La commune d’Ors se lance

La future chaudière chauffera la mairie, la salle des fêtes et l’ancien presbytère transformée en salles pour les associations.
La future chaudière chauffera la mairie, la salle des fêtes et l’ancien presbytère transformée en salles pour les associations.
D.R.

Jacky Duminy et la chaudière actuelle située en mairie.

Parmi les orientations du parc naturel régional de l’Avesnois, il y a celle de développer ce que l’on appelle «la filière bois énergie». Ce territoire du sud du département réunit apparemment tous les atouts pour cela : d’abord une richesse locale, naturelle et disponible, constituée par l’entretien des centaines de kilomètres de haies bocagères ; ensuite une technologie dans les chaudières à bois déchiqueté qui a déjà fait ses preuves dans d’autres pays (Autriche, pays nordiques…). Enfin, des aides financières (Région, Europe) existent pour encourager les investissements dans ce domaine, que l’on soit agriculteur, collectivité ou particulier (avec le crédit d’impôt).

 Une opportunité. Dans ce contexte, la commune d’Ors (680 habitants environ) a décidé de se lancer. Comme l’explique Jacky Duminy, son maire, il s’agit de profiter de l’opportunité pour harmoniser le système de chauffage de la mairie, de la salle des fêtes (au gaz) et de l’ancien presbytère reconverti en salles pour les associations (à l’électricité). La future chaudière, avec sa zone de stockage et de séchage, ainsi que son système reposant sur une vis sans fin seront installés dans une dépendance du presbytère. L’ensemble sera commandé de la mairie.

Aux subventions existantes s’ajoute un autre facteur décisif dans la décision de la commune : «A Ors, nous avons un agriculteur qui se chauffe déjà au bois déchiqueté et qui peut nous approvisionner.» Précisons que le bois déchiqueté ou bois en plaquettes provient du broyage des tailles d’entretien des haies et des saules têtards (utilisés d’ailleurs de longue date pour servir de bois de chauffage).

 Une économie et des subventions. Jacky Duminy explique qu’il attend de ce système une belle économie : «Le gaz et l’électricité vont augmenter, c’est certain. Le bois déchiqueté, produit localement, n’augmentera jamais dans les mêmes proportions, même si le marché s’organise… Dans un premier temps, on va en tout cas diminuer la facture annuelle de 7 700 euros à 3 500 euros par an et réduire de 20% nos rejets de CO2 »

Le maire d’Ors espère que le chantier démarrera en avril et que la mise en service se fera au début de l’automne prochain. Coût global de l’investissement : 109 808 euros. Avec deux catégories de subventions : 56% provenant du dispositif Région/ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), soit 61 906 euros, 20% environ provenant des fonds LEADER1. «Au final, dit-il, la commune dépensera 27 902 euros sur ses fonds propres.»

Et le rôle du Parc ? Le maire explique que l’institution a permis la mise en relation avec les entreprises et les études de rentabilité autour de ce projet.

 Et l’avenir ? Jacky Duminy évoque l’éventualité de chauffer de la même façon la nouvelle école du village ainsi qu’un ensemble de 14 habitations. «On espère vraiment qu’une filière va se créer dans notre village avec d’autres agriculteurs», souhaite-t-il.

L’élu a aussi la volonté, tout comme le Parc, de servir d’exemple. «Il y a là une belle opportunité de concilier la protection du bocage et l’intérêt économique des agriculteurs. Pour les communes, les subventions et les économies sont très intéressantes», explique-t-il.

 Une façon de protéger le bocage

 Le bocage fait partie de l’identité de l’Avesnois. La haie n’est pas là que pour faire joli : elle joue plusieurs rôles. Elle sert de clôture dans ce territoire d’élevage laitier, maintient une certaine biodiversité et assure une protection des sols. Avec la mise en place d’une filière bois énergie locale, il pourrait donc lui être donné un rôle économique plus prononcé. Si des agriculteurs l’utilisent déjà pour se chauffer, la création d’une filière pourrait leur permettre de disposer d’un revenu complémentaire régulier.

Du côté du Parc, on précise qu’il existe actuellement une quinzaine de chaudières à bois déchiqueté, dont une douzaine chez des agriculteurs. On dénombre au moins un exemple d’agriculteur ayant fait profiter deux voisins de sa chaudière : il a créé un «mini-réseau de chaleur» et des contrats d’approvisionnement de dix ans ont été conclus.

Le souhait du Parc, c’est de contribuer à mettre en place une sorte de marché local mettant en présence des agriculteurs producteurs de plaquettes et des clients réguliers dont l’approvisionnement serait garanti. Ces clients pourraient être des particuliers ou des collectivités.