Industrie agroalimentaire
La 3e extension du site d’Innovafeed à Nesle est entrée en service
Le site, spécialisé dans l’élevage de mouches soldats noires à destination de l’alimentation animale et végétale, vient d’achever sa 3e phase d’extension. Un agrandissement qui porte la surface au sol à 55 000 m², faisant des lieux le plus grand site de production d’insectes au monde.
Créée au printemps 2016 par Aude Guo, Bastien Oggeri et Clément Ray, Innovafeed entend révolutionner le secteur de l’alimentation animale et végétale en proposant des produits élaborés à partir de mouches soldats noires, particulièrement reconnues pour leur qualité nutritive. Après l’ouverture d’un site pilote en 2017 à Gouzeaucourt, l’entreprise a fait construire à Nesle son tout premier site industriel d’une capacité de production de 15 000 tonnes de protéines d’insectes par an.
« Nous avons démarré la production fin 2020. L’année qui a suivi a vraiment été un temps d’apprentissage, aussi bien pour la gestion des stocks que pour l’optimisation des conditions d’ambiance, à savoir le chauffage, la ventilation et la climatisation des salles », explique Victor Neyret, directeur de production chez Innovafeed. Après deux agrandissements, l’entreprise a annoncé en septembre 2022, alors qu’elle réalisait une levée de fonds de 250 millions d’euros, sa volonté d’aller vers une 3e phase d’extension.
Un changement d’échelle
« Cette extension est une étape cruciale pour nous car elle marque un changement d’échelle. Nous allons multiplier par 5 notre capacité de production, ce qui va nous offrir la possibilité d’atteindre nos objectifs cibles », poursuit celui qui a supervisé ce projet. Mis en service début juillet, ces nouveaux équipements doivent à la fois permettre une amélioration des rendements et une diminution des temps de cycle de la mouche soldat noire, qui sont actuellement de 45 jours, tout en conservant un process d’une qualité optimale. « Nous avons aussi fait évoluer l’ergonomie des postes de conduite des opérateurs pour rendre le pilotage des lignes plus fluide, détaille Victor Neyret. Plus nous allons maîtriser notre processus technique, plus nous allons augmenter notre rendement mais aussi la qualité de notre produit fini ».
Afin de préparer cette montée en charge, Innovafeed a massivement formé ses salariés avant de recruter 40 personnes en début d’année. « Depuis 2 ans, nous proposons des titres professionnels Conduite d’Installation et de Machines Automatisées [CIMA] qui amènent des opérateurs à un niveau de conducteur de ligne. Nous misons aussi sur les mobilités internes : des salariés travaillant au sein de l’atelier de la phase 1 ont rejoint l’atelier de la phase 3 pour apporter leur expertise à l’équipe », ajoute le directeur de production.
Un modèle réplicable
Si le potentiel de l’usine reste important, Innovafeed va, pour l’instant, se concentrer sur la montée en puissance de son unité industrielle pour l’amener à un maximum de performance et de rentabilité. Pensée et conçue entièrement en interne, celle-ci a vocation à être un modèle réplicable partout où l’entreprise souhaite s’implanter. « Ce transfert de compétences sera à la fois technologique, industriel, technique, mais comprendra aussi notre approche de ‘symbiose industrielle’ avec des partenaires agro-industriels », détaille Victor Neyret. Cette réplicabilité sera mise en œuvre pour la première fois aux États-Unis avec une variante cependant : pour s’adapter au contexte local, ce sont des coproduits du maïs qui seront valorisés et non du blé, comme à Nesle.