Territoires

L’Union des Entreprises de Moselle s’engage en faveur du projet A31 bis

L’Union des Entreprises de Moselle a récemment adressé une communication au préfet de la Moselle quant au projet d’autoroute A31 bis. Entre analyse pertinente et propositions de bons sens, cette communication nous rappelle que la Moselle voit se déplacer quelque 100 000 frontaliers chaque jour. Dans un projet d’une telle ampleur, la sphère entrepreneuriale, vecteur d’attractivité du sillon lorrain, est une voix qui doit être écoutée et participative à ce choix stratégique.

Du péage de Gye à la frontière luxembourgeoise, l'A31 voit circuler 100 000 véhicules/jour.
Du péage de Gye à la frontière luxembourgeoise, l'A31 voit circuler 100 000 véhicules/jour.

C’est un projet qui vient de loin. Celui de l’A31 bis est un axe autoroutier à l’étude depuis les années 1990. Il vise dans sa genèse à solutionner la congestion de l’autoroute A31 - construite en 1966 - dans sa section non concédée de 115 km dans le sillon lorrain, entre le péage de Gye et la frontière luxembourgeoise. Sur ce tracé, l’A31 voit circuler tous les jours jusqu’à 100 000 véhicules, dont près de 10 000 poids lourds. Depuis 20 ans, le trafic a augmenté d’un tiers. Avec des conséquences directes : ralentissements, bouchons, accidents. Sur cet axe surchargé, les investissements publics avaient été stoppés dans les années 90, à l’exception de rares mesures ponctuelles. À cette époque, les pouvoirs publics ont ouvert le dossier d’une potentielle autoroute concédée afin de reporter la charge de financement sur un partenariat privé. Il s’agissait d’un axe à péage doublant l’A31, soit à proximité, soit à une cinquantaine de kilomètres, en traversant le département de la Meuse, soit à l’Est du sillon lorrain, selon les scénarios étudiés.

Beaucoup d'espoirs... et d'atermoiements

Cette solution initiale fit l’objet d’un débat public en 1999 pour définir le tracé de l’autoroute. Dénommé A32, le projet semblait sur les rails. Lors du Grenelle de l’Environnement en 2008, il fut remis en question, mis en sommeil. En 2010, dans le Schéma national des Infrastructures de Transports (SNIT), la section centrale de l’autoroute est abandonnée. En remplacement, il est proposé une optimisation du tracé pour minimiser les sections nouvelles à construire et privilégier une réutilisation avec élargissement de certaines sections de l’A31. Le projet A32 laisse sa place au projet A31 bis. En février 2016, à l’issue d’un débat public, la décision ministérielle préconise de poursuivre le projet sur une concession et une mise en péage de la section existante entre Thionville et la frontière luxembourgeoise, avec soit la création d’une voie réservée au covoiturage et aux bus, soit un élargissement à 2x3 voies, avec en sus, un complément une voie de bus sur la bande d’arrêt d’urgence aménagée, une construction concédée et à péage d’un barreau neuf d’évitement de Thionville (liaison A30/A31) et d’un barreau neuf d’évitement par l’ouest de l’agglomération de Nancy, reliant Toul à Dieulouard. En novembre 2018 s’ouvrait la phase de concertation publique, visant à la validation des variantes de tracés à retenir, sur la base d’études de trafic plus précises et d’une définition affinée des sections à élargir.

Les options mosellanes

Aujourd’hui, le projet, dans son périmètre mosellan, a retenu les options suivantes. Pour le secteur nord, la section entre Thionville et la frontière luxembourgeoise sera élargie à 2x3 voies avec une bande d’arrêt d’urgence aménagée pour la circulation des bus, 4 variantes de tracé 2x2 voies sont proposées pour contourner Thionville. Pour le secteur centre, la section entre Thionville et Metz à 2x3 voies ne sera pas modifiée, l’échangeur de Hauconcourt, entre A4 et A31, sera cependant réaménagé. Les périodes potentielles de démarrage des travaux : section nord entre Thionville et la frontière luxembourgeoise de 2023 à 2027, idem pour le secteur centre entre Thionville et Bouxières-aux-Dames. La phase du secteur sud, entre Bouxières-aux-Dames Toul, de 2023 à 2032. Le projet global est estimé entre 1,4 et 1,9 Mds€. On le voit, c’est un euphémisme de l’écrire, le projet de l’A31 n’est en rien un long fleuve tranquille, malgré toute sa pertinence. Son urgence s’inscrit dans un temps d’aboutissement long.

Faire entendre les réalités des entreprises

C’est dans ce cadre qu’en ce début janvier, l’Union des Entreprises de Moselle, par son président, André Bousser, a émis son avis quant à cette réalisation stratégique pour notre territoire, en émettant un courrier à destination du préfet de la Moselle, Laurent Touvet. L’UE57 commence son propos : «Nous souhaitons vous faire part du soutien de l’Union des Entreprises de Moselle au projet A31 bis. En effet, notre organisation se mobilise activement depuis plusieurs mois, au côté de l’association Lorraine Impact Mobilité, pour soutenir cette proposition d’aménagement du sillon lorrain qui concerne directement les activités des entreprises locales et leur développement sur le long terme. Nous sommes convaincus que le projet A31 bis, conduit par l’État, est l’une des réponses aux enjeux de mobilité au sein du département mosellan et notre conseil d’administration soutient à l’unanimité ce projet.» L’UE57 poursuit, métaphorique : «L’autoroute Nancy-Metz-Luxembourg est comparable à l’artère principale d’un corps humain. Si on n’améliore pas son irrigation, le département de la Moselle va se nécroser à moyen terme.» Le mouvement patronal mosellan revient sur les enjeux : «Nous ne devons pas craindre le Luxembourg, mais plutôt considérer ce dernier comme une chance pour la Moselle. Nos 100 000 frontaliers consomment également en Moselle. La concertation publique est en cours. De ce fait, l’Union des Entreprises de Moselle a lancé, il y a quelques jours, un appel à la mobilisation auprès de l’ensemble de ses adhérents et les a encouragés à s’exprimer sur le site https://www.a31bis.fr/fr/ (…). Il faudra, bien entendu, également travailler sur les autres modes de déplacement du ou vers le Luxembourg, comme le chemin de fer, le covoiturage et l’amélioration des autres voies routières. L’Union des Entreprises de Moselle se tient donc au côté de l’État, de la région Grand Est, du département de la Moselle, pour travailler ensemble sur ces projets d’avenir pour l’attractivité de notre département (…).»