Rénovation énergétique

Raismes : l’EnergieSprong au service de l’école du XXIème siècle

Pour rénover un de ses groupes scolaires, la ville de Raismes, près de Valenciennes, a misé sur une démarche innovante de réhabilitation énergétique, venue des Pays-Bas. Après 8 mois de travaux, le site a rouvert ses portes en cette rentrée 2023, devenant un véritable show-room de l’EnergieSprong à la française.

L'école Anne Godeau de Raismes, rénovée selon la technique EnergieSprong. © Ville de Raismes
L'école Anne Godeau de Raismes, rénovée selon la technique EnergieSprong. © Ville de Raismes

7 ans de réflexion, 8 mois de travaux, une soixantaine d’ouvriers et encadrants sur le chantier quotidiennement, 7 millions d’euros pour un groupe scolaire de 250 élèves… Un projet au long cours lancé en 2015 par le maire Aymeric Robin, à la suite d’une cartographie des bâtiments publics nécessitant une rénovation énergétique urgente. L’école Anne Godeau, datant de 1963 et au diagnostic de performance énergétique F, fait partie des priorités. Très vite, il est décidé de tester la technique EnergieSprong, ou «Hors site» en français, en se faisant accompagné au niveau ingénierie par le CD2E, le pôle de compétences dédié à l’éco-transition basé à Loos-en-Gohelle.

Le maire en visite de chantier Crédit Ville de Raismes
Le maire en visite de chantier Crédit Ville de Raismes

En théorie

«Le concept consiste à scanner le bâtiment en 3D et à préfabriquer à l’extérieur les panneaux isolants composés de biomatériaux à 70%» explique l’architecte du projet Carl Lefebvre, du cabinet valenciennois «Les murs ont des plumes». Cela permet de maintenir le bâtiment en activité ; en l’occurence, les élèves ont continué à avoir cours sur place. En théorie, cette préfabrication est censée réduire les coûts et la durée du chantier, «soit 8 mois contre 18 mois habituellement» confirme l’entreprise HDF Construction, située à Denain et en charge des travaux. 

Cette réhabilitation est associée à la mise en place d’énergies renouvelables, pour rendre le bâtiment autonome. 1 000 m² de panneaux photovoltaïques ont été ainsi installés (120 mégawatt, pour couvrir les 60 mégawatts des besoins de l’école et alimenter d’autres bâtiments publics de la ville) ainsi que des cuves de récupération d’eau. La technique de l’EnergieSprong est déjà mise en oeuvre sur des logements sociaux en France (plus de 1 000 livrés et 5 000 en cours). C’est une première sur un groupe scolaire, avec une réflexion poussée sur le réaménagement de la cour pour davantage d’égalités filles-garçons, autour d‘ilots de fraîcheur et plus de végétation.

Maintien des cours dans des préfabriqués, au pied de l'école
Maintien des cours dans des préfabriqués, au pied de l'école

En réalité

Covid, guerre en Ukraine, découverte d’amiante… Les imprévus n’ont pas manqué, rallongeant le chantier. Il a même fallu renforcer la portance du bâtiment. À ce retard de livraison, s’est ajouté un budget en hausse de 4 à 7 millions d’euros. Mais les partenaires financiers (5M€ apportés par la Communauté d’agglomération, l’Etat, le Département, la Région et l’Europe) aux côtés de la municipalité (2M€) n’ont pas lâché. «Et cela reste toujours moins cher que la construction d’une nouvelle école qui aurait coûté entre 7 et 10 M€, et qui aurait occupé de nouveaux espaces» explique le maire Aymeric Robin. Autre intérêt de la démarche : le budget comprend déjà 900K€ qui couvriront les frais d’entretiens à venir du bâtiment, sur les vingt prochaines années.

Cette expérimentation a été ainsi l’occasion de tester une nouvelle technique, mais aussi d’industrialiser l’utilisation de biomatériaux et de faire avancer les pratiques, notamment chez HDF Construction qui se sent prêt à déployer l’EnergieSprong sur d’autres bâtiments grâce à ses équipes formées. L’Europe a en tout cas fait de l’école Anne Godeau de Raismes, un démonstrateur européen EnergieSprong pour la rénovation de bâtiment scolaire.