L’offensive d’Air France face au low-cost
Dès le printemps 2012, Air France ouvrira ses premières “bases de province” à Toulouse, Nice et Bordeaux. Celle de Marseille a d’ores et déjà été lancée. Leurs objectifs ? Des avions mieux rentabilisés, des vols plus nombreux et moins chers destinés à contrer les compagnies low-cost.
Il y eut le TGV, puis les compagnies à bas coût et enfin la crise qui ont sans conteste “mis la pression à Air France”, comme le reconnaît Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d’Air France-KLM. Il s’était déplacé à Marseille le 11 juillet dernier, en compagnie de son équipe dirigeante pour lancer une nouvelle offensive. “Il fallait trouver un nouvel élan pour maintenir et augmenter notre visibilité sur le marché”, poursuit-il. Ce nouveau pari que se lance la compagnie franco-néerlandaise passe par une organisation modifiée. Aujourd’hui, les avions sont basés à Paris. Par conséquent, un pilote qui habite Marseille doit passer par la capitale pour prendre son service. Une perte de temps qui oblige les pilotes à voler moins et qui centre les vols autour de Paris. Désormais, tous les avions partiront et finiront leurs vols à Marseille. “Nous pouvons baisser nos coûts en faisant tourner les avions avec le moins d’attente possible. Nous allons donc limiter le temps d’escale à 30 min (contre 40 aujourd’hui, ndlr). Les avions voleront 11 heures 40, contre 8 heures 15 actuellement et les pilotes voleront 715 heures par an contre 550 à 600 heures aujourd’hui”, explique Pierre-Henri Gourgeon. Cette stratégie repose sur une diminution des coûts opérationnels de l’ordre de 15%. Dans chacune des quatre bases de province, Air France utilisera un type d’appareil unique (Airbus A320) afin d’optimiser la consommation de carburant et rationaliser les coûts d’entretien et de maintenance. Mais pas question de toucher au service Air France : journaux, restauration gratuite, place attribuée, Miles, etc. Autrement dit, pas de service low-cost à bord ! La compagnie proposera entre 30 et 50% de sièges en plus, permettant ainsi de transporter plus de 4,5 millions de passagers supplémentaires. La compagnie espère réaliser un chiffre d’affaires supplémentaire de l’ordre de 400 à 500 millions d’euros par an.
Et à Lesquin ? A Lille, ce sont les filiales du groupe Air France, Regional et Brit Air qui assurent les liaisons en France et en Europe. Avec la création des quatre bases de province, Air France reprend ces vols, les Embraer de Regional seront remplacés par des A318 et A319, passant ainsi de 76 places à 142 places. Non sans retombées toutefois pour les salariés de Regional actuellement basés à Lille ou à Marseille, quelque peu incertains pour leur avenir puisqu’on peut supposer que le personnel sera affecté à d’autres villes. “Ce projet de base de province n’aura aucune conséquence sur l’activité de Regional et de Brit Air, a pourtant assuré Bruno Matheu, directeur général délégué commercial du groupe. Les avions seront déplacés sur d’autres vols.” Parallèlement, Air France augmente le nombre de liaisons (13 nouvelles au départ de Marseille et 54 sur l’ensemble des quatres bases). Une base de province à Lille-Lesquin n’est pas exclue, même si rien n’a été clairement affiché par l’équipe dirigeante. A partir du 2 octobre prochain, il sera ainsi possible d’effectuer un Lille-Marseille à partir de 50 € l’aller-simple. La compagnie proposera 10% des sièges à 50 € l’aller-simple, 10% à 60 € et 10% à 70 €. Quand les bases de Toulouse, Nice et Bordeaux seront opérationnelles dès le printemps 2012, ces tarifs avantageux s’appliqueront aussi aux vols entre la capitale des Flandres et ces trois villes. Air France espère un taux de remplissage de 70% sur ces vols.