Innovation

L’enrouleur français au secours des agriculteurs et des chasseurs

La start-up L’Enrouleur français, créée en mai 2020, a imaginé une clôture connectée qui renforce la prévention des dégâts et optimise la régulation du grand gibier. Des intrusions qui ont coûté aux fédérations de chasse 80 millions d’euros en 2019.

Didier Legendre, agriculteur et chasseur, a inventé l’enrouleur électrique. (@Aletheia Press/DLP)
Didier Legendre, agriculteur et chasseur, a inventé l’enrouleur électrique. (@Aletheia Press/DLP)

« J’ai accompagné Didier Legendre, lauréat de la seconde édition du concours Eclosia lorsque j’étais en charge des pépinières d’entreprises de la CCI Amiens-Picardie », raconte Christophe Laignel, président associé de l’Enrouleur français. L’agriculteur et propriétaire d’une écurie avait imaginé un enrouleur de câble électrique qui lui permettait de mieux gérer ses pâtures et de gagner un temps précieux.

Également chasseur, Didier Legendre était aussi sensible à la problématique de la régulation du grand gibier qui cause de nombreux dégâts sur les parcelles agricoles. De fil en aiguille, l’inventeur et Christophe Laignel ont rassemblé autour d’eux une équipe pluridisciplinaire pour développer un nouveau produit : une clôture connectée capable de protéger les cultures agricoles contre les intrusions animales.

Une solution pérenne

« C’est un vrai sujet. D’après une mission parlementaire menée en 2019, la prévention et la régulation du grand gibier pèse 80 millions d’euros, exclusivement à la charge des fédérations de chasse. Quarante millions sont dédiés à la prévention et quarante millions à l’indemnisation. C’est un chiffre qui tend à augmenter, puisqu’on sait aujourd’hui que le nombre de chasseurs baisse alors que la population de sanglier est estimée à près d’un million », détaille Christophe Laignel.

Si les fédérations de chasse ont déployé quelque 40 000 kilomètres de clôtures électriques mobiles, celles-ci se révèlent relativement peu efficaces. L’Enrouleur Français a donc imaginé une clôture électrique connectée qui permet d’assurer une tension de 14 000 volts constante, mais aussi de collecter des informations sur la présence de grand gibier.

L’Enrouleur français a développé une clôture électrique connectée. (@Aletheia Press/DLP)

« Nous utilisons la technologie LoRaWan habituellement associée à l’Internet des objets. Sur les zones blanches, nous sommes capables de développer notre propre réseau pour assurer une qualité de service continue », poursuit l’entrepreneur. L’innovation, qui tient dans un petit boîtier et bénéficie d’une batterie longue durée, a permis à L’Enrouleur français de lever 600 000 euros et d’être soutenu par des partenaires comme la BPI, la Caisse d’Épargne, la Région, Amiens Métropole ou encore le fonds d’investissement IRD Gestion. « Nous sommes actuellement accompagnés par l’incubateur/accélérateur Iterra à Beauvais », détaille Christophe Laignel.

Une offre sur-mesure

Après avoir testé sa solution auprès d’un agriculteur de la Somme, l’Enrouleur français compte aujourd’hui 15 clients dont des fédérations de chasse, des agriculteurs et un conservatoire des espaces naturels. La start-up, qui rassemble une équipe de cinq personnes, propose une offre premium, estimée à 900 euros par kilomètre, une offre sécurité et une offre formation. L’Enrouleur français, qui a trouvé un partenaire industriel pour son enrouleur électrique, est en capacité d’installer huit kilomètres de clôture en une journée.

« Aujourd’hui, nous avons posé l’équivalent de 70 kilomètres de clôture pour le grand gibier et un kilomètre de clôture pour les lapins », résume Christophe Laignel qui évoque les multiples possibilités de développement de la technologie développée par l’Enrouleur français. « Il est tout à fait imaginable de pouvoir contrôler à distance l’ouverture d’une vanne pour l’irrigation par exemple ou l’utilisation de caméras… », note-t-il.