L’Unesco sacre le Bassin minier

Voilà dix ans que l’idée de faire entrer le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au patrimoine mondial de l’Unesco a germé. Le 30 juin, à Saint-Pétersbourg, c’était la consécration pour l’association qui a porté ce projet. Le Bassin minier est désormais classé dans la catégorie “Paysage culturel évolutif”. Retour sur cette candidature.

La reconnaissance de l’Unesco est un hommage aux mineurs.
La reconnaissance de l’Unesco est un hommage aux mineurs.

 

Les chevalements en toile de fond, véritables beffrois du bassin minier.

Les chevalements en toile de fond, véritables beffrois du bassin minier.

Notre territoire de 120 hectares, long de 120 kilomètres, qui compte 160 communes et plus d’un million d’habitants, a été façonné par trois siècles d’activité”, indiquait Jean- François Caron, président de l’association Bassin minier uni, quelques semaines avant de s’envoler pour Saint-Pétersbourg où se tenait la 36e session du comité du patrimoine mondial.
La distinction que vient d’obtenir le Bassin minier est le fruit d’un long travail commencé en 2002. “A l’époque, nous nous sommes rendu compte que l’Unesco était de plus en plus à la recherche de projets différents, originaux”, se souvient le maire de Loosen- Gohelle. Dès janvier 2003, un comité de soutien, avec Pierre Mauroy comme parrain, était créé, et un gros chantier de référencement et d’identification, lancé. “Certains trouvaient l’idée loufoque. Nous-mêmes, nous ne savions pas où nous allions et nous ne nous étions pas imaginé que monter un dossier de ce type était très exigeant.”
Mais le constat est là : “Il y a un patrimoine, il est de qualité.” Beaucoup de terrils, de bâtiments, une richesse humaine et une activité qui a conduit à des avancées scientifiques, notamment dans le domaine de la pneumologie. “Initialement, nous pensions boucler le dossier en trois ans, il nous en aura fallu dix, mais nous étions certains que notre dossier avait un degré d’universalité et qu’il était assez exceptionnel pour être labellisé Patrimoine mondial”, poursuit Jean-François Caron.

Des engagements. Pour entrer dans le cercle très fermé des sites classés au Patrimoine mondial, il est nécessaire de respecter plusieurs critères. Outre le caractère universel et exceptionnel, il est nécessaire d’offrir des garanties quant à la préservation de ce patrimoine si particulier.
C’est ainsi que l’association, épaulée par la Région et les 160 communes concernées par la demande de classement, a fait entrer 69 structures à l’Inventaire national des Monuments historiques. “Proposer l’ensemble du Bassin minier était impossible, nous avons donc fait une sélection des zones les plus riches et les plus remarquables du territoire”, précise le président de l’association, qui a également signé une charte avec plusieurs bailleurs sociaux : “Il était primordial de s’assurer que les zones sélectionnées resteraient en état, au risque de perdre la labellisation.” S’il a fallu autant de temps avant de présenter la candidature du Bassin minier, c’est tout simplement parce que la France souhaitait l’excellence : “Notre pays a contribué à écrire les règles du jeu, pas question de ne pas présenter un dossier irréprochable.” Des spécialistes sont d’ailleurs venus sur le terrain étudier le secteur et prodiguer de précieux conseils.
Si le dossier Bassin minier était prêt depuis 2008, il fallait encore obtenir les derniers éléments nécessaires à sa présentation devant le comité du patrimoine mondial. Ainsi, après le passage du Comité des biens français (la plus haute instance française d’expertise), restait à attendre le passage des experts de l’Icomos, organisme international qui expertise les dossiers. Début 2012, le dossier était déposé, le rapport de l’Icomos laissant entendre que tout était prêt.
Ne voulant pas se montrer trop confiant, le président de l’association restait néanmoins très prudent par rapport à la présentation du dossier.

Les paysages remarquables façonnés par trois siècles d’extraction du  charbon.

Les paysages remarquables façonnés par trois siècles d’extraction du charbon.

La reconnaissance de l’Unesco est un hommage aux mineurs.

La reconnaissance de l’Unesco est un hommage aux mineurs.

A l’unanimité. La session patrimoine de l’Unesco se tenait à Saint-Pétersbourg du 24 juin au 6 juillet. Après l’examen des dossiers qui risquaient de perdre le label, la session pour les nouvelles inscriptions avait lieu. Le 30 juin, l’ambassadeur de France défendait le dossier devant le comité. C’est finalement à l’unanimité que les 21 membres du comité ont voté l’inscription du Bassin minier au Patrimoine mondial dans la catégorie “Paysage culturel évolutif ”. Cette partie du territoire du Nord Pas-de-Calais devient ainsi le 38e site français à obtenir cette labellisation. Une reconnaissance de la valeur universelle de ce paysage à la fois culturel, industriel et social et un hommage aux hommes qui se sont battus pour le développement de ce territoire.
Un deuxième travail va maintenant pouvoir commencer, celui de la valorisation culturelle et touristique. “Comme le Louvre, il s’agit d’un outil qu’il est nécessaire de faire fructifier et qui participera à la dynamique du territoire.” Signalétique, promotion du territoire et de sa spécificité, le Bassin minier a de nouveaux atouts pour regarder le futur la tête haute… et évoluer.