pédagogie à faire.

«On ne construit pas tout à fait de la même façon en bois que sur un chantier maçonné, détaille celui qui salue le dynamisme qui existe en Hauts-de-France. La préoccupation carbone est partout sur le territoire, mais l’approche est intelligente. Sur le volet bois, chacun est conscient que si on construit toujours avec la même essence, généralement du résineux, on va mettre en péril la ressource. Il se trouve qu’en Hauts-de-France nous sommes précurseurs dans l’utilisation du feuillu», indique Thomas Baudot.

La rénovation se met aussi au bas carbone

Si le bas carbone devient incontournable dans le neuf, la rénovation peut, elle aussi se saisir des enjeux autour du cycle de vie d’un bâtiment. «Le carbone émis en 2022 est plus important que celui produit dans cinq ou dix ans, puisqu’il continue à agir dans l’atmosphère : c’est donc important de ne pas rénover n’importe comment», alerte Thomas Batori. Lequel souligne qu’il est essentiel de sélectionner efficacement les matériaux et de préparer le chantier.

Le bois, là encore peut jouer un rôle clé puisqu’il existe aujourd’hui des murs ossatures bois préfabriqués avec isolant et menuiseries intégrés qui viennent se clipser sur l’existant. «On vient créer une enveloppe qui est vraiment très efficace», assure Thomas Beaudot.

Ce dernier alerte aussi sur l’importance de penser le changement d’usage des bâtiments dès leur construction. «De plus en plus de maîtres d’ouvrages et d’architectes sont sensibles aux questions environnementales et avec la problématique de l’artificialisation des sols, cela va devenir une vraie question», conclut-il.