L'immobilier dans les stations balnéaires, un marché à part ?
Des prix beaucoup plus élevés que la moyenne nationale, une population de retraités ou de vacanciers... Le marché de l'immobilier dans les stations balnéaires semble à l'écart du monde. Mais la réalité des risques climatiques commence à le rattraper.
Bizarrement,
la station balnéaire est un objet non identifié. «Il
n’existe pas de définition officielle»,
d'après l'étude de la Fnaim,
consacrée aux stations balnéaires, publiée le 16 juillet. La
Fédération nationale de l’immobilier a donc défini ses propres
critères : des communes du littoral (hors Outre-mer) qui
comprennent
au
moins 15% de résidences secondaires dans leur parc de logements,
et qui, soit ont une plage, soit sont classées station de tourisme.
Au total, cela représente 520 communes réparties dans huit
régions et sur 25 départements.
D'après
l'étude, les stations balnéaires sont des communes de petite
taille : près des 4/ 5e comptent moins
de 5 000 habitants (au sens de résidents permanents). Seules 11%
d'entre elles dépassent les 10 000 habitants. Toutefois, la tendance
au long cours est à l'augmentation : en 2021, la population
des stations balnéaires a augmenté de 6,6% par rapport à 2010, une
progression nettement plus forte que celle observée sur la France
métropolitaine au cours de la même période (+3,9%). Autre
constat, la part des retraités est particulièrement élevée dans
ces communes : ils représentent 35% de leurs habitants, contre
22% en France métropolitaine.
Par
ailleurs, au-delà de leur population, les stations balnéaires
présentent aussi un type d'habitat particulier.
Elles se caractérisent par une forte proportion de résidences
secondaires : 47%, contre 10% pour l’ensemble du parc de logements
de France métropolitaine.
Et la part des logements vacants est faible : seulement 4%, contre 8%
à l’échelle métropolitaine. Autre spécificité encore, la
qualité énergétique de ce parc immobilier est globalement
meilleure
dans ces communes que dans le reste de la France. La part des
logements avec étiquette «A», «B» ou «C» y est nettement
plus élevée (45%, contre 35% pour l’ensemble des communes
métropolitaines).
Des prix plus élevés de 50%
Sur le sujet des prix des logements aussi, les stations balnéaires constituent un monde à part, avec un niveau très supérieur à la moyenne nationale et une dynamique spécifique. Au 1er juin 2024, ce prix est en moyenne 50% plus élevé dans les stations balnéaires (4 514 euros /m²) qu'en France métropolitaine ( 2 933 euros/m²). En termes d'évolution, depuis le début de l'année 2024, les prix dans les stations balnéaires se situent sur un plateau (+0,2% sur cinq mois), une tendance qui reste plus favorable que dans le reste du pays. Par ailleurs, globalement, depuis 2014, les prix y ont augmenté beaucoup plus que la moyenne nationale, avec des pics exceptionnels durant la période post-Covid.
L'étude
constate aussi une forte disparité
régionale des niveaux de prix et de leur dynamique. Les prix
atteignent des niveaux record en région PACA (5 820 euros/m² ) et
Nouvelle-Aquitaine (5 044 euros/m²). Ils restent plus bas en
Normandie (3 394 euros/m²) ou en Bretagne (3 538 euros/m²).
En termes d'évolution, seule la région PACA a vu ses prix augmenter (+0,3%), entre juin 2023 et juin 2024. Ailleurs, les prix ont globalement diminué, et ce d'autant plus qu'ils avaient précédemment augmenté. Ainsi, la Nouvelle-Aquitaine affiche l'une des plus fortes baisses (-6,3%). Les prix sur ce littoral avaient très fortement progressé en 2017-2018, en raison de la mise en place de la ligne de train à grande vitesse LGV Paris-Bordeaux. Autre contraste souligné par l'étude : les trois villes les plus chères sont des stations situées dans le Sud : Ramatuelle (16 083 euros/m²), Saint-Jean-Cap-Ferrat (15 819 euros/m²) et Saint-Tropez (14 400 euros/m²).
Toutefois, les
stations littorales n’affichent pas toutes des prix
immobiliers élevés : 35% d'entre elles ont des prix inférieurs à
la moyenne de ceux de France métropolitaine (2 933 euros/m²). C'est
le cas de Woignarue (1 779 euros/m²) dans les Hauts-de-France,
Sainte-Marie-du-Mont (1 632 euros/m²) en Normandie et
Plounévez-Lochrist (1 540 euros/m²) en Bretagne.
Ma
résidence secondaire à risque submersion
En
matière de prix, l'étude met aussi
en lumière un phénomène
particulier, celui de l'immobilier des stations soumises aux risques
climatiques : au 1er
juin 2024, il atteint 4 819
euros/m²
plus que dans les autres
stations ( 4 578 euros/m²)
. Toutefois, en 2023, la
baisse des prix a été plus forte dans les stations à risque (
-3,9% ) que dans les autres (-0,9%). «Cela est
peut-être lié à la nouvelle obligation de mentionner ce risque
dans les annonces de biens immobiliers à vendre,
depuis le 1er janvier 2023», note l'étude.
Quoi
qu'il en soit, jusqu'à
la fin 2022, le risque d’érosion
côtière semblait peu ou pas pris en compte par les acheteurs. Avec
un résultat paradoxal : de 2016 à 2020, les prix avaient
davantage augmenté dans ces stations que dans celles non soumises à
ces risques. L'enjeu est pourtant majeur : en raison de leur
situation géographique, ces communes sont soumises à de nombreux
risques climatiques, et en particulier
celui de l'érosion côtière. Depuis 50 ans,
quelque 30
km² de
terres ont disparu en France à la suite du recul du trait de
côte. Et le phénomène devrait encore s'aggraver. Au total, 30%
des stations balnéaires (157) ont été identifiées comme étant à
risque de submersion.
Cette tendance est-elle de nature à décourager les acquéreurs ? La Fnaim dresse leur portrait dans son étude : en moyenne, ils ont neuf ans de plus que la moyenne nationale (54,7 ans contre 45,8 pour les acquéreurs en France métropolitaine). Partant, les seniors représentent une clientèle importante : 41% des acquéreurs sont âgés de plus de 60 ans. En terme de provenance, ils viennent souvent du même département que celui où est situé le bien ( 46%). Les franciliens constituent une part non négligeable (15%). Quant aux acquéreurs étrangers, leur part d'acheteurs dans les stations balnéaires est plus faible que celle en France métropolitaine : 6,1% contre 8,1%.