L’ombre d’une fermeture plane sur le site

Le groupe allemand Europipe, spécialisé dans l’usinage du tubage pour l’énergie, connaît depuis 2011 de grosses difficultés financières. Le carnet de commandes s’amenuise, conséquence directe de l’embargo touchant l’Iran, marché important pour le site dunkerquois d'Europipe. Et c’est sans compter sur la concurrence exacerbée de pays tels que la Russie, le Japon, l’Inde ou la Chine.

« Le site dunkerquois Europipe pourrait fermer si la situation n'est pas redressée ».
« Le site dunkerquois Europipe pourrait fermer si la situation n'est pas redressée ».
CAPresse 2014

Le site dunkerquois Europipe pourrait fermer si la situation n'est pas redressée.

L’usine maritime d’Europipe a ses avantages : un prix de la matière première − la tôle − très bas. Mais les actionnaires fournissent également les pays concurrents  cités ci-dessus au même prix. Depuis 2011, les 162 salariés du site dunkerquois ont connu un an de chômage cumulé. Pour éviter ces longues périodes, certains ont même été détachés chez Arcelor et GTS. Un remaniement du service commercial est désormais à l’étude pour optimiser la rentabilité et la rapidité des réponses. Mais les salariés d’Europipe ne sont pas les seuls à souffrir des difficultés du groupe. Dans la région, 34 entreprises sous-traitantes travaillent avec la société. Jusqu’à 1 200 emplois seraient menacés en cas de fermeture de l’usine dunkerquoise… Et c’est tout le groupe Europipe qui va mal. Le site allemand de Mülheim est lui aussi inquiété : les actionnaires ont annoncé jusqu’à 25 départs s’il n’y avait pas d’amélioration, même si les commandes sont assurées jusqu’en mars 2015.

Dans l’attente d’une décision des actionnaires. «En avril dernier, le conseil de surveillance tenait des propos ressemblant à l’annonce d’une fermeture prochaine du site dunkerquois», indique Dominique Sillani, délégué CFDT. Un sentiment partagé par l’ensemble de l’intersyndicale réunie autour de FO, la CFTC et la CFDT. Pour les représentants syndicaux, «depuis, c’est le silence radio». Un droit d’alerte a donc été déclenché en avril dernier. Mais les syndicalistes ont la sensation que tout est fait pour freiner ce droit d’alerte. La gérance allemande (les sociétés Dillinger Hüttenwerke et Salzgitter Mannesmann) s’est rendue à Dunkerque le 26 juin dernier. Puis les actionnaires sont venus à leur tour, le 30 juillet. Sans effectuer d’annonces franches et précises. C’est l’heure des tables rondes et des rencontres, rythmées par des débrayages et des distributions de tracts depuis fin juin. Reste désormais à attendre le mois de septembre pour espérer une réponse quant à l’avenir d’Europipe sur le bassin dunkerquois. Le groupe devrait présenter sa nouvelle stratégie à la rentrée. L’intersyndicale, de son côté, a pris les devants en interpellant entre autres Arnaud Montebourg, ministre du Travail et du Redressement productif, ainsi que les élus locaux : Damien Carême, Christian Hutin et David Bailleul, respectivement maires de Grande Synthe, Saint-Pol-sur-Mer et Coudekerque-Branche et vice-présidents de la communauté urbaine de Dunkerque.