La Bouquinerie du Sart, un tremplin vers l’insertion sociale

Les livres encombrent vos étagères ? Vianney Poissonnier se propose de les transformer en emplois solidaires. La Bouquinerie du Sart, qu’il a créée en septembre dans les locaux d’une ancienne biscuiterie à Villeneuve-d’Ascq, récupère gratuitement les livres, CD et DVD d’occasion, et leur offre une seconde vie. Mais surtout, la Bouquinerie permet aux personnes logées dans des centres d’hébergement d’urgence de bénéficier d’un emploi, pour reprendre peu à peu contact avec le monde du travail et ainsi retrouver leur autonomie. «Quand on pense qu’à Lille, il faut trois mois d’attente pour obtenir une place dans un centre d’hébergement, on marche sur la tête ! Il faut accompagner les gens pour qu’ils se sortent durablement de la précarité. Avec un emploi, ils peuvent trouver un logement et ainsi libérer plus vite des places dans les centres», explique Vianney Poissonnier.

La Bouquinerie récupère tous les livres sans discrimination, auprès de particuliers, d’entreprises ou d’écoles, et opère ensuite le tri. Mais n’imaginez pas aller fouiner dans des rayonnages poussiéreux : ici, les livres ne sont pas en accès libre, et la logistique s’inspire des géants d’Internet. Toutes les ventes se font sur les plates-formes de vente en ligne. «Si les livres sont en bon état, on les met en vente sur Internet, sur un site marchand ou sur notre propre plate-forme. Si l’état est moyen ou s’ils ne se vendent pas, on en fait don à des bibliothèques associatives. Et ceux dont l’état est trop mauvais sont donnés à des associations qui font du recyclage de papier.»

Depuis octobre, «plus de 5 tonnes de livres ont étés recyclées, environ 20 000 livres ont été mis en en ligne, et 20 000 autres sont en attente d’être répertoriés», explique Vianney Poissonnier. Avec un chiffre d’affaires prévu de 50 000 € la première année, le chef créateur de la Bouquinerie souhaite «doubler cet objectif tous les ans, en même temps que la notoriété de l’entreprise. On n’a pas vraiment de recul pour le moment, mais l’activité démarre bien».

Crise de la quarantaine. Longtemps chef d’entreprise dans la publicité en ligne, Vianney Poissonnier a décidé de se tourner vers l’économie sociale et solidaire. «Une crise de la quarantaine, sourit l’entrepreneur, un moment où j’ai voulu quelque chose de peut-être moins lucratif, mais porteur de davantage de sens. L’entreprise doit être un outil et un tremplin vers un retour à la vie normale pour ces personnes.»

Pour le moment, outre les deux fondateurs et une salariée, la Bouquinerie du Sart n’emploie qu’une personne en réinsertion, qui a signé un contrat d’un an, renouvelable une fois. Et si La Bouquinerie souhaite voir ses équipes s’étoffer, «on va se limiter à huit personnes pour garder cet esprit d’équipe familiale», explique Vianney Poissonnier. «Aujourd’hui, on arrive à traiter entre 300 et 400 livres par jour, il faudrait qu’à terme, on arrive à 2 000.» Et pourquoi pas, par la suite, «ouvrir d’autres bouquineries dans la région, voire même à l’étranger»… Pour l’heure, les équipes réfléchissent surtout à améliorer le service existant. Déménager les bureaux à l’étage pour laisser plus de place aux rayonnages qui se remplissent, et créer un petit salon pour permettre aux clients de retirer leurs achats sur place, sur le modèle d’un drive.

 

Note: www.BouquinerieduSart.com

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