La Banque des Territoires déploie un milliard d'euros pour les centres-villes
Managers de commerce, foncières d’intérêt général, aide à la numérisation… La Banque des Territoires mobilise un milliard d’euros pour relancer et transformer le commerce de centre-ville, dans le cadre de dispositifs nouveaux et déjà existants.
«Les commerces sont absolument essentiels à la vitalité des territoires. C’est notre rôle que d’apporter de la ressource, des outils, de la méthode et de faire en sorte de réinventer le commerce de proximité», a déclaré Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires, la direction de la Caisse des dépôts et consignations dédiée aux territoires, lors d’une conférence de presse en ligne consacrée au «Plan commerce» de l’établissement, le 6 octobre dernier. Le plan prévoit une contribution à hauteur de un milliard d’euros, dans le cadre de deux démarches. La première se concentre sur les villes concernées par les dispositifs gouvernementaux existants «Petites villes de demain» et «Action cœur de ville» pour lequel la Banque des Territoires est déjà opérateur. La seconde s’adresse à tous les territoires et vise à revitaliser de manière durable les commerces dans les centres-villes, en les aidant à se transformer. Le premier volet de la démarche comporte plusieurs mesures, dont la contribution de la Banque des Territoires au financement de la mise à disposition de «managers de commerce». «Ils font le va-et-vient entre la mairie et le terrain (…) ce sont des facilitateurs administratifs, fiscaux et patrimoniaux», précise Olivier Sichel. La Banque va contribuer à les financer, à hauteur d’une subvention forfaitaire de 20 000 euros par an, pendant deux ans. Ce sont 125 territoires qui devraient être accompagnés dans les six prochains mois. Autre mesure prévue, le financement de solutions numériques pour booster les activités de centre-ville. L’opération de soutien de la Banque des Territoires à ce type de dispositif, sous forme de prestations de conseil entièrement prises en charge, devrait concerner 700 territoires dans les six prochains mois. Par ailleurs, la banque va également cofinancer des solutions numériques des activités de commerce, par exemple en leur permettant de mettre sur pied des sites de vente en ligne, ou des solutions de click and collect, via des subventions forfaitaires de 20 000 euros. Là, l’objectif consiste à toucher 350 territoires, dans les six prochains mois.
Cent foncières «d’intérêt général»
Deuxième volet de l’action de la Banque des Territoires, celui de la relance, qui concerne tous les territoires : il vise la transformation des écosystèmes économiques locaux, via le développement de circuits courts, de nouvelles formes de logistique urbaine et la décarbonation des mobilités. «La crise représente une opportunité pour réinventer le commerce de proximité», estime Olivier Sichel. La demande est là : renforçant une tendance déjà existante, les Français ont fait la preuve, durant la pandémie, de leur appétence pour les circuits courts et pour le commerce de proximité, à condition qu’il offre certaines prestations (comme la possibilité de mixer numérique et présentiel, dans l’acte d’achat). La mesure principale du plan, à ce sujet, réside dans la contribution de la Banque des Territoires, – avec Bpifrance -, à la création de 100 foncières de redynamisation. Objectif de ces dernières : rénover 6 000 commerces de proximité. Concrètement, «il s’agit d’une société privée qui va acheter logements, fonds de commerce, emplacements, pour les restructurer et les louer à des commerçants» à des prix raisonnables, explique Olivier Sichel, évoquant des «foncières d’intérêt général.» La Banque des Territoires prévoit 300 millions d’euros en investissements et 500 millions d’euros en prêts pour aider au développement de ces foncières. En plus, 10 millions d’euros seront dédiés au soutien du développement de l’entrepreneuriat, en collaboration avec Bpifrance, via un appel à projets. À la base du «Plan commerce» de la Banque des Territoires, le constat est celui d’une crise sans précédent. Quelque 80 000 commerces en centre-ville des villes moyennes ont été fortement impactés par le confinement. Et sur l’année 2020, la baisse de leur chiffre d’affaires, tous types d’agglomérations confondus, est estimé au minimum à 30 %. Résultat, la hausse de défaillances attendue s’élève à 15 à 30 % environ. Le constat est d’autant plus inquiétant qu’il concerne des entreprises fragiles (souvent, des indépendants), dont la reprise est encore fortement perturbée par l’actualité sanitaire.