Université de Lille
L’IDEX est un projet à enjeu régional majeur
Même si ce "n’est pas gagné", la candidature de l’Université de Lille à la labellisation "Initiatives d’excellence" n’est plus une utopie. Objectif de sa candidature : "être en capacité de rivaliser avec les grandes métropoles françaises et européennes". Le mercredi 21 janvier 2015, ses responsables déposeront leur dossier de candidature. Avec le ferme espoir d’être cette fois labellisée et de voir valoriser son excellence.
Décembre aura été un mois chargé pour les principaux acteurs et porteurs de la candidature de l’Université de Lille à l’appel à projets “Initiatives d’excellence”, à savoir les trois présidents des universités Lille 1, Lille 2 et Lille 3, respectivement Philippe Rollet, Xavier Vandendriessche et Fabienne Blaise. C’est qu’ils étaient en quête de soutiens publics et affirmés, à même de les aider à l’emporter. C’est ainsi que les assemblées du Schéma régional de développement économique, du Conseil régional, de la MEL (Métropole Européenne de Lille), pour ne citer qu’eux, n’ont pas manqué à l’appel en adoptant, pour la plupart à l’unanimité de leurs membres, la délibération de soutien qui leur était proposée.
De 12 à 15 M€/an pendant dix ans. L’appel à projets “Initiatives d’excellence” (IDEX) n’est pas un dossier nouveau. Lancé par le gouvernement dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir initié en 2010, il vise à “faire émerger en France une dizaine de pôles pluridisciplinaires d’excellence d’enseignement supérieur et de recherche de rang mondial“. Huit pôles universitaires ont ainsi été labellisés IDEX − dans un premier temps Bordeaux, Strasbourg et Paris Sciences et Lettres, puis Sorbonne Université, Sorbonne Paris Cité, Saclay, Aix-Marseille et Toulouse −, chacun s’étant vu attribuer une dotation de 700 à 950 M€.
Le PIA2, qui vise à poursuivre l’effort engagé par le PIA1, a pour objectif de parachever le réseau des initiatives d’excellence par le rayonnement de leurs recherches, l’attractivité de leurs formations, la notoriété de leur corps académique et la qualité de leur gouvernance.
Décision fin 2015. L’Etat a confié par convention à l’Agence nationale de la recherche la mise en œuvre de ce PIA2. Afin de sélectionner les meilleurs projets, cet appel à projets compétitif est organisé en deux vagues, chacune se déroulant en deux étapes : une étape de présélection, suivie d’une étape de sélection sur la base d’un dossier complet pour les projets qui auront été présélectionnés à la première étape. Les projets présélectionnés en première vague mais non sélectionnés peuvent candidater directement à la phase de sélection en deuxième vague sur la base de l’analyse et des recommandations exprimées par le jury international. Le calendrier indicatif de la première vague prévoit donc une remise des projets le 21 janvier 2015, puis leur évaluation pour la présélection au printemps 2015, suivie d’une nouvelle remise des projets au troisième trimestre, avec une décision finale annoncée pour fin 2015. L’Université de Lille n’est pas la seule à concourir. Sont sur les starting-blocks Bretagne/Pays de Loire, Grenoble, Lyon, Lorraine, Montpellier, tous candidats visant une dotation financière de l’ordre de 15 M€ chaque année pendant dix ans.
Pour n’avoir pas été sélectionné au PIA1, les acteurs régionaux se sont attachés à remodeler et à renforcer leur dossier. Chacun sait les atouts de la région : 156 600 étudiants, 4 600 chercheurs et enseignants-chercheurs, 3 000 doctorants, 6 universités publiques, 1 ensemble universitaire privé, 16 écoles d’ingénieurs, 8 écoles de commerce, de gestion et de journalisme… Mais aussi des domaines d’excellence en recherche de plus en plus affirmés et reconnus en biologie, en recherche biomédicale, physique et mathématiques, transports, chimie des matériaux, etc. ; des recherches partenariales en fort développement ; 5 Laboratoires d’excellence (Labex) ; 7 Equipements d’excellence (Equipex) ; le site intégré de recherche sur le cancer Oncolille reconnu en 2013 parmi les 8 en France ; le RMN 1200, équipement de résonance magnétique nucléaire unique en Europe… Autant d’atouts indéniables donc, mais qui n’avaient pas suffi.
Réponse appropriée. “Pourquoi avoir échoué ?, s’interrogeait Xavier Vandendriessche. Mauvaise définition du périmètre d’excellence avec risque de saupoudrage, gouvernance non crédible et absence de soutien fort…“. Pour éviter les risques d’un désengagement des entreprises sur la R&D et l’innovation, de décalage croissant entre le Nord-Pas-de-Calais et les grands sites universitaires pourvus d’IDEX, de décrochage entre les établissements métropolitains et les autres si les politiques de regroupement n’étaient pas menées simultanément, ces acteurs ont entrepris de redéfinir leur vision pour concrétiser les opportunités que leur proposait le cadrage IDEX. Périmètre d’excellence limitée au territoire lillois (qui concentre plus de 90 % des unités de recherche appartenant au périmètre d’excellence), gouvernance crédibilisée par la fusion des universités lilloises dans ce qui sera formellement (au plus tard en 2018) l’Université de Lille, soutien affirmé au plus haut niveau du CNRS, de l’Inserm et de l’Inria sont trois des facteurs forts de la candidature de l’Université de Lille. Toutes ces entités constituant le groupement porteur de l’IDEX Université de Lille, en partenariat avec les autres universités de la région, la Fédération universitaire polytechnique de Lille, le CHRU, le Centre Oscar-Lambret, l’Institut Pasteur de Lille, l’IFSTTAR, l’Ifremer…
Toute cette concertation renforcée a abouti à l’instauration de lieux de gouvernance inédits qui faisaient grandement défaut précédemment, avec notamment la création d’un Parlement du savoir, d’un Espace prospectif et stratégique, d’une Communauté d’universités et d’établissements Lille Nord de France (COMUE). C’est tout ce capital que l’Université de Lille entend faire aboutir pour satisfaire à l’objectif financier non négligeable des 12 à 15 M€ de dotation annuelle et à l’enjeu politique d’”être en capacité de rivaliser avec les grandes métropoles françaises et européennes” : en clair, de pouvoir jouer dans la cour des grands.
Mobiliser. “Cela n’est pas gagné, tant du point de vue scientifique que du point de vue des soutiens“, reconnaissait Xavier Vandendriessche, conscient tout à la fois de la qualité de la concurrence et d’avoir “le potentiel scientifique suffisant pour une candidature crédible“. Alors, question soutien tous les acteurs régionaux ont répondu présent, hors le Front de gauche, communiste et unitaire qui, au Conseil régional, a “réservé pour l’instant sa position“. La mobilisation est payante. La région a tout à gagner à son amplification pour, comme le pronostiquait Daniel Percheron, “jouer en première division“.