L’ESS en Hauts-de-France

L’économie sociale et solidaire régionale fait face à la crise

En Hauts-de-France, l’économie sociale et solidaire représente 11,2% des emplois. Si, grâce à un modèle dit "vertueux", il résiste pour l’instant globalement mieux à la crise que d’autres secteurs, les effets de celle-ci pourraient apparaître sur le long terme.

En Hauts-de-France, 209 049 salariés travaillent dans le secteur de l’ESS. (@ Pixabay)
En Hauts-de-France, 209 049 salariés travaillent dans le secteur de l’ESS. (@ Pixabay)

Avec 15 758 établissements et 209 049 salariés, l’économie sociale et solidaire (ESS) représente 11,2% de l’emploi dans les Hauts-de-France. « Peu de gens ont conscience que l’ESS représente trois fois le secteur de l’automobile et deux fois celui de l’artisanat », souligne Hager Khezami, directrice de la Cress Hauts-de-France. En 2019, la bonne dynamique s’est poursuivie avec la création de 1 250 emplois avant d’être rattrapée par la crise sanitaire.

Une crise en décalée

« En 2020, nous avons perdu 3 670 emplois, majoritairement dans le secteur associatif qui représente 80% de la masse salariale de l’ESS. On a l’habitude de dire que l’économie sociale et solidaire a survécu à deux crises : celle de 2008 et celle de la fin des emplois aidés. À chaque fois, les répercussions se font sentir en décalé. L’impact de la crise sanitaire sera donc vraiment mesurable en 2021/2022 », détaille-t-elle.

Un écart qui s’explique par le modèle économique même des structures de l’ESS : agiles, dotées d’une gouvernance très présente, adeptes d’une gestion financière prudente et donc peu endettées, elles présentent une réelle capacité d’adaptation. « Nous sommes capables de revoir très vite un objet social, de réorienter une activité… Nous avons aussi appris à vivre avec des besoins limités », ajoute la directrice de la Cress Hauts-de-France.

«L’impact de la crise sanitaire sera donc vraiment mesurable en 2021/2022 »

Une gestion contrôlée qui entraîne peu d’échanges avec les établissements bancaires, ce qui a pu créer quelques difficultés lors de l’apparition de la crise sanitaire. À cela, est venu s’ajouter un manque d’identification de la part des acteurs nationaux ou régionaux, les structures de l’ESS traitant majoritairement avec des EPCI. « Nous avons réussi, malgré tout, à intégrer le Comité de suivi à la relance piloté par le préfet et le président de Région », se félicite Hager Khezami, qui craint une baisse des financements publics à partir de 2021.

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Les actifs en quête de sens sont attirés par ces emplois locaux, non-délocalisables et d’utilité sociale. (@Pixibay)

Un secteur d’avenir

Et pourtant, l’ESS semble séduire de plus en plus puisque, comme le rappelle la directrice de la Cress Hauts-de-France, « une étude a montré en 2015 que 60% des jeunes souhaitaient travailler dans l’ESS ».

Au niveau de la Région, la chambre régionale, qui se voit comme la « maison commune » des filières de l’économie sociale et solidaire, est sollicitée quotidiennement par des actifs en quête de sens qui sont attirés par ces emplois locaux, non-délocalisables et d’utilité sociale. « Dans les quartiers prioritaires de la ville par exemple, nous avons l’un des meilleurs taux de France en termes de qualité d’emploi. 74% sont des postes en CDI, 61% sont occupés par des femmes, et pour 61% d’entre eux, il s’agit de temps plein », note-t-elle.

Pour répondre à la montée en puissance croissante du secteur, une dizaine de modules de formations ont été créés à Sciences Po pour former les dirigeants de demain. « Il s’agit de la première pierre de l’école de l’ESS que l’on aimerait voir naître », confie Hager Khezami.