Création d’entreprise

L’entrepreneuriat fait preuve de résistance mais perd de sa vigueur

Le dernier Bilan national des entreprises atteste de la résistance de l’entrepreneuriat en 2022, malgré un empilement accéléré de tensions sur l’économie. Mais aussi d’une dynamique des créations qui s’essouffle.

En dépit d’un contexte inflationniste et d’une conjoncture économique incertaine, (choc lié au déclenchement de la guerre en Ukraine, flambée des prix des matières premières et de l’énergie...), l’entrepreneuriat résiste : 573 132 nouvelles entreprises ont vu le jour en 2022 (hors Moselle et Alsace), selon le Bilan national des entreprises du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC), mené avec l’Institut d’études économiques Xerfi. L’étude met l’accent sur l’évolution des immatriculations entre janvier et décembre 2022 par rapport au niveau d’avant Covid-19. Sur l’ensemble de l’année passée, le nombre des immatriculations enregistrées correspond à 110 000 entités supplémentaires, par rapport au niveau d’avant-crise. Après l’année record de 2021, les créations d’entreprises accusent toutefois un recul de 6,2 % en 2022 (soit 38 000 entités de moins).


Une dynamique modifiée

Sans surprise, les créations d’entreprises restent tirées par les micro-entreprises puisqu’un tiers des immatriculations de 2022 relèvent du statut juridique d’entreprise individuelle incluant le régime de l’auto-entrepreneur. Les nouvelles créations sont également portées par les sociétés par actions simplifiée (SAS) à hauteur de 33 %. Côté secteurs, l’entrepreneuriat «se transforme», note le bilan. Ce sont les activités immobilières qui affichent encore le nombre de créations le plus important sur l’année et pèsent 20,7 % du total, contre 20,1 % en 2021, mais désormais devant le commerce (16,8 % du total, contre 1,5 % en 2021) et les activités de conseil aux entreprises (14,8 %, contre 3,5 %). Ces trois secteurs représentent plus de la moitié de l’ensemble des nouvelles créations en 2022, relève le bilan. En revanche, celui du transport et entreposage qui s’était fortement développé lors de la crise sanitaire avec la livraison à domicile et le e-commerce, va, quant à lui, à l’encontre de cette tendance positive : sa contribution aux immatriculations (- 41 % sur un an) passant de 16,3 % en 2021 à 10,2 % en 2022. La construction recule également pour représenter 7,8 % des immatriculations, contre 17,2 % l’année précédente. L’agriculture-sylviculture et pêche est le secteur le plus durement impacté, avec un poids qui chute de 12 points entre 2021 et 2022 (1,6 %).


L’Île-de-France se démarque

Au niveau des territoires, l’Île-de-France demeure en tête des régions : elle a connu en 2022 la plus forte hausse des immatriculations par rapport à 2019 et se distingue par le plus faible repli par rapport à 2021 (- 4,5 %). Elle représente 27,2 % du total des immatriculations, suivie de l’Auvergne-Rhône-Alpes (12,2 %) et de la Provence-Alpes-Côte d’Azur (10 %). Ces trois régions concentrent, à elles seules, une création d’entreprise sur deux. L’an dernier, seules quatre se sont distinguées par une bonne dynamique en termes d’immatriculations : la Martinique (+ 18,5 %), la Guadeloupe (+ 11,6 %), la Réunion (+ 0,8 %) et la Corse (+ 2 %). À l’inverse, les plus forts reculs de créations ont été constatés dans le Centre-Val de Loire (- 9,3 %), les Hauts-de-France (- 9,1 %), le Grand-Est et la Nouvelle Aquitaine (- 8,9 % chacune).

Aïcha BAGHDAD et B.L