L'entrepreneuriat n'attend pas le nombre des années

En Seine-Maritime comme ailleurs, les jeunes n'hésitent pas à franchir le pas de l'entrepreneuriat. Rencontres avec deux de ces nouveaux aventuriers : Charles Hedde (Fresnoy-Folny) et Apolline Blactot (Caudebec-lès-Elbeuf).

Charles Hedde, champion de France de VTT junior en 2017, a transformé sa passion du vélo en un projet entrepreneurial. © Aletheia Press / B.Delabre
Charles Hedde, champion de France de VTT junior en 2017, a transformé sa passion du vélo en un projet entrepreneurial. © Aletheia Press / B.Delabre

Il paraîtrait que la valeur n'attend pas le nombre des années… Les jeunes seinomarins, en tout cas, y croient et n'hésitent pas à franchir le pas de l'entrepreneuriat. Avec des parcours souvent variés, mais toujours beaucoup d'envie. C'est le cas de Charles Hedde, 25 ans, qui vient de lancer "La roue normande", son activité de réparation de vélos à Fresnoy-Folny le 1er janvier dernier.

Rien ne semblait prédisposer le jeune homme à se lancer dans le commerce, lui qui a suivi des études de direction administrative. Mais sa passion pour le vélo l'a emporté. Champion de VTT, il entame sa carrière dans un magasin de sport. Après la fermeture de celui-ci, Charles Hedde décide de franchir le pas. "Je ne me suis pas posé beaucoup de questions, avoue le jeune homme. Mon père est lui-même entrepreneur et je connais au moins bien le volet administratif…"

Limiter les charges pour lancer l'activité

Pour limiter les risques, le jeune homme choisit le statut de la microentreprise et s'installe chez lui, dans ce qui devait normalement devenir le garage à voiture du foyer. Les charges sont donc quasi nulles, à l'exception du petit outillage. Et depuis janvier, il répare et entretient tout type de vélo, du BMX au vélo de route, en passant par l'électrique. "Depuis le covid, tout le monde a fait réparer son vélo. Mais n'en a pas fait pour autant, sourit le jeune homme, qui vend aussi des vélos neufs, sur catalogue. Mais il y a toujours une vraie envie de vélo, et pour le moment, je suis dans le vert par rapport à mon business plan."

Le jeune homme ne manque pas d'ambition pour la suite. D'ici quelques mois, il espère développer une activité de location en s'appuyant sur l'opportunité offerte par la présence de l'avenue verte à proximité de chez lui. Un pas qui serait conséquent puisqu'il supposerait un investissement plutôt lourd pour une très petite entreprise. "Il me faudrait débuter avec une dizaine de vélos. C'est un budget…" admet l'entrepreneur.

"Ça me fait kiffer ce que je fais !"

De son côté, Apolline Blactot, est, elle aussi, passée par la case salariat… Elle y est même encore à temps partiel. Mais à tout juste 21 ans, la jeune fille a des fourmis dans les doigts… "Mes grands-parents et mes parents étaient entrepreneurs. Je sais les sacrifices que cela représente. Et je m'imaginais plutôt être salariée, mais je ne me sens pas libre. Le salariat, ce n'est pas fait pour moi", résume-t-elle. Elle a donc créé Patoune Verte, une entreprise basée à Caudebec-lès-Elbeuf et qui propose des produits d'hygiène pour les animaux de compagnie. "Je pars de zéro, avec juste une formation en droit" sourit la jeune femme. Je me prive beaucoup par rapport à mes amis que je vois sortir, voyager… Mais moi, ça me fait kiffer ce que je fais, et je crois en mon projet…"

Apolline Blactot s'est appuyée sur sa passion pour les chiens pour créer une gamme de cosmétiques pour animaux de compagnie. © Patoune Verte

La démarche suppose des investissements : 60 000 € dès la création de l'entreprise, notamment pour l'élaboration de la gamme (dont les formules appartiennent à Patoune verte) et le volet marketing (design et packaging notamment). Deux sujets pour lesquels Apolline Blactot s'appuie sur des prestataires externes. Si la jeune dirigeante parvient à apporter 20 000 € économisés sur son budget personnel en deux ans, elle complète le tour de table grâce à un peu de love money (10 000 €) et un prêt consenti par la banque de ses parents.

De petits pas pour de grandes ambitions

L'entreprise est vite sur les rails, grâce à ses produits d'entrée de gamme que sont les shampooings et les produits pour les yeux. Créée officiellement le 25 septembre 2024, la marque Patoune Verte est déjà revendue dans plusieurs concepts stores de métropoles hexagonales. Paris, Dijon, Bordeaux, Grenoble et bien sûr Rouen. Elle est aussi en pourparlers avec plusieurs grandes enseignes.

Avec des produits labellisés bio, elle vise une clientèle de type CSP+, mais espère surtout se développer par le biais du B to B. "Même s'il est possible de commander directement sur mon site, le B to C coûte tout de même assez cher…" relève Apolline Blactot, qui gère toute la logistique depuis chez elle. Adepte des petits pas, Apolline Blactot espère désormais développer sa gamme, en s'appuyant sur le succès de ses premiers produits. Affaire à suivre…

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre