Tourisme-Patrimoine
La basilique de Saint-Nicolas-de-Port entend monter dans les tours…
La basilique de Saint-Nicolas-de-Port vient de voir ses travaux de sécurisation de l’accès à ses deux tours réceptionnés. Après plus de vingt ans, la vieille dame gothique devrait pouvoir dévoiler ses splendeurs cachées aux visiteurs lors d’une ascension de 367 marches pour culminer à plus de 80 mètres à partir de l’été prochain. Une nouvelle donne pour faire (re)découvrir ce patrimoine architectural s’affichant comme un des maillons forts du développement d’une offre touristique renforcée dans cette partie du Sud meurthe-et-mosellan.
L’ascension se fait dans un silence quasi religieux, seules les respirations rendues délicates par le port du masque ponctuent le cheminement rythmé par le souffle du temps. Un temps qui semble s’être arrêté, en suspens. À chaque marche gravie, patinée par l’usure des siècles, les pas des moines semblent guider ceux des visiteurs d’un jour dans ces méandres gothiques habités par un esprit sacré presque palpable. Dans les étages de la tour Saint-Pierre, la basilique de Saint-Nicolas-de-Port embarque le visiteur vers une montée aux cieux à plus de 80 mètres (les tours de la basilique portoise sont plus hautes que celles de Notre-Dame de Paris) jalonnées des stigmates du passé mêlant histoire, légendes et mystères. Ce voyage au cœur d’un des plus beaux édifices du style gothique flamboyant (la basilique a été érigée au cours des XVe et XVIe siècles) et à l’histoire tumultueuse pourrait être possible dès l’été prochain. Plus de vingt ans que les tours Nord et Sud n’ont pas révélé leurs secrets et n’ont pas accueilli dans leurs entrailles de pierre les touristes pèlerins et autres.
Parcours touristique
«C’est une décision qui avait été prise depuis quelques années et nous avons décidé de maintenir cet investissement en termes de travaux. Ces travaux de sécurisation vont permettre de donner un nouveau souffle à ce patrimoine architectural grâce à un parcours de visite adapté», explique Luc Binsinger, le maire de Saint-Nicolas-de-Port. «La possibilité de permettre la visite des tours au plus grand nombre entre dans une logique générale de développement d’une politique touristique. La basilique de Saint-Nicolas-de-Port est un des phares de l’attractivité de cette partie du département, il est possible d’envisager un véritable parcours touristique partant de Nancy en passant par Saint-Nicolas-de-Port et jusqu’à Lunéville et Baccarat.» Quatre mois de travaux (débutés en septembre dernier) réalisés sous la conduite de l’entreprise générale France-Lanord & Bichaton, auront été nécessaires. Création d’un éclairage de sécurité, mise en sécurité des escaliers existants en bois et en pierre, réparation des planchers notamment au niveau du «vaisseau» abritant la charpente, mise en valeur des éléments architecturaux, mise en place de la signalétique et d’importantes opérations de sécurité incendie avec la pose de portes coupe-feu, une remise en conformité de l’électricité et l’installation d’une colonne sèche. Montant total de l’opération : 221 340 € (dont 187 750 € pour les seuls travaux), le tout subventionné à hauteur de 49 % par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles).
Vue imprenable
Cette nouvelle étape, version préservation et optimisation du patrimoine historique, s’additionne à l’importante rénovation entreprise dès les années 1980- et pendant plus de quinze ans - de la vieille dame gothique portoise grâce au lègue important, à son décès, de Camille Croué-Friedman (enfant du pays expatrié aux États-Unis) à l’évêché de Nancy pour la reconstruction et l’entretien de la basilique afin qu’elle retrouve sa beauté originelle. Une beauté reconquise année après année ! Durant les siècles, l’édifice portois a connu bien des périples. Au niveau trois de la tour Saint-Pierre, des pierres noircies par l’incendie de 1635 pendant la guerre de Trente Ans sont encore visibles. À quelques marchesen bois, le grand comble abrite la charpente en chêne au sein d’un vaisseau de bois flamboyant où une poutre de 1664 (coïncidence de taille, cela ne s’invente pas, le musée français de la brasserie n’est pas très loin) rappelle au visiteur les traces d’un temps de construction ressurgissant aujourd’hui du passé. Au fil de l’ascension, les coursives deviennent plus étroites et le chemin vers le sommet un peu plus délicat. Trois cent soixante-dix-sept marches plus tard, c’est l’arrivée à quelque quatre-vingts mètres de hauteur. Le belvédère, ponctué d’orifices savamment protégés par des volets en bois, livre alors tout son pouvoir de captation visuelle. La vue sur le pays du Sel et Vermois, en haut de ce phare gothique, est imprenable et à couper le souffle. C’est tout un bassin de vie, son histoire, son présent, qui surgissent en un coup d’œil. Derrière les nappes de vapeur de l’usine du chimiste Solvay de Dombasle-sur-Meurthe (bastion industriel ancré depuis la fin du XIXe siècle) ou encore l’imposante structure de la dernière mine de sel en activité des Salins-du-Midi de Varangéville, c’est toute la campagne Sud meurthe-et-mosellane qui s’offre aux visiteurs. Un paysage à contempler et à partager dans quelques temps…si tout va bien !