La Cité de l'IA fait son bilan et trace son futur

Presque trois ans après sa création, la Cité de l'IA, fondée par le Medef Lille Métropole et soutenue par de nombreux partenaires, fait le bilan de ses actions d'accompagnement et de sensibilisation. Et tire la sonnette d'alarme sur l'inadéquation des formations par rapport aux besoins des entreprises.

Industrie, marketing, services... tous les secteurs économiques sont concernés par l'IA. © leonidkos
Industrie, marketing, services... tous les secteurs économiques sont concernés par l'IA. © leonidkos

Lorsque le Medef Lille Métropole lançait la Cité de l'IA (Intelligence Artificielle) en janvier 2020, l'idée était de fédérer l'éco-système, de faciliter la coopération et les initiatives, de sensibiliser et d'accompagner les entreprises et de travailler sur l'offre de formation. Force est de constater que bon nombre de ces projets ne sont plus à l'état de simples chantiers : 2 000 adhérents, 91 entreprises sensibilisées, 17 accompagnées rien qu'en 2022, la publication d'un annuaire de 40 certifications, la mise en ligne d'une dizaine de podcasts...

«Les entreprises ne peuvent pas passer à côté de l'IA. C'est un sujet de management et pas uniquement technologique» lance Manuel Davy, chef de file de la Cité de l'IA qui vient d'ailleurs d'accueillir de nouveaux membres comme Vertbaudet, Oversoc, Vilogia, GetLink... Une pluralité d'acteurs à l'image de la diversité d'entreprises à former : au-delà des grands groupes souvent déjà bien structurés, les TPE, PME et PMI : «Les sensibiliser et les accompagner est une de nos principales missions. Elles sont notre cible principale parce que si elles ne s'emparent pas de l'IA, elles vont se faire distancer» alerte-t-il.

Et de citer l'exemple de la Ferme de la Gontière à Comines, qui s'est équipée d'un drone pour repérer les champignons à maturité et envoyer l'information à un robot cueilleur. Si ce projet est actuellement au stade de démonstrateur, il prouve que toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, sont impactées par l'IA.

10 000 experts régionaux d'ici 2030

Sur le 1,5 million de salariés privés des Hauts-de-France, 331 000 sont concernés par l'IA. «L'IA ne va pas détruire des emplois mais faire évoluer les collaborateurs. Mais pour cela, il faut les former» prévient Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole. La région aurait besoin, selon un rapport de la Cité de l'IA, de 10 000 experts d'ici 2030. Mais encore faut-il avoir les compétences et les talents...

En octobre dernier, le réseau lançait un cri d'alarme sur la pénurie de data engineers (construction et gestion des infrastructures pour accueillir les données, sur lesquels vont travailler les data scientist, ndlr). «Les Hauts-de-France souffrent encore d'un déficit d'attractivité. Il y a 10 ans, on disait aux jeunes de devenir data scientist. Résultat, aujourd'hui il manque de data engineer. Il faut rendre ce métier attractif» martèle Manuel Davy. Cela passe par de la formation initiale mais aussi continue puisque ces métiers plaisent aux salariés en reconversion.

«On a besoin d'experts mais aussi de profils à tous niveaux. Il faut raccourcir la chaîne entre la formation et le besoin des entreprises». Un tout nouveau diplôme – «IA au service de l'entreprise – vient d'être créé en collaboration avec l'Université Catholique ; il sera dispensé dès la rentrée 2023. Dans le viseur également, une learning expedition à Tallinn en Estonie en mai 2023 pour découvrir un pays très en avance sur la digitalisation des services publics et la cybersécurité (il accueille également le centre cyber défense de l'OTAN) et imaginer les perspectives à transposer en région. Autant d'avancées qui prouvent que les acteurs économiques et académiques s'emparent du sujet.